Annevoie: les jardins d’eau et le château comme au XVIIIe siècle
Les jardins d’Annevoie rouvrent leurs portes au public ce week-end. Parmi les changements majeurs: la couleur de la façade du château et les nombreuses plantations.
Publié le 26-03-2022 à 06h00
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C’est la volonté de Monsieur et Madame Loumaye, les nouveaux propriétaires, tombés amoureux des lieux: restaurer le bâti et les jardins tels qu’ils se présentaient au XVIIIe siècle.
Passionnés d'architecture, ils ne laissent aucun détail au hasard. "Les toitures du château ont été refaites à l'identique, explique Nathalie de Changy, directrice du domaine. Ce sont les ardoisiers qui travaillaient sur Notre-Dame de Paris qui sont intervenus. Les volets ont aussi été remis en état, comme à l'époque."
Autre élément marquant: la mise en valeur de la façade du château. Les pierres brutes ont été enduites dans la même teinte qu'autrefois. "Un archéologue est venu pour retrouver le ton de l'époque." Les ferronneries ont aussi été retravaillées. "On retrouve même des feuilles d'or sur certaines parties", confie la responsable.
La cour située à l'arrière du château a, elle, été dénudée de ses graviers. "Elle va être entièrement repavée. Les travaux devraient être terminés pour l'été."
À l'intérieur du bâtiment aussi, tout a été revu. " Ils se sont basés sur l'origine des différentes pièces. Une chapelle notamment, qui avait été déplacée, a retrouvé sa place initiale."
Sur base de gravures
Dans les jardins – reconnus "Jardin remarquable" l'an dernier –, tout évolue. Un mur en pierres sèches (sans joint) a été monté à proximité du potager qui reprend vie. "Les pierres ont été récupérées d'un ancien pont et montées à la main par des artisans syriens", précise Madame de Changy. Devant cet édifice aux techniques maîtrisées, des arbres fruitiers palissés ont été dressés. Ailleurs dans les allées, certaines statues ont retrouvé leur emplacement originel. Neptune, par exemple, a quitté sa grotte pour trôner à nouveau au sommet du "buffet d'eau". Aux quatre coins du site, les fausses cavités qui avaient la cote au XVIIIe siècle se (re)dévoilent.
Les zones d'eau aussi se métamorphosent. C'est le cas du bassin de l'Artichaut. "Un dinandier est en train de reconstruire une œuvre représentant des feuilles d'artichaut desquelles l'eau doit jaillir."
Dans le domaine, les haies ont été recalibrées et de nombreux arbres replantés. À proximité du château, par exemple, des ormes fastigiés (arbres qui poussent tout droit) ont pris racine, tels qu’ils étaient à l’époque.
Autour du Grand canal (qui mesure 365 mètres de long, pour le nombre de jours dans une année, et 7 mètres de large, pour les jours de la semaine), 52 tilleuls ont fait leur retour. "Sur d'anciennes gravures, on a remarqué que le Grand canal était très ombragé. Les tilleuls, qui représentent les 52 semaines de l'année, se rejoignaient pour former une sorte de coupole", raconte Godefroid Guillaume, chef des jardiniers du domaine.
Pour retrouver à nouveau ce résultat, il faudra un peu de patience. "Ce sont déjà de grands sujets qui font entre 4 et 5 mètres de haut. Mais il faudra une grosse centaine d'années pour qu'ils atteignent l'âge adulte. C'est un projet à long terme, mis en place pour les générations futures." Et la directrice de confier: "Les ouvriers ont fait un travail de fou cet hiver."
Sans aide publique
Pour ce retour en 1758, date à laquelle les jardins d'eau ont été créés par Charles-Alexis de Montpellier, les équipes du domaine se sont basées sur des photos anciennes, des gravures et des écrits du fondateur. "On raconte qu'il perdait la vue à la fin de sa vie et qu'il a écrit un poème pour chaque "chambre" du jardin, raconte Nathalie de Changy. On réalise le plus gros pour le moment. Ensuite, on ira de plus en plus dans les détails ".
L'entièreté du domaine d'Annevoie est privée. La rénovation se fait sans moyens extérieurs, sans subvention. "Ce qui fait que les propriétaires (ils sont belges, mais résident actuellement en Suisse) ont pu choisir librement les corps de métiers pour réaliser un travail de grande qualité. Ils ont notamment fait appel à un staffeur réputé pour les moulures, à un tailleur de pierre passionné. Chaque professionnel choisi a sa spécificité. La plupart sont des Compagnons de France." Des architectes de renom ont aussi été engagés.
Les travaux vont se poursuivre dans les mois et années à venir. En attendant, le site est prêt pour accueillir les visiteurs dès ce samedi.