Il a tout arraché avec son tracteur et tout désherbé chez son voisin: «Pas ses vaches dans mes potirons»
L’agriculteur ne veut rien entendre de l’achat par un couple flamand d’une parcelle que sa famille exploitait depuis plusieurs générations.
Publié le 24-06-2021 à 18h36
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Entre cet agriculteur de Beauraing et ce couple de fermier venu de Flandre, l'amour n'est manifestement pas dans le pré. Le premier considère en effet qu'il bénéficiait d'un bail à ferme sur une parcelle que sa famille exploitait depuis de longues années. Parcelle sur laquelle il avait planté des potirons. Et lorsqu'il a vu que le couple y avait installé une clôture en juillet 2016, il a vu rouge, s'est rendu sur les lieux avec son tracteur et a sectionné les fils barbelés. «Je ne voulais pas qu'ils mettent leurs vaches dans mes potirons. De même, j'ai arraché avec le tracteur des paillasses en béton qu'ils avaient installés et les ai transportées plus loin».
Or, ses nouveaux voisins se trouvaient bien être les nouveaux propriétaires des lieux. Acte de propriété que l'agriculteur conteste, estimant que son droit de préemption à la vente du terrain n'avait pas été respecté. Au point d'aller déverser sur ladite parcelle un litre de Roundup, ce puissant désherbant chimique aujourd'hui interdit à la vente. «Cela m'arrivait lorsqu'il m'en restait pour nettoyer un terrain rempli de mauvaises herbes, comme c'était le cas ici».
Pour les nouveaux propriétaires, il faut surtout y voir un acte de malveillance, à l'instar du harcèlement encouru. «C'est faux. J'ai 67 ans et je n'ai jamais eu de problème avec quiconque» répond l'agriculteur peu enclin à se laisser faire. «Vous avez quand même déjà été condamné pour faux et outrages, mais aussi à onze reprises pour des faits de roulage» rectifie le président Hauquier, qui rappelle au prévenu qu'il lui appartenait de saisir la justice de paix pour éventuellement contester le titre de propriété. «On n'est pas au Far West ici. On ne se fait pas justice soi-même.» fustige le juge.
Le couple réclame 16 899€ à titre de dommages. «À cause notamment du Roundup, mes clients n'ont pu y faire pâturer leurs vaches ni entrevoir d'y récolter les foins.», explique l'avocate de la partie civile.
Pour le parquet de Namur, l’attitude vindicative du prévenu ne traduit pas de prise de conscience dans son chef. Et de requérir 8 mois de prison pour le vol des paillasses, harcèlement et déversement de produits de pulvérisation, sans s’opposer à un sursis.
Du côté de la défense, Me Gremo sollicite le dépassement du délai raisonnable eu égard aux cinq ans écoulés depuis les faits. «Il faut que j'aille faire reconnaître mon bail» conclut l'agriculteur, qui ne semble toujours pas vouloir lâcher le morceau. Jugement le 9 septembre.