Namur : les Croqueurs d’âmes en mettent plein la vie chez Juliette, une expo pleine de personnalité(s) (vidéo)
L’artiste compulsif floreffois Thibaut Bellon expose pour la toute 1re fois, avec son double, le rappeur Ali Mowel, chez Juliette. Un événement qui fera lien pendant trois mois, dès son vernissage voulu hip-hop, ce samedi dès 16h.
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- Publié le 09-06-2023 à 15h06
- Mis à jour le 09-06-2023 à 19h04
Il y a toujours de la vie dans ce coin de la place Maurice Servais avec la rue des brasseurs, au café et en terrasse de Chez Juliette, le QG de deux sacrés oiseaux. D’ailleurs, il y a encore un peu plus d’animation que d’habitude, ce mercredi-là. Sous sa barbe et ses lunettes, Thibaut Bellon, alias le Croqueur d’âmes en chef, met la dernière main à une première exposition, bar-tistique pourrait-on dire, qui fera date.
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D’emblée, il excuse son ami Ali Mowel qui va faire dépoter son hip-hop, samedi soir, pour l’inauguration. "C’est le deuxième croqueur d’âmes, on se reproduit ! En fait, Ali est un ami de La Louvière. Nous étions dos à dos, dans un café, il y a dix ans, nous nous sommes retournés et quelque chose s’est passé, nous étions faits pour nous revoir et collaborer. Nous avons officialisé notre collaboration grâce à Namur et le pitch café organisé par le comptoir des ressources créatives."
Les deux sont des créateurs spontanés, faisant leur(s) bon(s)homme(s) de chemin: sans pose ni préparation, ils repèrent les gens, "n’importe qui, n’importe où", et, sans autorisation mais en n’ayant jamais eu de réaction négative, Thibaut croque leur visage tout en les laissant vaquer à leurs occupations.

De toutes les couleurs
Thibaut sort ses marqueurs de toutes les couleurs, un à un depuis les poches de son croqueur’jeans made in Hanarte The Tailor, selon l’inspiration du moment, et tire le portrait du passant. Dans un mélange de crobard et d’écriture automatique. Il aime les slogans et les jeux de mots. J’en prends plein la vie, L’égo et les douleurs, Rien de tel qu’un plaisir solidaire, L’ennemi pudique numéro 1, etc. "Parfois un mot vient et semble totalement étranger à la personne, et c’est justement celui-là qui fait la différence. Et dans le dessin, j’aime quand l’émotion vibre, y compris dans les imperfections."
Par-dessus son épaule, Ali rédige quelques strophes pour faire un rap inédit et volatil dédié à l’heureux élu. "Dans le cadre d’atelier, nous invitons ensuite les participants à monter sur scène et à devenir quelques minutes croqueurs d’âmes, en se libérant et en lâchant les choses qu’ils veulent. "
Le but du duo ? Faire du lien à travers l’art. Quitte à relier les destins. "Samedi, lors du concert d’Ali – il chantera pour la première fois notre hymne des Croqueurs d’âmes, une fierté –, je vais sans doute… dessiner, je ne fais que ça de toute façon, sourit le Buzétois qui est aussi psychologue à domicile ou en maison de repos et qui croit en l’art thérapeutique. Nous allons tendre des cordes au plafond et suspendre tous les portraits réalisés avec des pinces à linge."
Vitre pétée, vitrine peuplée
En attendant, le bar a été entièrement relooké. Pour trois mois, les œuvres, grandes et petites, hybrides, foule de visages anonymes, de Thibaut feront partie de ce décor brut.
Il faut dire que notre interlocuteur aime multiplier les formats. "Là, sur un drap en lin hérité de mes grands-parents, j’avais peint au début le Styx, la rivière des enfers dans la mythologie, mais je m’en suis éloigné. C’était pour le cadre du cours de peinture de Pierre Debatty à l’académie des beaux-arts de Namur. La directrice l’a vu et a dit qu’il devait être exposé à la galerie du Beffroi… mais il est tellement bien ici ! Là, pour évoquer le narcissisme brisé, une fois l’huile terminée, j’ai acheté une vitre que j’ai posée sur ma création puis que j’ai pétée. " Ça peut être classe la casse.
Clou du spectacle ? Avant même d’entrer dans l’estaminet, on s’aperçoit que l’entièreté de la vitrine a été customisée. "C’était pendant Namur en mai, il y avait du monde. Juliette m’a dit que je pouvais m’approprier les vitres… du moment que je pouvais nettoyer. Avec toutes mes couleurs, j’ai commencé à croquer toutes les personnes installées dans le bar à ce moment. Au fur et à mesure, certains se rendaient compte que c’était leur visage que je faisais apparaître en temps réel, trait après trait. Entre surprise et émotion. "
Alors qu’un conteneur-miroir placé sur la place Maurice Servais propose une expérience de réalité virtuelle, c’est de la" réalité vraie ", immersive et imprévue que proposent les Croqueurs d’âmes.
Vernissage ce samedi 10/06 dès 16h. Concert à 19h. Chez Juliette (Pl. Maurice Servais 16)