Comme Grand Corps, plus jamais peur des dimanches soirs
Là où Lavilliers entre sur scène comme sur un ring de boxe, c’est en boitant que Grand Corps Malade a entamé la dernière ligne droite d’Esperanzah!
Publié le 06-08-2018 à 06h00
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Rien de neuf sous le soleil rayonnant et de ce slammeur qui a de la sympathie à revendre. Et du talent.
Samedi dans le fin fond de la Bretagne, à une dizaine d'heures de Floreffe; lundi sur le tournage de son nouveau film; le slammeur a fait escale à Floreffe pour une heure de concert. « Il a fallu faire des choix radicaux.» Et au vu de l'attention et de la motivation du public présent, ils étaient vachement bons les choix de ce basketteur devenu artiste de la rime, du slam et désormais du chant. Par Plan B, le titre de son dernier album. Entre quelques blagues et anecdotes personnelles, l'artiste n'a pas résisté à l'envie de scinder le public en deux pour un canon d'enfer. Les uns chantant: «Tout seul, je vais vite. » Les autres: «Ensemble, on va loin. » Et tous de se réunir sous la houlette du chef d'orchestre du jour: « L'esprit d'équipe comme un besoin. »
Avec son écriture cinématographique, du sourire à la larme, de la légèreté et la dureté de notre époque, le slammeur-chanteur nous a aussi embarqués dans son train-train, arrêté au feu rouge, face à Yana, la réfugiée syrienne qui fait la manche en France. « Des réfugiés, j'en croise plein. Il m'importait de rentrer dans les détails, de mettre un visage là où on parle souvent de chiffre: on en a accueilli tant de millier, on doit en expulser autant. Alors, voilà Yana, 20 ans, qui a risqué plein de fois sa vie pour arriver là, à dormir dans la rue.»
Dans ce concert monté en puissance et rythmé par une sacrée bande de musiciens (pas de boîte à rythme, ici, du vrai, du live), Grand Corps Malade a parfaitement abordé son dimanche soir, une nouvelle de ses chansons phares. Il n’en a plus peur. Et nous donc. La sortie de scène fut triomphale pour cet homme mature et les deux pieds bien dans son temps.