Jardins d’Annevoie: Jourdain définitivement condamné
Le pourvoi de l’ancien propriétaire des jardins est rejeté. Sa condamnation à 12 mois avec sursis et saisie de 2,2 millions est définitive.
Publié le 14-10-2021 à 06h00
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«L'enquête démontre […] combien le prévenu a organisé la gestion des entités sous sa direction et son contrôle de son groupe dans des structures complexes mais surtout dans la plus grande opacité, confondant allègrement avec le sien le patrimoine de ces dernières et se l'appropriant, au gré de ses besoins, sans justification, ni contrepartie, aux fins d'assurer son train de vie dispendieux». Telle est donc la vérité judiciaire définitive. Car hier après-midi, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Stéphan Jourdain contre l'arrêt de la cour d'appel de Bruxelles qui l'a condamné à 12 mois de prison avec sursis en mars dernier.
Stéphan Jourdain, 62 ans, a été propriétaire des Jardins d’Annevoie, à Anhée, pendant 18 ans et il avait fondé l’ASBL du même nom. En vue de la rénovation de ce site exceptionnel, il avait bénéficié d’investissements de la Région wallonne et avait obtenu des financements importants de BNP Paribas Fortis. Mais le procès a été l’occasion de passer au peigne fin la «galaxie» de l’homme d’affaires qui fut un touche-à-tout d’activités commerciales en Belgique et pas seulement industrielles puisqu’il fut aussi le patron de l’hebdomadaire prestigieux et très haut de gamme «L’Eventail», assurant aussi pendant quelques années la direction du pamphlet satirique «Pan».
Mis à part le fait que le procureur du Roi avait réclamé 20 millions d’euros de confiscations et que la cour lui en a accordé 2,2 millions, la vérité judiciaire s’inspire beaucoup du réquisitoire du magistrat debout. À savoir que, parallèlement à l’existence d’une dizaine de sociétés commerciales, le propriétaire du château Fond’Roy à Uccle – appartenant jadis à feu le président congolais Joseph-Désiré Mobutu – a créé plusieurs ASBL pour opérer des montages financiers d’une rare complexité, vider les caisses des entreprises commerciales et éluder l’impôt. En plus des fonds retirés de la Région wallonne et de BNP Paribas, l’ASBL «Les Jardins d’Annevoie» a servi à couvrir la mécanique frauduleuse opérée autour d’entreprises très lucratives.
Jourdain ira à la Cour européenne de Strasbourg
A ce sujet, la cour d'appel de Bruxelles avait encore souligné que Jourdain s'est «approprié des fonds pour un montant total d'au moins 2.213.187,19 euros au préjudice de plusieurs entités morales dirigées et contrôlées par lui, notamment la SPRL Fond'Roy Exploitation, la S.A. Compagnie Fond-Roy, l'ASBL Les Jardins d'Annevoie, la S.A. Vieux Walefffe, la S.A. Oxo, la S.A. Arborex et la S.A. Kordell et Kordell».
Au final, l’addition est donc de 12 mois d’emprisonnement avec sursis, d’une amende ferme de 12.000€ et de 2,2 millions€ de confiscations. L’ancien fondateur du flamboyant Cercle de Lorraine devra verser également 447.000 euros, à titre provisionnel, à Me Anicet Baum, curateur de la faillite de Fond’Roy Exploitation.
Le condamné, que nous avons pu joindre hier soir, nous a annoncé qu'il ira encore plaider sa bonne foi devant la Cour européenne des droits humains, à Strasbourg et il nous a fait le commentaire suivant: «Pour qui connaît ce dossier depuis 21 ans, cette décision de la Cour de cassation ne va pas contribuer à redonner de la crédibilité à la justice belge». Fin de citation.