Du logement à la ferme de Jobion

Le châtelain de Soye, Gérard Bauch e, bien que miné par un long et absurde conflit de voisinage, restaure à grands frais la ferme de Jodion.

Pierre Wiame
Du logement à la ferme de Jobion
13463164 ©© EDA

À Soye, Gérard Bauche, agriculteur, a une fameuse brique dans le ventre. «Le problème, à 78 ans, c'est que je sens la ligne d'arrivée, et j'ai encore des projets pour 25 ans» annonce-t-il, un rien abattu par l'importance du patrimoine qu'il a encore à restaurer et à gérer. Ayant réussi dans les affaires, ce boulimique en immobilier a embrassé quantité de biens, dont deux fermes carrées monumentales du XVIIe siècle, et s'est attelé vaillamment à leur restauration. «Parce qu'il me plairait bien dit-il sans prétention, de laisser de mon passage ici bas des bâtiments en ordre, remis en valeur». Une de ces 2 fermes, jouxtant le romantique château qu'il occupe, avec son parc et son étang, - la bien nommée «Ferme du Château» -, lui empoisonne la vie depuis 19 ans à cause d'un conflit de voisinage qui s'est embourbé en Justice depuis tout ce temps. Pour rien. Strictement rien. Une valise de paperasses, de jugements et, au bout du compte, la ruine. Il aurait également voulu restaurer ce bel ensemble classé de briques, qui lui a déjà coûté près de 400000 ¤ (frais d'avocats y compris) mais son voisin, dit-il, agriculteur comme lui, revendique une servitude de passage et empêche ainsi l'accès à tout entrepreneur par le magnifique porche, actuellement à moitié écroulé

L'affaire, qui s'est usée en justice donc, semble insoluble, remise sine die. En attendant, le cossu carré bâti prend l'eau et tombe en ruine, un spectacle navrant à tout amoureux du patrimoine. «Impensable mais vrai» répète Gérard Bauche, avec cette conviction chevillée au corps qu'il y a combine là-dessous et ce sentiment douloureux, pour l'entrepreneur qu'il est, d'être ainsi mis contre son gré dans l'impossibilité d'agir, réduit à ruminer de voir son bien subir aussi outrageusement les assauts du temps. Une partie du toit de la grange est d'ailleurs effondrée. Des dégâts majeurs. Impression d'abandon, de bêtise et de haine corse à l'oeuvre.

Bienvenue à Jodion

Cependant, ce châtelain, impuissant à Soye, redouble d'ardeur à l'investissement à Jodion, dans une ferme qu'il a rachetée en 2001 après l'incendie de la grange, survenu en 1995. Il se passionne à voir petit à petit des logements confortables émerger de ces grands murs et de ces immenses toits de caractère. «Nous sommes en train de finaliser trois appartements témoins raconte-t-il avec volubilité, qui seront exemplaires sur le plan des économies d'énergie» : triple vitrage, isolation renforcée des murs et du toit, chauffage par pompe à chaleur. Gérard Bauche ne regarde pas à 50 centimes. Cela fait des années qu'il nourrit ce projet.

Au total, il compte réaliser là-bas 15 logements, dont une majorité dans la grange en ruine, où seuls subsistent les murs et les pieds des piliers.

Gérard Bauche nous a appelés car, pour la première fois, l'entité de Floreffe participera, les 26 et 27 mars prochain, au week-end Wallonie bienvenue . Soye et son hameau de Jodion y auront une belle carte patrimoniale et touristique à jouer. «J'offrirai même un verre aux visiteurs dans la cour de la ferme» note le propriétaire du château, avec l'espoir que l'un ou l'autre de ces promeneurs admiratifs ait envie un jour de vivre à Soye, ce si joli cocon cerné de bois et champs, et d'y acquérir un logement.

Pourquoi autant d'appétit, autant de soucis, aussi peu de sérénité quand l'âge est là, à presque 80 ans? Parce que Gérard Bauche est ainsi fait : c'est un actif. Si, le week-end des 26 et 27 mars, vous passez par la ferme de Jodion, jadis ferme de la cour dépendant de l'abbaye de Floreffe, il vous expliquera joyeusement aussi que, s'il aime tant Soye, c'est parce qu'il y est né. Qu'il y a joué et grandi, dans la ferme familiale. Des liens inaliénables, indéfectibles.

Week-end bienvenue en Wallonie, à Floreffe, les 26 et 27 mars. Pour découvrir cette entité gourmande autrement. www.floreffetourisme.be

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