Dinant: les 9 décès «Covid-19» d’une entreprise de pompes funèbres
Quel âge avaient les personnes décédées du Covid-19, combien sont-elles? Statistiques et ressenti humain dans une société de pompes funèbres dinantaise.
Publié le 01-07-2020 à 18h00
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Yves Baonville dirige (avec son fils) la société de pompes funèbres Willems-Leroy, à Dinant. Il accepte de nous parler des personnes décédées du Covid qu’il a prises en charge. Il n’y a pas de tabou. L’occasion d’imaginer quelle fut l’ampleur de l’épidémie (du moins de sa première vague, en espérant qu’il n’y en aura pas d’autre) dans un coin de notre province, sachant que l’arrondissement de Dinant est loin d’avoir été le plus touché.
En temps normaux, chez Willems-Leroy, on prend en charge entre 25 et 35 décès par mois. On ne peut pas écrire que ceux dus au coronavirus ont fait exploser les statistiques spécifiques à cette entreprise. Neuf au total, depuis la mi-mars.
50 masques et 2 flacons de gel reçus en mai
Certains étant sûrs à 100%, d’autres relevant de suspicions. Pour rappel, il est interdit d’ouvrir les certificats de décès mentionnant leur cause, secret médical oblige.
Au moindre doute, toutes les précautions ont été prises, allant jusqu’au port d’une salopette, de surgants, de protections pour chaussures etc.
Remarque au passage d'Yves Baonville: il avait constitué son propre stock, dès le début de l'épidémie. Et encore bien: «Au mois de mai, pas avant, on a reçu du centre provincial de crise 50 masques et deux flacons de gel hydroalcoolique. Je l'ai dit à la personne qui nous a apporté ce matériel: si on avait dû vous attendre, on serait six pieds sous terre!»
Yves Baonville incitait par ailleurs son personnel à utiliser la douche et du désinfectant à l'issue de chaque intervention. Sans oublier un débriefing autour d'un café, pour l'aspect psychologique: «Dans des périodes comme celles-ci, il est utile de dire ce qu'on a sur la patate, il faut se parler. On le faisait déjà précédemment, par exemple, pour des accidents avec la mort de jeunes personnes.»
Dernier décès le 10 mai
Ces dernières semaines, la charge émotionnelle a été gérée, et ce n'était pas évident. Tant certaines situations étaient lourdes. Comme celle de ce couple, dont chaque membre a succombé au Covid-19 en quelques jours. Des personnes âgées de la région dinantaise. «Le Monsieur a été hospitalisé pour autre chose, mais il était déjà contaminé. Il est décédé à l'hôpital. Son épouse est décédée quelques jours plus tard, à la maison.» Les statistiques de l'entreprise confirment les tendances générales. Ici, toutes les personnes qui ont succombé à l'épidémie étaient âgées de plus de 65 ans.
La dernière victime Covid prise en charge par les pompes funèbres Willems-Leroy, c’était le 10 mai. Il s’agit d’un Monsieur de 92 ans, décédé à son domicile.
Précisions: sur les 9 décès pris en charge par les équipes d’Yves Baonville, deux provenaient l’un d’un home de Namur, l’autre de l’hôpital de Malmedy. Des personnes originaires de Dinant et qui y ont été inhumées.
Pour terminer plus positivement, à tout malheur quelque chose est bon, la période de confinement aura aussi permis de tester des hommages originaux. Comme cette bénédiction dans un jardin, visible par Skype en direct par la fille du défunt, depuis les États-Unis où elle réside.
Des funérailles intimes et conviviales ont mis un peu de baume au cœur de certaines familles, et du personnel d’entreprises de pompes funèbres qui ont dû innover.