L.E.J. sonne l’heure du hip-hop-cordes
Il y a quelques années, «avant d’être connues», Lucie, Élise et Juliette jouaient à Esperanzah! Leur retour était attendu.
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- Publié le 05-08-2019 à 06h00
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Sur le coup de 23 h, samedi, les trois filles de L.E.J. ont dynamité la nuit avec un set faisant le saut entre musique classique et hip-hop à cordes (un violoncelle et des percussions, original). Avec une certaine idée de la musique du monde qui pousse à voir plus loin que son nombril.
Bonjour à toutes les trois. Sur le festival, peut-être avez-vous vu les affiches appelant à plus de diversité hommes-femmes dans la programmation des festivals. Vous en êtes une partie de la réponse, non?
En France, nous sommes la tournée avec le plus haut taux de féminité. Juste parce que nous sommes trois femmes sur scène. Il y a encore du boulot, donc. Plus que le milieu de la musique, le monde est encore misogyne. Il y a des bonnes intentions. Nous avons joué au Printemps de Bourges dans une soirée exclusivement féminine. C’était faux. Si les femmes avaient le lead, beaucoup de leurs musiciens étaient des hommes. Sans parler des techniciens.
Que signifie Esperanzah! pour vous?
C’est l’un de nos premiers festivals, avant que nous ne soyons connues. Nous devions jouer sur une petite scène avant d’être rapatriées en dernière minute sur une autre, un peu plus grande. Nous avions joué devant une centaine de personnes, un peu plus peut-être. Le public ne nous connaissait pas mais il y avait de l’ambiance.
Puis, c’est la Belgique qu’on adore. Le pays de nos plus beaux concerts. Ici, les gens connaissent nos chansons, la salle bouge tout en écoutant et en donnant beaucoup d’amour. À la fin de chaque morceau, nous devons attendre trois minutes avant de reprendre tellement c’est fort. Nous avons d’ailleurs dealé avec notre tourneur. Plus question de faire l’Ancienne Belgique en milieu de tournée. Sinon, sur les concerts suivants, c’est déprimant de ne pas retrouver cette même ambiance. Du coup, l’Ancienne Belgique sera notre dernière date sur cette tournée.
Votre chanson la plus «esperanzienne», c’est La Marée, sur les migrants.
Nous sommes nées en banlieue parisienne, c’est hyper-riche culturellement. Comment certains peuvent-ils voir la migration comme un problème? On est tous le migrant de quelqu’un. C’est bizarre que des gens soient contre le fait de sauver des vies. Ces gens qui quittent leur pays veulent juste vivre correctement.
Qui dit World, dit aussi Miss Monde. Une autre de vos chansons.
Nous sommes nées grâce à Internet. Des médias et les gens se sont emparés de notre image en en faisant parfois quelque chose qui ne nous ressemblait pas. Dans notre société, on consomme tout et très vite: la beauté, les régimes même les groupes de musique sont des produits. Ce n’est pas sain, on doit choisir entre trop de choses. Il faut revenir à l’essentiel.
Au fond, vous formez avec LEJ et le violoncelle de Juliette, un OVNI, non?
Notez qu’on commence de plus en plus à voir des cordes dans les concerts, y compris hip-hop. Mais, quand nous avons commencé, nous n’imaginions pas pouvoir tenir deux heures de concert. Cela dit, avec un synthé, une guitare et un pédalier dont on peut sortir tous les sons possibles, ça va. Puis c’est rock, le classique. Beaucoup de metalleux en font.