A Liernu, corneilles et choucas font des dégâts dans les cultures
Les agriculteurs hesbignons dénoncent une surpopulation de corvidés. Avec des attaques de plus en plus dévastatrices dans leurs cultures.
Publié le 09-06-2022 à 18h24 - Mis à jour le 10-06-2022 à 20h11
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Au pied de la Tour de Londres, les corbeaux sont chouchoutés.La légende veut que le jour où ils s’envoleront, « la Couronne tombera et la Grande-Bretagne avec elle ».En Hesbaye namuroise, les agriculteurs ne vouent pas un même culte aux corvidés.Et pour cause.
Depuis l’an dernier, corneilles, freux et choucas semblent de plus en plus nombreux dans la région.Et particulièrement voraces si l’on en croit les dégâts occasionnés aux cultures et dénoncés par les fermiers du coin.
"La situation a encore empiré cette année", assure Jules Thirion, agriculteur à Liernu (Eghezée). "Sur six hectares de maïs semés, un hectare a été complètement ravagé par les corneilles."
Au printemps 2021 déjà, des voix s’élevaient pour dénoncer une apparente et nuisible prolifération des corvidés. "Avec la période de sécheresse que l’on a connue, ils ont eu un peu moins de nourriture et se sont donc rués sur nos champspour manger les semences mais aussi les jeunes pousses.Ils les déterrent, les retournent et mangent les petits germes", dénonce Jean-Luc Dewez, un fermier hesbignon. "Les pies sont aussi à mettre dans le même sac.Elles sont elles aussi de plus en plus nombreuses et elles occasionnent aussi beaucoup de dégâts."
«Ils attaquent les Eternit»
Jules Thirion a décidé de semer à nouveau sur l’hectare dévasté. "C’était il y a une petite quinzaine de jours.Ils (les corvidés) sont revenus et ont à nouveau tout mangé", se désespère l’agriculteur. "C’est une perte multiple.Il y a les semences et les engrais utilisés lors des deux semis.Et puis, il y a cette zone qui ne produira finalement rien." Le cultivateur cite le chiffre de 500 € à l’hectare, rien que pour les semences et les engrais.Somme que l’on peut doubler et à laquelle on peut aussi ajouter le manque à gagner d’une production avortée.
"Ils attaquent également mes silos de maïs", déplore encore Jules Thirion. "Ils ont même commencé à becqueter les Eternit de mon toit.Peut-être y a-t-il une substance dont ils raffolent", ironise le Liernusien.
"La situation exaspère beaucoup de fermiers de la région", constate Jean-Luc Dewez. "Et si on ne fait rien, on sait déjà que l’année prochaine sera encore pire."
Beaucoup de cultivateurs seraient même prêts à lancer une collecte et payer ainsi des passeports à tous ces corvidés pour les envoyer…à Londres, au pied de la célèbre tour.
« Que la ministre vienne voir! »
Des corvidés trop nombreux et trop voraces, à travers les cultures. Le constat avait déjà été opéré dans ce même journal, au printemps 2021. «Mais soyons honnêtes : il n’y a pas trente-six solutions», estime Jules Thirion. «Il faut permettre aux chasseurs de jouer leur rôle.»
Les corneilles ou les choucas sont des espèces protégées. Il faut donc obtenir une dérogation pour pouvoir les tuer, uniquement pour «prévenir un dommage important aux cultures». C’est le DNF (Département de la Nature et des Forêts) qui peut délivrer ces autorisations exceptionnelles.
Et la demande ne vaut plus pour un groupe entier de chasseurs mais bien pour un seul tireur.
À nos confrères du journal agricole Plein Champ, un membre d’un conseil cynégétique de la région a également assuré qu’il fallait désormais six mois pour recevoir une réponse à une demande introduite au DNF. De quoi en décourager plus d’un.
«Il faut que la ministre (Tellier) vienne voir sur le terrain, qu’elle se rende compte des dégâts, insistent les agriculteurs hesbignons. Et si ça ne bouge pas, on peut aussi imaginer d’autres voies, comme une action en justice pour obtenir une réparation de nos dommages.»