Plus de barrages à aiguille s sur la Meuse à l’horizon 2020
La Meuse côté français va changer de visage. Ses barrages à aiguilles du XIXe siècle vont disparaître au profit de barrages… gonflables à l’eau.
Publié le 28-05-2016 à 06h00
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Rouges, jaunes, vertes… Depuis le XIXe siècle, les têtes des aiguilles des barrages colorent la vallée de la Meuse française, tous les 5 à 6 km.
Ce ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Dans les 5 ans à venir, de Givet (Ardennes) à Belleville (Meuse), Voie navigable de France (VNF) finance la reconstruction des 23 barrages manuels de la vallée de la Meuse (et six autres du canal de l’Aisne) selon un procédé beaucoup plus moderne et adapté à l’air du temps: des barrages gonflables à l’eau.
Une technologie développée notamment en Allemagne, «réactive, fiable et sans danger» contrairement à celle des barrages à aiguilles, selon le directeur de l’infrastructure, de l’eau et de l’environnement de VNF, Didier Sachy.
En cas de crue, «au lieu d'un jour et demi de travail, quelques minutes suffiront à changer» la configuration du barrage (qui aura quand même besoin de 6 heures pour s'abaisser complètement).
Ces bouchures sont de longs ballons de baudruche en caoutchouc et polymères d'environ 30 mètres de long qui se remplissent d'eau, jusqu'à 80 000 l, selon les besoins de la navigation «en temps réel», explique Stéphane Brondino, le directeur de Bameo, maître d'ouvrage du projet. Cette société, créée à Lumes en 2013, a signé par ailleurs un contrat d'exploitation et d'entretien de ces barrages pour une durée de 30 ans. «Notre société a un carnet de commandes rempli jusqu'en 2043, c'est assez inhabituel». C'est aussi la première fois qu'un partenariat public privé (PPP) est contracté pour un projet fluvial en France.
Ce PPP permet «d'accélérer le processus de modernisation dans des conditions financières intéressantes» grâce notamment à la «standardisation» des barrages, remarque Didier Sachy. Les travaux sont assurés par Corebam, un groupement d'entreprises de Vinci et la maintenance suivie par Semao, spécialisée dans l'hydraulique, filiale à 60% de Shema-EDF et à 40% de Vinci Concessions. 200 ouvriers seront sur les chantiers cet été parmi lesquelles des Belges (les grues Dufour) et des Luxembourgeois. «VNF paiera un loyer en fonction du nombre de barrages en service mais sera toujours responsable du niveau d'eau, la navigation, et l'exploitation des écluses».
VNF a expérimenté la création en interne de deux nouveaux barrages à clapets à Monthermé (plus de 6 millions, 2000-2001) et à Givet (13,5 millions d’euros, 2006-2008). Une technologie lourde et une réalisation lente avec un impact paysager important. Le projet de reconstruction des 29 barrages pour 2020 est évalué à 312 millions d’euros (études comprises).