Esperanzah!: cinq nuances d’un festival qui démange
Durant trois jours, le site de l’abbaye de Floreffe a accueilli 36 500 festivaliers. Et donné lieu à des coups de cœur tous azimuts. En voilà cinq.
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- Publié le 05-08-2019 à 08h00
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Festival multifacettes, il serait impossible de résumer Esperanzah! à son seul volet musical (sans tête d’affiche mais avec plus de 20 nationalités représentées). La preuve.
À peine entrés
Vendredi, 15h, le festival s’ouvre et le flux de festivaliers l’envahit. Avec les tatouages comme seconde peau ou habillé en mascotte (panda, licorne ou croco), hippies ou bien pirates. Certains se tombent dans les bras. Sans doute ne se sont-ils plus vus depuis l’année passée. Moins fifres que tambours, en bord de Sambre et pas loin de la Meuse, le festival accueille sa faune pas pressée. Relax, il n’y a pas le feu. Pas de précipitation pour prendre d’assaut les grandes scènes, il n’y a pas de grande tête d’affiche ici, et chacun trouvera son compte dans ce Disneyland qui n’aurait pas mal tourné, et où les rêves de monde meilleur n’auraient pas été travestis par le consumérisme. Et qui pose des actes pour changer tout ça. Déjà les ramasseurs de (premiers) déchets s’activent. D’ici ou d’ailleurs, arriver là, c’est déjà un coup de cœur.
Thylacine, fou de rythme
Après une première journée bien remplie de bons moments (Delgrès, Glauque), Thylacine a servi l'apothéose. Le DJ français est un voyageur qui a puisé dans ses trips (une caravane en Argentine, notamment) des sonorités idéales pour finir la soirée. Un moment de grâce et de couleurs, un peu plus dépaysant grâce à des projections de petits films. Destin animé.
La déflagration Georgio
À elle seule, la programmation du samedi pourrait être un coup de cœur. Du divin Michaël Kiwanuka aux spectaculaires L.E.J. sans parler de la ferveur pour les Ogres de Barback. Mais, puisqu'il faut choisir, le rappeur Georgio a été au-dessus du lot, bien aidé par une vraie batterie plutôt qu'un beatmaker. Prenant une autre dimension, le jeune homme a livré un set de feu et sportif que surplombait une voix monstrueuse.
Muthoni Drummer Queen telle une tornade
Le temps d'une heure de show, Esperanzah! a eu des allures de Las Vegas sous les coups de semonces millimétrés de Muthoni Drummer Queen. Dimanche, annoncée comme la « Beyonce… africaine », la Kenyane a offert une prestation de star, canon à confettis et chorégraphies engagées et engageantes à l'appui. Avec son rap quasi-US et un look pouvant sembler kitsch, Muthoni a de l'énergie à revendre. Et ça tombe bien, ses combats ne manquent pas. Une tornade qui a mis les festivaliers dans sa poche.
Des (vieilles) pierres qui (s’éc)roulent
Finissons sur un coup de cœur… gros. Esperanzah !, c'est un autre monde, une réalité parallèle. À tel point que les lieux sont métamorphosés par des dizaines de petites mains pour devenir une bulle de confort et de surprise. Dominée par des constructions en bois incroyables, animée de portraits et de messages engagés sur tous les murs, filtrant la lumière dans des vitraux plein d'éclat ou attirant l'attention par des artistes de rue bluffants (A-Phone qui se sert de la musique de nos smartphones pour mixer le tout dans un set imparable), durant un week-end, l'abbaye revit. Et cache ses failles et ses ruines : un site de plus en plus réduit, une église qui menace de s'écrouler, un porche menant vers les bois fermés depuis des lunes, des étançons supportant des fenêtres et on en passe.
2020 sera une année charnière pour le festival floreffois… qui pourrait ne plus l'être. Par manque d'entretien et de travaux, l'endroit (qui est aussi une école secondaire et primaire) pourrait ne plus être en mesure d'accueillir le festival. Malgré tout ce que celui-ci lui donne.