Beauraing : Paul Bouchat, journaliste de Vers L'Avenir, est décédé
Paul Bouchat, journaliste à la rédaction locale de Vers l’Avenir de 1970 à 1999, est décédé ce 4 janvier, à l’âge de 78 ans. Hommage.
Publié le 05-01-2023 à 18h54 - Mis à jour le 05-01-2023 à 19h53
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Un carnet de notes posé sur le comptoir de chez Gus, au café du Palais de justice de Dinant. Un journaliste, imper beige sur le dos, qui ne cesse de le griffonner, attrapant des informations au vol. S’il ne fallait retenir qu’une image de notre collègue Paul Bouchat, qui s’est éteint sans bruit ce 4 janvier à la maison de repos Charmes en Famenne de Mesnil-Saint-Blaise, ce serait celle-là, frénétique. Son métier de journaliste local noircissant des calepins et relatant au quotidien les audiences dinantaises, il le pratiquait avec dévouement, tel un Rouletabille à l’ancienne. Bien avant l’avènement de l’ordinateur et du téléphone mobile, il allait puiser l’info à la source, chez les acteurs de premier plan, les avocats et les juges. Ils ne venaient pas ? Il les attendait, prêt à dégainer son stylo. Paul Bouchat aura connu cette belle époque des relations consensuelles entre la presse et la justice. Son carnet était bourré de bons contacts qu’il cultivait avec amitié, notamment au sein de la gendarmerie, afin de coller au plus près de la vérité.
Beauraing et Lourdes
Paul Bouchat, né en 1944, est entré à Vers l’Avenir en 1970. À l’origine, le chef de l’édition avait repéré et recruté cet attachant natif de Beauraing pour couvrir les pèlerinages mariaux à Beauraing (lieu des apparitions), alors en plein boom, et accompagner à Lourdes les pèlerins namurois, dont le nombre à l’époque remplissait tout un train au départ de Namur. Il racontait ces aventures miraculeuses avec justesse et truculence avant de les dicter par téléphone.
Au-delà de cette sphère à connotation religieuse, il s’est découvert une plume polyvalente dans le cadre d’un renforcement de la présence de Vers l’Avenir dans l’arrondissement de Dinant, aux côtés du journaliste titulaire du bureau, Albert Remy. Quand celui-ci prendra sa retraite, Paul Bouchat deviendra le principal interlocuteur de Vers l’Avenir à Dinant, et sa tête de pont, faisant remonter à Namur l’actualité la plus saillante, judiciaire donc mais aussi politique. Assidu au conseil communal, il a assisté aux premières loges à l’éclosion puis aux fulgurants succès électoraux d’un prodige de la vie publique locale, Richard Fournaux.
Un reporter botté
Dactylographiant ses "papiers" en ayant vue sur le fleuve, quai Culot, il sera encore en première ligne pour relater par le détail les deux grosses sautes d’humeur de la Meuse, en 1984 et 1993. Une photo extraordinaire, en noir et blanc, prise à Neffe le 11 février 1984, témoigne du reporter de terrain toujours là au bon endroit, et au bon moment, qu’il fut. On le voit, les cheveux ébouriffés, et les pieds dans l’eau de la Meuse en crue, regarder un détail de la catastrophe, juste derrière les épaules du roi Baudouin et du bourgmestre de Dinant d’alors, Émile Wauthy.
Cet homme pressé précédé de son appareil photo se trouvait encore en embuscade à Dinant lorsqu’en 1995, un rocher de 400 T se décrocha de la falaise et écrasa en contrebas l’arrière du supermarché Unic, rue Sous les Roches.
Jean-François Pacco, chef des éditions namuroises, a suivi de Namur le parcours du défunt jusqu’à ce qu’il quitte la profession, en 1999. "C’était un journaliste extrêmement bienveillant, qui recherchait la conciliation et fuyait la polémique", se souvient-il. Il était soucieux de ne fâcher personne.
Dans ces années 1970, il était encore admis et normal que Paul Bouchat, rédacteur d’un journal aux racines catholiques, soutienne des personnalités politiques montantes du PSC et entretienne leur popularité par des articles et des photos. En quelque sorte, il les "faisait". En retour, ces ténors locaux et gros ramasseurs de voix lui apportaient des infos de première main. Il avait leur oreille, et réciproquement "Tous les jours ou presque, il avait au téléphone Amand Dalem, sénateur-bourgmestre de Rochefort, et Émile Wauthy."
Contacté, Richard Fournaux ne pouvait avoir oublié l’affable Paul Bouchat, toujours à l’écoute et à l’affût d’une bonne info: "C’est grâce à Paul que je me suis fait connaître. Quand j’ai invité à Dinant le prêtre des loubards Guy Gilbert, et quand je suis devenu président des Jeunes PSC. Je lui avais apporté chez lui ma photo." La première, d’une longue série.