Le monde forain sur la défensive
On avait trouvé beaucoup d’armes chez ce forain de Rochefort. Trop, selon le tribunal qui ne voyait plus un moyen de défense mais un trafic.
Publié le 16-11-2012 à 07h00
À 45 ans, Serge est à la tête de deux métiers forains. Il vit dans une caravane, dans le zoning de Rochefort. Une perquisition a permis de découvrir des armes à feu soumises à un permis mais aussi des armes prohibées, en l’occurrence deux «tasers» (matraques électriques) et des munitions.
En état de récidive légale, il était appelé à comparaître hier devant le tribunal correctionnel de Dinant. Serge reconnaît les faits mais, pour lui, c'est un moyen de défendre ses biens. «J'habite dans un endroit isolé, explique-t-il. De plus, j'ai de l'argent chez moi.»
La thèse de la protection ne tient guère pour le substitut Herbay. D'après lui, le prévenu «approvisionne le milieu des forains avec des armes de poing.» Pour preuve: la perquisition fructueuse menée au domicile du prévenu. «Il dit vouloir se défendre, commente le ministère public. Mais il veut plutôt se faire de l'argent.»
Pour la défense, le problème réside dans la sanction. Son client ne peut plus bénéficier du sursis puisqu'il a déjà été condamné pour des faits similaires en 2006. Mais, précise Me Preumont, «il n'a pas d'antécédents en matière de violence.»
« Culture de la précaution »
Les armes que possédait son client s'inscrivent dans un contexte particulier. «Dans le monde forain, beaucoup de gens sont armés, explique-t-il. Ils se sentent vulnérables. Ils habitent dans une caravane. Et puis, il y a beaucoup d'argent liquide chez eux car on ne paye pas les tours de manèges avec une carte de crédit.» «Il y a une culture de la précaution et de la défense, complète l'avocat. On ne peut retenir qu'il y ait commerce.»
Pour Me Preumont, deux solutions sont envisageables: l’amende ou la peine de travail. Son client est prêt à payer. Jugement le 5décembre.
C. Det.