Le carnaval du dragon a le souffle coupé, il fera l'impasse sur 2021
Pour la 20e édition du carnaval du dragon, à Émines, il faudra attendre février 2022. Les chevaliers mettent un genou au sol.
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- Publié le 09-12-2020 à 17h00
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Leur cuirasse est épaisse, tout comme l'acier de leur heaume. Mais les chevaliers d'Émines sont bien obligés d'encaisser un solide coup, au moral surtout: le dragon Fashoom ne crachera pas le feu, le premier dimanche de février 2021. «C'est évidemment la seule décision qui s'impose, tranche Jean-François Marlière, l'un des 55 chevaliers éminois. Mais cela reste douloureux. Cela aurait dû être notre 20e anniversaire. On prépare depuis presque deux ans un programme plus étoffé, avec notamment un cortège nocturne.» Et même un dragon Fashoom totalement relifté pour l'occasion. «On pourra dire qu'il a eu pitié des Éminois. En cette période compliquée, il a renoncé à s'emparer de leur eau et de leurs vivres. C'est la trêve.» Mais il laisse au passage les chevaliers et leurs sujets orphelins du plus beau week-end de l'année. «On réfléchit à une initiative symbolique, en fonction des mesures sanitaires du moment», continue l'un des neuf fondateurs de ce groupe folklorique. «C'est important de maintenir le lien, aussi entre nous. On craint que cette longue période d'isolement ne laisse des traces, aussi au niveau de l'implication. On pourrait être tenté par un repli sur soi, à une ambiance plus cocooning…»
Fin connaisseur de la fibre associative, Jean-François Marlière sait aussi que la pandémie laissera des traces dans les rapports sociaux. «Même dans un an ou deux, certains garderont peut-être toujours une réticence de prendre part à un gros rassemblement, à se retrouver avec des centaines de personnes dans une salle…» L'impact financier continuera lui aussi à se faire ressentir. «Pour organiser notre carnaval, avec le spectacle, le feu d'artifice…, c'est de 15 000 à 20 000€», situe l'Éminois. «On finance cela grâce à nos organisations de l'année. Tout cela a été supprimé. Et puis, comment obtenir du sponsoring auprès de commerçants déjà fort touchés par la crise?»
Mais le discours des chevaliers ne se veut pas totalement sombre. «Oui, on risque bien de voir quelques personnes quitter l'associatif. Mais je garde aussi en mémoire les belles images des éditions précédentes. La première année, nous étions neuf chevaliers. Quand on faisait l'arrêt au champagne, le dimanche au petit matin, chez Fabienne et Sylvain, on était reçu dans les fauteuils du salon. Puis, il a fallu pousser les meubles. Le groupe a encore grandi et une partie était accueillie dans la véranda. Il faut désormais monter un petit chapiteau pour abriter tout le monde…»
Le dragon Fashoom garde du souffle. Les chevaliers mettront un genou au sol en 2021 mais leur courage et leur amour de la fête n’en seront que plus grands quand la bête sera terrassée. Ce véritable ennemi nommé coronavirus.