Cancers à Fernelmont: le comité d’experts scientifiques se limitera à trois rues
Les cinq experts désignés par le ministre Prévot pourront bientôt se mettre au travail. Les résultats sont très attendus par les riverains.
Publié le 23-03-2017 à 07h54
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Deux médecins épidémiologistes, un médecin spécialisé en prévention du cancer et deux toxicologues, voici le panel d'experts désigné pour faire évoluer l'affaire liée aux pesticides et aux cancers qui secoue Fernelmont depuis un an. Philippe Autier, Jean-Benoît Burrion, Alain Levêque, Dominique Lison et Geneviève Van Maele se pencheront sur les rues de la commune qui ont fait l'objet d'un signalement, à savoir les rues de Wodon, de Forville et de Belle Vue. Cette étude scientifique ne s'attardera que sur la problématique des cancers.
Étape par étape
«Dans un premier temps, ils vont déterminer s'il y a objectivement un taux élevé de cancers», explique Nicolas Yernaux, le responsable presse pour le Service Public de Wallonie. La première étape s'attardera donc sur la nature, le moment de la venue du cancer et les caractéristiques de celui-ci pour chaque patient concerné par l'étude scientifique. «Ensuite, s'il y a un signal, un excès de cancer, les experts enquêteront sur la nature et l'origine qui expliquent ce taux élevé», complète Nicolas Yernaux.
Cette étude scientifique importante ne pourra commencer que lorsque le comité recevra l’aval d’un comité d’éthique et de la Commission de Protection de la Vie Privée (CPVP).
Un travail qui se veut discret
«Nous insistons sur la nécessité de travailler dans le calme et la sérénité. Il s'agit d'un travail scientifique important où des gens ont sérieusement été touchés», explique Nicolas Yerneaux. D'ailleurs, les experts n'ont souhaité designer aucun porte-parole. Les cinq experts ne communiqueront que deux fois au cours de leur étude. Pour ce qui est des résultats, il faudra être patient également puisqu'aucune date n'est fixée. «Nous ne voulons pas nous enfermer dans un agenda», ajoute-t-il. Dans les meilleurs délais, une communication sera adressée à la population afin d'expliquer les aboutissements de cette étude.
«Et les autres pathologies?»
Marie-Thérèse Rousselle, maintenant guérie du cancer, mène aujourd'hui un autre combat. Elle dénonce cette affaire qui est prise un peu à la légère. «C'est évidemment insuffisant de ne s'attaquer qu'à trois rues.» Avant de préciser: «C'est absolument insuffisant également de ne s'intéresser qu'aux cancers. Cela les arrange bien, ça leur permet de ne pas faire du porte-à-porte pour connaître les autres pathologies.» Estimant avoir tiré la sonnette d'alarme trop tard, «après avoir vu de nombreux amis décéder à cause des pesticides», cette Fernelemontoise entend ne pas baisser les bras et aller plus loin.
Écolo déplore un manque de transparence
Ce n’est pas la première fois que la députée régionale Écolo Hélène Ryckmans interpelle le ministre Prévot dans l’affaire des pesticides. Elle s’indigne notamment du manque de communication avec les communes voisines. « Lors de ma première motion mi-octobre, j’ai demandé que toutes les communes avoisinantes soient informées des nouvelles études. Tous les partis politiques ont voté cette première motion et que fait le ministre ??Il écrit à une seule commune et il écrit aux gouverneurs. Il tourne autour du pot », explique-t-elle, agacée.
Selon elle, l’affaire des pesticides ne se réduit pas à la commune de Fernelmont. « Nous voulons attirer l’attention sur le modèle agricole de la Hesbaye. Il s’agit d’un certain type de culture, dont celle de la pomme de terre, des cultures intensives,etc.. » Hélène Ryckmans déplore également un manque de transparence. « On demande que la consultation ait lieu avec l’ensemble de la population. Il n’y a pas de reconnaissance de l’expertise des gens qui ont vécu le problème et de ceux qui l’ont signalé. Il y a un manque de transparence. De quoi le ministre a peur ? Il dit qu’il veut rassurer mais en mettant un couvercle et en ne communiquant pas avec la population, il suscite davantage des craintes. »
Les faits
En mars dernier, une habitante de Fernelmont interpelle la Commune sur base d'un constat: il y a (beaucoup) trop de cas de cancer dans son village. Neuf cas auraient été recensés dans une même rue bordée de champs. Pour cette riveraine, le lien entre l'épandage des pesticides et le cancer est clair. Une investigation a alors été menée par l'AViQ (l'Agence wallonne pour une Vie de Qualité) mais aucun excès statistiquement significatif de cancers sur l'entité de Fernelmont n'était décelé. Des résultats qui n'auront pas permis de faire taire les craintes des habitants. Le ministre Prévot met alors sur pied un Comité d'experts indépendants.