L’hommage cardinal de Philippe et Mathilde à l’abbaye de Maredsous, pour ses 150 ans (photos & vidéo)
Philippe et Mathilde, dimanche matin, ont assisté à la messe pontificale du 150e anniversaire de la fondation de l’abbaye bénédictine. Le couple royal y a salué la communauté monastique.
Publié le 16-10-2022 à 22h09 - Mis à jour le 16-10-2022 à 22h13
Un ciel azuré, des feuillages incendiés dans la vallée, une allée jonchée de marrons et le drapeau noir jaune rouge flottant dans ce grand bleu scintillant. À Maredsous, ce dimanche matin, la météo semble en état de grâce. L’automne brillant de tous ses feux offre sa toile de fond vernie à cette matinée d’anniversaire aux chiffres ronds.
Voilà 150 ans, et un jour, que le monastère dédié à saint Benoît fut fondé. Un 15 octobre. Voilà bientôt 100 ans, le 30 janvier 1923, que décédait le bienheureux Columba Marmion, né Joseph Louis Marmion, 3 Père Abbé de Maredsous, béatifié par Jean-Paul II le 3 septembre 2000.

Un double événement vertigineux méritant bien une royale présence, celle de Philippe et Mathilde, dans le cadre d’une messe pontificale. Cinq sonneurs des Échos de Ciergnon, en redingote noire, font retentir leur cor à l’arrivée du couple royal. A sa descente de voiture, les accueillent le Père Abbé Bernard Lorent, le gouverneur Denis Mathen et le bourgmestre d’Anhée Luc Piette.

L’abbatiale, bondée de fidèles jusque dans les travées, se met aussitôt à entrer en résonance. Une foule de détails concourt à rendre la solennité ardente: le chant d’entrée entonné par Les Petits Chanteurs de Belgique, accompagnés à l’orgue par Hélène Richardeau, et un cortège de personnalités ecclésiastiques mitrées, revêtues de chasubles dorées et s’avançant vers le chœur, et l’autel, où la clarté de bougies éclaire une généreuse décoration florale, ocre, pourpre et rouille, d’une tonalité raccordée à la saison des feuilles mortes. Enfin, par les notes et voix emphatiques du kyrie, du gloria et du credo.

Les abbayes « filles »
Au pupitre, dont l’aigle est blinquant, l’archevêque de Malines-Bruxelles, le cardinal Jozef De Kesel, retourne au sens de la vie monastique: "Chercher Dieu de toute son âme et de toutes ses forces […] incliner vers lui l’oreille de son cœur". Et, poursuit-il, il n’y a pas de vie monastique sans vie fraternelle, sans une règle (celle de Saint-Benoît) et sans clôture.
"Nous sommes pour autant dans le monde, où les moines rayonnent en missionnaires, par leur témoignage de vie, par leur prière et par l’accueil qu’ils réservent à tant de personnes trouvant à Maredsous une porte ouverte." Si le Christianisme n’est plus évident dans notre société, il l’est à Maredsous ajoute le prélat, en ce lieu verdoyant, écrin de choix à la beauté de l’Évangile. Où l’Humanité, éloignée des souffrances, est douce. Où la paix ambiante, alliée à la nature, réconforte les âmes blessées.

Deux discours marquent la fin de la cérémonie. Celui d’Augustin Desclée de Maredsous, élève au sein du collège Saint-Benoît, qui représente la 7e génération des descendants des familles fondatrices du monastère, et qui rappelle que Maredsous fut un haut-lieu du scoutisme. "Je me sens privilégié d’être de cet internat bénédictin du collège de Maredsous. Parce qu’on s’y sent davantage soutenu qu’ailleurs."

Le second, prononcé par le Père Abbé Lorent, résume la fantastique histoire familiale de l’abbaye, qui vit en symbiose avec sa région, dont la charmante villégiature, associée à une petite restauration rendant ses lettres de noblesse à la simple tartine au fromage, attire des touristes et pèlerins belges issus des quatre coins du royaume. Dont l’esprit a essaimé dans le monde, suscité des collaborations pieuses et tissé des liens fraternels. D’ailleurs, en témoigne le grand nombre d’éminences et Révérendissimes Pères Abbés présents, aux noms exotiques. Et le Père Bernard Lorent de citer les abbayes " filles " de Maredsous: le Mont César de Louvain, l’abbaye de Zevenkerken près de Bruges et celle de Glenstal en Irlande.
Une visite royale est très minutée. Après la messe, le couple royal franchit la clôture pour saluer les moines et ces laïcs-piliers perpétuant l’histoire de l’illustre abbaye bénédictine. Quelques instants plus tard, Philippe et Mathilde, très acclamés, serreront quelques mains sur le parvis avant de prendre congé de Maredsous sous les vivats et feux redoublés de l’été indien. Emportant avec eux ce souhait de la communauté, pour elle, pour l’Église et le pays: "d’être chaque matin comme au premier jour".