PHOTOS | Trois semaines après, Christian n’a pas fini de pomper hors de sa cave l’étang, bouché, de Floriffoux
Après les inondations, la noue de Floriffoux est toujours un bon mètre au-dessus de son niveau. Il y a un bouchon, mais l’enquête patauge. Le voisin, lui, vide en continu sa cave.
Publié le 09-08-2021 à 07h00
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«Si la pompe vide-cave s'arrête une heure, il y a tout de suite 10 cm dans la cave. Imaginez si on part un week-end et que l'appareil tombe en panne.» Trois semaines après les inondations, au n° 1 de la rue Charles de Dorlodot, voisine de l'étang de pêche (une double noue qui offre habituellement un paysage tout en quiétude), Christian Jonet a toujours les pieds dans l'eau dans sa vaste cave.

Un tas impressionnant d’objets hors d’usage a été enlevé par le service travaux de la Commune, mais le liquide semble bien se plaire à l’intérieur. Dans la cour, un tuyau rejette inlassablement des hectolitres à même la rue, sans succès.


À ce train, il faudra des années à notre homme pour «pomper l'étang ». Dans sa volonté de conquête, l'étendue a également submergé les 40 ares du pré qui la séparait de la Sambre. Comme si elle voulait la rejoindre, par le haut puisque par le bas, les canalisations souterraines semblent constipées.
Vendredi, une poignée de pompiers de la zone Val de Sambre revenait sur place pour tenter de résoudre le problème. Une nouvelle fois. Mercredi après-midi, ils avaient déjà tenu compagnie à Christian, aspirant l’eau durant quelques heures mais impuissants en fin de compte.

« Depuis lundi, nous sommes au courant de la situation et nous pataugeons, explique Freddy Tillieux, échevin floreffois des travaux. Nous investiguons pour trouver pourquoi ça ne se vide pas. Il y a sans doute un bouchon. »
Le mandataire communal passe d’un côté à l’autre de la N958. Celle-ci semble avoir vu passer les voitures depuis toujours, il n’en est rien: il y a quelques décennies, la Sambre s’écoulait un peu plus à gauche de son cours actuel, équipé même d’une écluse.

Les vases non communicants
Quand la trajectoire de la rivière a été modifiée et adoucie, elle a toutefois laissé en vestiges ce qu'on appelle l'ancien bras de Sambre. Soit l'étang de pêche passant derrière la salle des fêtes et l'école de Floriffoux et allant jusqu'à l'arrière de la ferme de la tour; mais aussi l'étang (une autre noue) en face du château de la famille de Dorlodot, à laquelle il est loué par le Service Public de Wallonie. «L'ensablement y est préoccupant», constate Freddy Tillieux.

Normalement, les deux noues communiquent et devraient être à même hauteur, le surplus s’évacuant par la Sambre. Les niveaux seront vérifiés par lasers, mais il est probable que le bouchon se situe dans cette jonction.
Pas de plan
La dizaine de chambres de visite alentour a été contrôlée, mais la visibilité est réduite. «Il y a une perte de mémoire, les gens qui connaissaient la configuration dans la commune ne sont plus là, partis à la retraite avec leur savoir. Et impossible de retrouver les plans des canalisations, la régie des routes ne les a pas.»

Pourtant, entre la station de l'Inasep, la Wateringue et l'égouttage, «il y en a partout! Pour récupérer la pluie de tout Floriffoux, et les gravats emportés par les intempéries avec. On ne se pose pas de question quand tout va bien, mais ça fait des années que plus aucun entretien n'a été fait. Des fossés d'irrigation ont disparu. Il va nous falloir des années pour curer tous les ruisseaux.»
Dans les prochaines heures, l’échevin va multiplier les contacts, avec le SPW Mobilité et Infrastructures notamment. Une société spécialisée en aspiration et nettoyage a également été mandatée.


Et si notre hôte et sa femme s'estiment chanceux de n'avoir eu que des dégâts matériels, ils ont eu une peur bleue en attendant l'arrivée des pompiers. «L'eau était froide, nous avions peur de tomber, de ne pas nous relever. J'ai coupé le courant, l'eau flirtant avec le tableau de bord du circulateur. À un moment, la cuve à mazout, contenant environ 400 l, s'est soulevée, je l'ai coincée comme je pouvais avec des bois. Heureusement pour les tuyaux et canalisations qui passent au-dessus, ça a tenu.»

Plus cocasse, dans l’herbe, le sinistré a ramassé une écrevisse américaine, une espèce invasive bien présente dans l’étang.
