Vidéo | Chantier de la maison Monin à l’arrêt: après les inondations, la tuile de plus pour Bouvignes (Dinant)
L’extension de la Maison du patrimoine médiéval mosan est attendue depuis 10 ans. Et ça traîne encore… l’entreprise générale désignée est en procédure de redressement judiciaire.
- Publié le 20-01-2022 à 18h59
Depuis six mois, les échafaudages montés contre la maison Monin (du nom de ses anciens propriétaires) sont vides de leurs ouvriers. Au sommet du bâtiment, seule la sous-toiture est posée. À l'intérieur, tout est à nu. "On en est au stade du gros œuvre…", précise Claire-Marie Vandermensbrugghe, directrice de la Maison du patrimoine médiéval mosan, quelque peu dépitée.
Actuellement, la carcasse de la maison est aux quatre vents. "Il n'y a plus de châssis, plus de portes. Le bâtiment est tout ouvert. Son état général pourrait se dégrader…", s'inquiète la responsable du musée qui doit bénéficier des installations lorsque les travaux (prévus en deux parties: rénovation du bâti existant et construction d'une annexe dans le petit jardin à l'arrière) seront terminés. "Cela ne nous empêche pas de travailler mais cela retarde nos projets, notre programmation et le déménagement…".
La raison du stand-by du chantier (estimé à 1,2 million€, financé en partie par la Ville, la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’Europe): l’entreprise générale désignée (Effibat) fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire. Résultat, les sous-traitants qui n’étaient pas payés ont pris la poudre d’escampette, laissant le chantier en l’état. Le toit du bâtiment, notamment, est toujours sans ardoise.
La Ville de Dinant est maître d'ouvrage dans ce dossier suivi à la base par l'échevin du Patrimoine, Laurent Belot, qui a récemment démissionné de ses fonctions. Depuis les congés du bâtiment, qui coïncident avec les inondations, tout semble stagner. "Ce chantier qui n'avance pas, c'est un chancre de plus en plein cœur de Bouvignes, qui reste le parent pauvre". Pour la directrice, au niveau politique, ça ne suit pas son cours de façon assez "énergique".
«On joue de malchance!»

Cet arrêt de chantier s'ajoute à la saga de l'extension de la Maison du patrimoine médiéval mosan qui dure depuis plus de dix ans. Le projet initial remonte à 2012, la Ville ayant racheté la maison Monin en 2009. "Il a fallu le temps ensuite de trouver le financement, auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles, puis auprès de l'Europe. Aujourd'hui, les subsides sont là, mais il y a un problème avec l'entreprise générale."
La fin des travaux était prévue pour 2022… l'échéance semble compromise. Une lueur d'espoir pointe néanmoins à l'horizon. "Ça va peut-être reprendre, confie Claire-Marie Vandermensbrugghe. On est toujours dans l'incertitude, mais ce serait en train de bouger". Ce sont en tout cas les dernières nouvelles reçues le matin de notre appel. "Un des sous-traitants va peut-être pouvoir agir directement, sans passer par l'entreprise générale. Cela demande une procédure administrative particulière qui ajoute des longueurs dans le chantier."
La directrice ne souhaite plus se faire d'illusion. "Chaque fois, on a de l'espoir et puis chaque fois on se dit qu'on est naïfs…" Elle insiste toutefois: "Il faut que les travaux se poursuivent. Car l'argent est là. Si nous devons faire face à une augmentation des coûts dans les mois à venir, on aura peut-être d'autres difficultés. Tout le monde a intérêt à ce que ça avance."

Selon le premier échevin Robert Closset, qui a consulté le dossier à la suite de notre appel, "les travaux n'avançaient pas. La Ville de Dinant a dressé un PV de mise en demeure pour non-respect du cahier des charges voilà six mois. L'entrepreneur est allé au tribunal et a demandé une PRJ (Procédure de redressement judiciaire) pour éviter provisoirement la faillite. La société a obtenu 6 mois de dérogation. Elle doit maintenant prouver qu'elle met en place un plan de relance." Robert Closset précise: "Il y a un problème avec la production de la charpente qui était réalisée en sous-traitance. Vu qu'ils n'étaient pas payés, ils sont partis. La directrice financière a autorisé le contremaître de la Ville à établir un bon de commande pour réaliser la charpente métallique qui sera posée en février. Sans cette charpente, le bâtiment risque de bouger." Il y a urgence donc, d'autant que des maisons voisines sont directement impactées par l'arrêt du chantier. "De l'humidité a été constatée. Nous avons dû intervenir avec les ouvriers." Si la société ne se redresse pas rapidement, ce sera "la catastrophe", lâche l'échevin "car on sera obligé de repartir à zéro et de recommencer tout le cahier des charges. Avec la difficulté que certains travaux sont entamés." La situation pourrait aussi avoir un impact sur les subsides octroyés.
Dans ce dossier, la Ville a déjà injecté près de 500 000€ (250 000€ de rachat pour la maison, paiement de l'auteur de projet, etc.) "Cette situation est désolante pour Bouvignes et pour la place du Bailliage. D'autant qu'il y a l'école à côté. Il faut avancer, aussi pour une question de sécurité."