Sa maison bouge mais elle est obligée de revenir y habiter: "J’estime mon dommage à 250.000 €"
À Hingeon, une maison a été déclarée dangereuse et inhabitable. Mais sa propriétaire estime ne pas avoir d’autre choix que celui de revenir y habiter.
Publié le 27-02-2023 à 11h37 - Mis à jour le 27-02-2023 à 11h56
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Cette petite maison attenante aux briques rouge sombre est plutôt coquette, quelque peu retranchée par rapport à la grand-route d’Hingeon. Mais une fois la porte d’entrée franchie, la réalité est moins rose. "Désolée pour ce désordre mais on est en plein déménagement", glisse Isabelle Quevrin, comme un petit mot d’excuse. La propriétaire ne fait pas ses caisses pour autant.
Elle transfère seulement une partie de ses meubles et ses affaires à l’avant d’une habitation qui a été récemment déclarée dangereuse, instable et donc inhabitable. C’est l’avis des services de secours de la zone de NAGE. Mais comment en est-on arrivé là ?
Isabelle peut clairement dater le début de la fin. "Il y a deux ans et demi, un gros chantier de construction des immeubles à appartements a démarré, juste à côté de chez moi, situe l’Hingeonaise. Avant, c’était une station-service avec une grande dalle de béton qui venait jusqu’à ma propriété. Quand ils ont commencé les travaux, ils ont enlevé tout ce béton. Pourtant, ça stabilisait le sol et ça soutenait mon mur de pignon."
Isabelle l’assure: des fissures et des lézardes sont progressivement apparues dans ses murs. "J’ai clairement vu ma maison bouger. Un jour, alors qu’ils travaillaient avec des engins lourds, la partie arrière de mon habitation a bougé encore plus et une vitre a même explosé", soutient la Fernelmontoise. "J’ai contacté mon assurance. Des experts sont venus, des contre-experts… ça fait plus de deux ans que ça dure…" Le litige a été porté devant le tribunal civil. Les enjeux sont importants. "Je dois tout abattre et reconstruire. J’estime mon dommage à 250 000 €. Il m’en avait proposé 50 000 € au début de la procédure…" Une première décision est déjà tombée, elle n’était guère favorable à l’Hingeonaise. "Mais on attend une nouvelle décision pour la mi-mars", continue-t-elle d’espérer.
Durant ces longs mois, la situation n’a fait que de se dégrader, avec également des infiltrations d’eau. A la mi-février, une partie du plafond de la pièce centrale est tombé. Les pompiers sont intervenus, avec la décision radicale mais plutôt logique que l’on connaît désormais.
"Par l’intervention du CPAS, on a été relogés une petite semaine à l’hôtel", détaille Isabelle Quevrin. Tout va se compliquer par la suite. "On nous a proposé un logement de transit mais, quand j’ai fait le total, avec mon emprunt hypothécaire encore en cours, c’était impayable (lire la version du CPAS par ailleurs) . En plus, ils exigent que je passe par le service de médiation de dettes. Pourtant, je n’ai qu’une facture impayée de 600 € pour l’électricité. Ce n’est pas une grosse somme. Qui ne connaît pas ce genre de difficultés aujourd’hui ? Et devrais-je pour ça perdre toute mon indépendance financière ?" À cran et au bout du rouleau, Isabelle a décidé de regagner sa maison il y a quelques jours, bravant ainsi l’interdit. "Mes enfants et mon petit-fils de deux ans et demi sont à l’abri: on a trouvé des solutions pour eux, pour leur logement. Mais moi, j’ai décidé d’occuper la partie avant de la maison, celle qui n’a pas bougé. Je reviens tout simplement chez moi…" Mais pour combien de temps ?