Raymond, radioamateur à Eghezée : le bout du monde derrière son micro (Vidéo)
Raymond Haquenne est radioamateur depuis 1976. Depuis sa maison, à Aische, il établit des contacts avec des inconnus aux quatre coins du monde. Une passion qui renvoie aux bases de la communication.
Publié le 19-03-2023 à 18h23 - Mis à jour le 19-03-2023 à 18h27
"CQ Contest, Oscar Tango." Bien assis derrière son micro, Raymond Haquenne envoie des termes codés et incompréhensibles sur une fréquence radio. "Mais ce n’est pas celle que tout le monde à l’habitude d’écouter en voiture, sourit l’Aischois, membre du radio club de Durnal. Le principe du radioamateur reste toutefois le même: nous tournons également un bouton, appelé VFO, pour trouver une fréquence. Ce qui change, c’est que nous ne cherchons pas une station radio mais un contact."
Cette personne peut être n’importe qui et se trouver n’importe où dans le monde. Dès que Raymond entend une voix, il s’arrête et discute. "Mais pas pour parler de tante Simone ou du spaghetti bolo de la veille, plaisante Bruno Massart, ami de Raymond et passionné de radioamateur. Après s’être échangé nos identifications personnelles, nous ouvrons la conversation. C’est avant tout un échange sur des éléments techniques comme le type d’appareil utilisé, l’antenne, la puissance… Même si ça peut sembler compliqué à imaginer, j’ai noué pas mal d’amitiés en 40 ans de passion avec des Français mais aussi des gens à l’autre bout du monde ! Notre hobby est pratiqué par des millions de personnes."
"Comme un cycliste"
C’est sûr, être radioamateur, à l’heure d’Internet, c’est une passion d’un autre temps. Il faut être mordu au premier contact avec les machines, la technique. Pour Raymond et Bruno, rien n’est plus beau que de tomber sur un inconnu en sélectionnant une fréquence au hasard et d’entamer la conversation. "Pour moi, c’est viscéral, commente Raymond. Une partie de ma maison est dédiée à ma passion. J’ai créé mon “shake”, ou, en d’autres termes, mon studio. Je possède beaucoup de machines. Pourquoi autant de matériel alors que je ne peux pas les utiliser en même temps ? Je me compare à un cycliste qui possède cinq vélos alors qu’il n’en utilise qu’un à la fois. Et vu que je suis passionné depuis 1976, j’ai pas mal accumulé au fil du temps."
Il a également investi son jardin avec deux antennes. "Je pense que je suis le seul à posséder une telle installation en Belgique. Lorsqu’on se réunit entre passionnés, c’est souvent chez moi vu que je suis ultra-équipé (rires). J’ai même aménagé deux caravanes. Une pour la maison, l’autre pour pouvoir émettre depuis n’importe quel endroit. C’est un plaisir "
Plus que l’amour qu’il porte pour cette radio, il y a un intérêt public à conserver cette pratique. "En effet, si tous les moyens de télécommunication actuels ne sont plus disponibles, les postes de secours, la police et les hôpitaux utiliseront nos fréquences. Du jour au lendemain, tout le matériel et mes antennes pourraient être réquisitionnés par l’État. C’est ce qui pourrait se passer en temps de guerre par exemple. Récemment, à cause du tremblement de terre en Syrie et Turquie, il nous était interdit d’émettre sur certaines fréquences car elles étaient réservées aux secours des deux pays. Notre radio, c’est la base de nos modes de communication actuels."
Malheureusement, ce hobby est de moins en moins pratiqué par la nouvelle génération accrochée à son smartphone. "Certains pourraient me dire: mais pourquoi tu ne contactes pas tes amis par téléphone plutôt que par radio ? Je leur réponds que ce que j’aime, c’est d’utiliser ma voix et les différents codes au micro. C’est tout simplement la magie de la radio !"