Les neuf éoliennes retournent à l’enquête
Après la 4e annulation du permis unique de construire 9 éoliennes à Boneffe, Eneco Wind Belgium relance une enquête publique. Une vraie saga.
Publié le 13-03-2018 à 06h00
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La partie de ping-pong continue entre Eneco Wind Belgium, la société promotrice du projet de parc éolien à Boneffe, et les opposants à ce dernier, Plaine de vie et Natagora.
Il y a peu, fin janvier, le Conseil d’État cassait, sur un 4e recours des défenseurs de la virginité de la plaine de Boneffe (Eghezée), la décision du ministre cdH de l’Aménagement du territoire d’octroyer le permis à Eneco pour lever neuf éoliennes dans cette plaine particulièrement venteuse de Boneffe (Éghezée).
Le Conseil d’État motivait son annulation du permis par le fait que l’étude d’incidence réalisée en 2008-2009 et les compléments réalisés depuis n’ont pas encore permis d’exclure un impact du parc sur l’avifaune de la plaine.
La mauvaise nouvelle n’a pas déprimé qu’Eneco puisque ce projet éolien est exceptionnellement soutenu par un grand nombre de citoyens enthousiastes. Ils sont en effet plus de 1500 à vouloir ce parc, d’abord parce que le projet est mené en partenariat avec 3 coopératives citoyennes – (HesbEnergie, Nosse Moulin et Champs d’Energie)-, ensuite parce que ces citoyens disent vouloir apporter leur contribution urgente à l’amélioration de l’état écologique de la planète et à l’essor des énergies renouvelables afin de lutter contre le réchauffement climatique.
Clôture d’enquête le 5 avril
Un 4e recours suivi d’une 4e annulation: où en est-on dans ce bras de fer «fleuve»?
Dans un communiqué diffusé lundi, l’administrateur-délégué de HesbEnergie, Bernard Deboyser, s’est dit frappé par la discordance observée entre les déclarations et engagements pris à l’échelon européen, national et régional pour limiter entre 1.5 à 2°c la sudation de la planète d’ici 2100, et la difficulté à traduire ces engagements en actes concrets.
En raison de l’impact catastrophique qu’aurait un réchauffement plus important, non seulement sur l’avifaune de Boneffe mais sur toute la biodiversité à l’échelle planétaire, HesbEnergie et les autres coopératives associées n’abandonnent pas l’objectif de construire le parc éolien de Boneffe.
Eneco persévère donc, «non pas par pur acharnement de principe», en déposant une nouvelle demande de permis qui, promet-elle, rencontrera les objections émises par le Conseil d'État.
Qui dit nouvelle demande dit nouvelle enquête publique, qui a débuté le 6 mars et se clôturera après les «cloches», le 5 avril.
Les oiseaux? Un argument court
Si Eneco persévère, le comité citoyen Plaine de Vie se remobilise également et, galvanisé par le succès de ses recours juridiques, remartèle ses arguments: accepter le parc reviendrait dit-il à laisser détruire un des derniers biotopes uniques (une grande plaine agricole) par des promoteurs avides et cupides surfant sur le mécanisme des certificats verts et d’une opinion publique manipulée par des slogans simplistes. Classique.
Les coopératives tiennent un autre discours plus modéré: «L'intérêt biologique (de ce biotope unique donc) est appauvri en raison de l'agriculture intensive qui y est pratiquée». Il est quasi nul.
Autre argument abattu: le très faible impact des éoliennes sur la mortalité des oiseaux serait scientifiquement prouvé.
Enfin, sur cette plaine à fort potentiel venteux, Eneco, suivie par la foule des citoyens coopérateurs, estime que la production d’électricité «verte» et la réduction des émissions de CO2 associées, devraient primer et s’imposer à la raison. Annuler un permis pour protéger les oiseaux? L’argument est qualifié d’«étriqué» face à la problématique beaucoup plus globale et plus inquiétante du réchauffement climatique. Et celle-ci, regrette l’administrateur-délégué de HesbEnergie, n’est évoquée à aucun moment.