Coups de fusil de chasse, de bouteille, etc. à Fernelmont: la vengeance n’a plus de limite
À Sart d’Avril, une famille subit des actes de représailles à répétition depuis trois ans. Dernier en date, l’incendie de leurs voitures, le 28 décembre.
Publié le 29-12-2017 à 21h45
Chantal Naviaux et Gilbert Moulin, leur fils Cédric et leur belle-fille Laura, qui habitent au numéro 59 de la rue Quambeau, à Sart d’Avril, passent une horrible fin d’année. La famille, que nous avons rencontrée hier midi, est toujours sous le choc d’une attaque de leur propriété aux bidons d’essence et aux cocktail-Molotov, dans la nuit du 28 décembre. Il s’agit du dernier fait en date d’une série d’atteintes à ses biens qui a commencé, dit-elle, il y a 3 ans.
Chantal Naviaux, employée à la commune de Fernelmont, fond en larmes. Elle n’en peut plus de ces actes de représailles à répétition qui lui ont fait perdre le sommeil et la santé. Elle est en incapacité de travail à force de vivre dans la peur. Elle n’a pas eu le cœur à garnir un sapin et à fêter Noël.
Dans la nuit du 28 décembre, la maisonnée dort d'un œil. «Quand, vers 3 heures, j'ai entendu comme un feu d'artifice. Je ne rêvais pas, ça faisait du bruit, ça pétait. Et j'ai vu des flammes aussi hautes que les fenêtres de l'étage.»
Réveillé en sursaut, le fils, Cédric, dégringole l’escalier ventre à terre. Plusieurs feux lèchent la façade de l’habitation, vraisemblablement boutés par des mains criminelles.
En attendant les pompiers, le jeune homme s’est jeté sur des seaux d’eau avec sang-froid.
Son intervention immédiate a limité les dégâts aux deux véhicules familiaux, une ancienne Golf VW break appartenant au père de famille, Gilbert Moulin, et sa propre camionnette Citroën. Le moteur de la première a fondu, dévasté par l’incendie. Dans la seconde, c’est le pare-brise qui a éclaté et le tableau de bord qui a souffert de ce terrible coup de chaud.
«On ne nous prend pas au sérieux»
La famille est sans solution de mobilité. «Nous venions encore d'investir 400€ pour remplacer la courroie de distribution et placer deux nouveaux pneus», se désole la mère de famille en épluchant un courrier de lettres officielles émanant de la police et du ministère de la Justice. Elle se souvient qu'il lui a fallu débourser une somme équivalente pour remplacer le vitrage de la fenêtre de la cuisine volée en éclats après le jet d'une grosse pierre.
L'attentat de la nuit du 28 confirme la rumeur qui s'est répandue dans les villages voisins quelque temps plus tôt: «On allait tuer les Moulin-Naviaux, leur faire la peau, puis faire péter leur maison avant Noël.» Ces menaces de comptoir, le commissaire Maigret les aurait sûrement prises au sérieux, même si elles semblent signées d'un sôulard irrécupérable ou d'un drogué ayant trop fumé. Parce qu'il arrive qu'elles soient mises à exécution, comme à Sart d'Avril, et que ça tourne mal.
Le ou les auteurs n’ont pas respecté leur horaire initial de commettre leur méfait avant Noël, mais ils ont tenu parole, ce qui ne rassure pas. Qui en veut à ces gens? Pourquoi cet acharnement? Le second fils Moulin, connu des services de police, est en prison. Mais ce harcèlement malveillant épuisant la famille à se tenir sur ses gardes n’aurait rien à voir avec les petits trafics et différents «chipotages» du cadet. Les victimes subissant cette lâche violence disent connaître de près les auteurs et les raisons de leur comportement. Ils évoquent une sombre vengeance liée à des motifs d’ordre sentimental, puis judiciaire (voir ci contre).
«On n'arrête pas de déposer plainte mais on ne nous prend pas au sérieux. Il va y avoir un tué ici si on ne fait rien» se lamente Chantal Naviaux, juste avant qu'une équipe de la police ne sonne à sa porte.
Le bourgmestre Jean-Claude Nihoul, au courant de la situation - (il n’en a pas dormi) -, en appelle à ce que la détresse morale de cette famille, qui se sent abandonnée, soit considérée à sa juste mesure. Avant qu’il ne soit trop tard.

Selon elle, sa belle-mère Chantal et son beau-frère Cédric ont reconnu cette nuit-là trois des quatre suspects.
Selon eux, il s'agirait de gens addicts à l'alcool, à la coke, plus fous que méchants mais dangereux, car l'un est armé. Dans les rangs de la police, on reconnaît que la situation «est préoccupante et qu'il y a une escalade dans les faits.»
Tout a commencé il y a 3 ans, début décembre, pour une fille. L'un a piqué la fille de l'autre, à moins que ce soit le contraire. Et tout est allé crescendo. «On a tiré, un soir, en septembre, dans le hayon arrière de ma voiture, au fusil de chasse. Comme une bombe. Mon mari en a fait une hémorragie.» Cédric énumère quelques vilaines scènes passées: des pneus crevés, un coup de bouteille sur la tête. Pire, «on a dévissé une des roues du train arrière de mon véhicule. En route, la voiture s'est affaissée. On avait perdu la roue.» Et il se trouvait une petite fille dans la voiture, qui a crié, tétanisée.
Plus tard, le même individu a dangereusement canardé la maison des victimes, pas pour tuer mais pour faire peur, intimider. «On a dû se coucher en dessous des tables» se souvient Chantal, la maman. La justice s'en est mêlée: sept mois de détention préventive pour le fou dangereux.
L'affaire est plaidée, le juge libère mais condamne à une amende. Le parquet fait appel et le condamné rumine rageusement. On en est là. Entre-temps, il aurait commandité d'autres mauvais coups. Récemment, un courrier officiel a remis le feu aux poudres. L'affaire des coups de feu sera replaidée à Liège, devant la cour d'appel cette fois, le 9 janvier prochain. «Il doit avoir reçu la même lettre, cela l'a mis en rage. Pour lui, nous sommes responsables de son malheur judiciaire.»
La famille Moulin-Naviaux espère quand même pouvoir s’embrasser dimanche à minuit et se souhaiter une bonne année lors du passage à l’an neuf. Une bonne année et une bonne santé? Aujourd’hui, ils ne sont pas encore rassurés.