Floreffe : Hamo refait l’histoire du Congo précolonial, son Corentin n’est pas Tintin (5 BD à gagner)
Après Tintin, Spirou, c’est un nouveau héros BD, Corentin Tréguier, qui embarque pour le Congo. Une aventure très différente des autres, sous le crayon du Floreffois Hamo. Nous avons 5 albums à vous faire gagner.
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Publié le 21-02-2023 à 07h00 - Mis à jour le 22-02-2023 à 15h36
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Au commencement était la voix, mais les images ne sont jamais loin. Il y a cinq ans, sur les ondes de France Culture, naissait Corentin Tréguier, personnage (pas si) éphémère imaginé par l’auteur-metteur en scène (et voyageur à ses heures) Emmanuel Suarez, dans un podcast en 10 épisodes contant une aventure dans le Congo de la précolonisation.
Un professeur y a disparu, et pourrait même s’être métamorphosé en singe. La France décide d’y envoyer ce jeune capitaine inexpérimenté (en témoigne son… mal de mer), candide et dupe. Il est le parfait visage pour une expédition qui poursuit des objectifs bien moins avouables en ces terres africaines encore inconnues mais convoitées. Mais les voyages forgent la jeunesse et les rencontres ne sont pas en reste. Bref, tout un programme rendu vivant uniquement grâce au doublage des comédiens (dont Christelle Cornil, originaire de notre région) et à une jungle d’effets sonores. Un succès: 1,4 million de paires d’oreilles conquises.

En ce début 2023, cette uchronie est adaptée en roman graphique par le Floreffois Hamo. Une manière de rajeunir le public, hors radio, et de lancer un peu plus les célèbres Éditions Nathan dans le monde de la BD jeune (8-12 ans) et finalement tout public.
Au festival d’Angoulême, la Mecque du 9 Art, fin janvier, Hamo (alias Pierre-Yves Berhin) a dédicacé pas moins de 130 albums sur le stand de son éditeur, devant une grande fresque aux couleurs dépaysantes de son nouveau héros. Ça en jette ! "C’est la première fois qu’une de mes créations est autant mise en valeur", sourit l’auteur qui pensait être un homme de séries à suivre – la dernière, très ambitieuse, Lord Jeffrey, fut malheureusement avortée –, pas d’histoire complète en un seul opus, même plus épais qu’ordinaire. Et ça lui va bien. "Depuis que ce nouvel album est sorti, plein d’éditeurs me contactent et me voient comme le représentant de la BD d’aventure grand public. On me dit: ‘t’as trouvé ton truc’. "
Pourtant, ce projet ne coulait pas tout à fait de source. "Quand j’ai été approché par Karine Leclerc, l’éditrice de Nathan, c’était pour autre chose. J’ai refusé poliment tout en donnant des indices sur ce qui me plaisait: l’aventure, l’humour… Un bon éditeur sait faire les connexions et Karine m’a alors dit: ‘toi qui es Belge, écoute ça, c’est sur le Congo, ça va t’amuser.’ J’étais dubitatif, je n’avais pas envie de dessiner Léopold II et des mains coupées."
Le casque sur la tête, Hamo s’est tout de suite pris au jeu. "Dès les premières minutes du podcast, j’ai adoré, je voyais les pages. " L’écriture de Suarez, "chirurgicale ", c’était du sur-mesure pour le style semi-réaliste d’Hamo qui en livre une adaptation très fidèle. "Je n’ai pas pris d’autre angle ni ajouté de nouveaux personnages. Les dialogues sont quasiment inchangés. Tout en gardant le sens du récit, mon dessin devait être clair et juste, ne pas vouloir dire autre chose. "
Et si le héros est un loser envoyé au casse-pipe, le casting est riche et truculent et pourrait bien changer la face du monde. "Tous les personnages de premier plan sont pris dans des doubles jeux, revêtant des apparences inverses à ce qu’ils sont. Corentin mais aussi Camille qui n’a d’autre choix que de se faire passer pour un mec et Christian, cet Africain qui se prend pour un blanc et s’habille dans ce qu’il croit être la classe européenne mais ressemble plus à un déguisement mal assorti."

Surtout, la fable que Suarez s’amuse à rendre plausible prend le contre-pied de l’idée qu’on se fait de l’Afrique (notamment véhiculée par Tintin), rétrograde, sauvage. "L’histoire se passe dans les années 1870, la colonisation n’a pas encore eu lieu, mais la course entre la France et la Belgique a commencé avec toute une série d’industriels, politiciens qui sont tournés en ridicule. Parce que ce sont de vrais salopards qui s’en fichaient de tout: la faune, la flore, le patrimoine, les peuples et leur culture. Ils ne paient pas de mine, se donnent des airs bonhommes et cette mission au Congo les fait se marrer… Ce décalage les rend encore plus violent."

Corentin Tréguier au Congo, Suarez/Hamo, Nathan, 124p., 22€