Polio: elle refuse de vacciner son enfant pour des raisons de santé
Une jeune Dinantaise est poursuivie pour ne pas avoir vacciné son enfant contre la polio. C’est pourtant une obligation en Belgique.
Publié le 07-03-2014 à 07h36
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Cette Dinantaise est-elle irresponsable? La dame, apparemment posée, s’en défend et assure, au contraire, qu’elle se soucie beaucoup de la santé de son enfant. Si sa petite fille n’a pas été vaccinée, c’est, assure-t-elle, parce que les vaccins contiennent des substances nocives à la santé et que les «accidents » ne sont pas rares.
Affirmant s'être documentée, la jeune femme assure paradoxalement ne pas être contre la vaccination. «Mais je demande que l'on m'apporte des preuves scientifiques de l'innocuité des vaccins », insiste-t-elle. Le problème est que la vaccination contre la polio (maladie infectieuse aiguë et contagieuse provoquant de terribles handicaps) est obligatoire en Belgique.
Contraire aux intérêts de la société
«Connaissez-vous seulement les ravages de cette maladie? lui demande la présidente Dupraey. Vos agissements ne sont-ils pas contraires à l’intérêt de votre enfant et de la société? »
Sans se démonter, l’intéressée répond que cette maladie n’existe plus dans notre pays et en Europe. Il est vrai que la polio est considérée comme éradiquée en Europe. Mais elle est toujours active sur certains continents, notamment en Asie et en Afrique, où elle pose de gros problèmes de santé publique!
«De plus, quand on a commencé à vacciner, la maladie était déjà disparue, soutient-elle. Mais on maintient l'obligation de vacciner alors que dans d'autres pays, comme au Pays-Bas, cela n'est plus le cas. »
Son enfant n’est pas non plus vacciné contre d’autres maladies contagieuses, ce qui a posé des problèmes quand il a été question de mettre la petite en garderie.
Parlant d’«erreur fondamentale », le substitut Herbay estime que la prévenue porte des jugements sur le monde médical sans en avoir aucune compétence.
«Votre fille ne provoquera pas une épidémie si elle n'est pas vaccinée, insiste-t-il. Mais si tout le monde agit comme vous, nous courrons tous à la catastrophe. Vous allez à l'encontre de l'avis des médecins, d'universitaires, des états. La vaccination peut générer certains risques, mais traverser la rue encore plus. »
Agacé par l’entêtement de cette mère de famille qui a été interpellée plusieurs fois par le parquet pour se mettre en ordre, le ministère public réclame une amende avec sursis.
«Mais si la prévenue n’obtempère pas, nous passerons à des amendes fermes, prévient-il. D’une manière ou d’une autre, il faudra que cet enfant soit vacciné! »
La défense n’a évidemment pas le même point de vue et estime que les craintes de sa cliente sont légitimes quant aux risques liés à une vaccination.
Discrimination entre citoyens européens ?
«Des personnes ont été infectées par la polio vaccinale, certifie Me Vanlangendonck. En outre, cette maladie n'est pas incurable: il existe des traitements depuis 60 ans (NDLR: c'est oublier un peu vite qu'il vaut mieux prévenir que guérir!). Et pourtant, on pousse à la vente de vaccins. »
Mais surtout, l’avocat bruxellois relève que, selon la Convention européenne des droits de l’homme, la protection de l’intégrité physique est un droit absolu. Entendez, on ne peut pas imposer un acte médical comme la vaccination.
Et la défense d’ajouter que l’obligation belge provoque une discrimination entre citoyens européens puisque certains pays l’ont levée. En continuation au 8 mai.