Floreffe: 2000 spectateurs en promenade pour les 900 ans de l’abbaye
Deux mille visiteurs ont gagné l’abbaye de Floreffe, ce week-end, pour assister au spectacle promenade évoquant les 900 ans du site. Un nombre qui répond aux attentes de l’organisation.
- Publié le 08-05-2022 à 18h05
- Mis à jour le 08-05-2022 à 18h08
L’abbaye de Floreffe a revécu durant tout ce week-end son passé, souvent prestigieux, parfois moins glorieux, dramatique aussi, mais toujours très riche. A une année près à cause du Covid, la superbe abbaye fondée par saint Norbert en 1121 a accueilli quelque deux mille visiteurs qui ont assisté à un "spectacle promenade familial". Près de nonante comédiens amateurs en costume d’époque ont ainsi joué dans neuf scènes jalonnant l’histoire du site, tout en mettant en valeur ses composantes architecturales les plus remarquables.
Bien que balayant neuf siècles, la promenade, reposant sur des textes de Philippe Bailly, ne s’impose pas de façon chronologique. D’une durée d’un quart d’heure, interprétée toutes les heures, chaque scène peut être vécue au gré de son envie ou de son timing. Et pour alléger autant que possible le contenu purement historique, des effets scéniques, du mouvement, des incursions musicales voire des traits d’humour s’insèrent judicieusement. Le spectacle se doit de rester familial.
Pour les puristes de la chronologie, le voyage dans le temps débute à la salle Saint-Joseph, écrin défini pour présenter les origines de l’abbaye et, avant cela, de saint Norbert, à qui le comte et la comtesse de Namur ont accordé l’église et les terres de Floreffe pour y créer l’abbaye le 24 novembre 1121. Émotion à son comble ensuite, dans l’ancienne bibliothèque aujourd’hui occupée par l’internat des filles, où la comtesse Ermesinde rend son dernier souffle, entourée des sœurs norbertines. Le père abbé, qui assiste la mourante, vient heureusement susciter le sourire avec un dispositif élévateur… Aussi un symbole de l’accompagnement vers les cieux de la généreuse donatrice.
Descente en rappel
Dans la salle du chapitre, c’est un épisode sombre de l’histoire de l’abbaye qui est évoqué, avec de superbes costumes médiévaux et une musique d’époque jouée en direct. On assiste à la décision d’excommunier un père très dispendieux, amateur de bonne chère, Wéric II, qui manifestera son avidité pour l’or jusque dans sa cellule en tentant d’arracher à travers les barreaux la bague de son supérieur général…
Si, autour de la vasque et sur le perron, on peut revivre l’étonnant épisode du rachat de l’abbaye, passée aux mains des révolutionnaires français, par trois chanoines prémontrés déguisés, une autre scène marque les esprits par son côté macabre… Les spectateurs peuvent vérifier le contenu du cercueil de l’abbé Jean Roberti, perdu et retrouvé par hasard au début du XVIIe siècle à la faveur de travaux entrepris dans l’abbatiale. L’occasion de contempler le très long et très haut vaisseau de l’église remaniée, et plus encore ses superbes stalles baroques.
Neuf scènes, donc, dont la dernière rassemble la totalité des comédiens au-dessus du mur du ballodrome, et le public au bas. C’était le lieu choisi par le metteur en scène, Bruno Mathelart, pour une "scène générique" proposant un bref résumé de chaque scène. Visuellement, elle est surtout remarquable par la descente, en rappel, de plusieurs comédiens en costume. Mais c’est aussi le moment choisi pour philosopher un peu et rêver la suite de l’histoire de Floreffe, où prédomineraient la nature, la spiritualité, l’art et l’humanité.