« Là-bas, ils ont le confort moral »
Publié le 26-07-2011 à 01h51
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Mathieu, la décision d’accepter de partir ainsi, seul un peu à l’aventure, n’a-t-elle pas été difficile à prendre pour un jeune de 18 ans ?
Mon hésitation n’a pas été trop grande car Philippe s’est montré persuasif. J’ai vraiment stressé trois jours avant le départ. Arrivé à l’aéroport, les dés étaient jetés et une fois dans l’avion, je n’ai pas eu de regret. À l’atterrissage, l’équipe d’UPEA Bénin m’attendait avec un accueil plus que chaleureux. Les Béninois sont tellement gentils et leur mode de vie est si simple que je me suis très vite adapté au pays, ils sont calmes, ne se tracassent pour rien et se contentent de peu. De plus, ma vie en Belgique ne me convenait plus, je me cherchais: partir un peu ne pouvait qu’être constructif. Durant les études, j’ai eu la chance d’avoir une prof de français géniale qui m’a enseigné que dans la vie, il ne faut pas hésiter à prendre de nouveaux départs, j’ai pensé à elle dans mon choix.
Le milieu dans lequel tu as été plongé en arrivant était pourtant peu réjouissant.
J’avais déjà fréquenté les sans-abri à Namur. À travers la pauvreté, j’avais découvert des gens très riches intérieurement. Au Bénin, j’ai été confronté au Sida, aux ravages de cette maladie. J’ai vu la misère mais je partais dans un but humanitaire et je le savais. Il y avait tellement de spontanéité tant chez les aidants que chez les aidés que j’ai pris plaisir à me rendre utile. J’ai compris la chance que nous avons dans nos pays de bénéficier d’une mutuelle, d’un suivi médical, de pharmacies, d’électricité permanente, et de tout un encadrement que nous trouvons normal et que nous n’apprécions plus.
Revenu en Belgique, la vie te semble différente ?
À Fernelmont, je me sens bien, mais je suis allé à Namur et j’ai trouvé les gens trop speedés, toujours à courir. Les Béninois sont lents à cause de la chaleur, mais cette lenteur est apaisante, ils prennent le temps de parler. Ici, nous avons le confort matériel, là-bas, ils ont le confort moral. C’est une grande différence.
Comment vois-tu ton avenir ? Te vois-tu vivre au Bénin ?
Je me vois bien m’installer au Bénin, mais en gardant un point de chute en Belgique car j’aime mon pays et ses habitants. Je suis revenu l’esprit plus serein, j’ai appris à scinder mes priorités, à être plus attentif aux autres, plus ouvert, j’ai acquis de la confiance en moi. Je suis certain aujourd’hui de faire carrière dans l’humanitaire en Belgique ou ailleurs. Dans un premier temps, je vais parfaire mes connaissances en informatique et apprendre l’anglais. Je vais bien sûr continuer à fréquenter Philippe, Joëlle et leur famille et prêter mains fortes à l’ASBL. Mon expérience au Bénin m’a montré que chacun peut être utile pour aider les autres: un simple geste peut secourir un être humain, un don de 25€ par mois suffit pour parrainer un enfant malheureux béninois et lui assurer un espoir de vie. Je voudrais sensibiliser les gens à la situation du Bénin, mais je sais que les mots ne pourront jamais égaler le visu sur place…¦ M.F.H.