Piraux se rira de la mort à Avignon
Jean-Luc Piraux et son Théâtre Pépite, de Denée, présenteront leur dernière création au festival d’Avignon, La Mecquedu spectacle vivant.
Publié le 17-03-2015 à 08h18
Le Théâtre des Doms, à deux pas du Palais des Papes, est le poste avancé de la création théâtrale belge francophone à Avignon. Chaque été durant le festival – l'un des plus importants d'Europe, si pas du monde – le lieu propose six spectacles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Six cases dans un programme que convoitent de très nombreuses compagnies. Parmi les heureux élus de juillet prochain: Six pieds sur terre, du Théâtre Pépite, une petite structure basée à Denée. Jean-Luc Piraux, 56 ans, en est le visage. Un visage derrière lequel se cache toute une équipe, rappelle-t-il humblement. Une huitaine de personnes, dont son épouse Brigitte, gravitent autour de chaque création – metteur en scène, scénographe, créateur lumière, regards extérieurs sur l'écriture; certains sont présents depuis les débuts de la compagnie, en 1992.
C'est donc un travail collectif que Jean-Luc Piraux défendra à Avignon, devant de très nombreux programmateurs de tous horizons. Déjà promis à une fameuse carrière en Belgique (lire l'encadré), Six pieds sur terre s'ouvrira assurément à la France et l'étranger. «On est vraiment très heureux d'être à Avignon, dit Jean-Luc Piraux. C'est l'occasion de toucher d'autres publics. On rêvait de se tourner vers l'étranger depuis longtemps. Parce que se dire qu'on va faire le tour des centres culturels de Wallonie et de Bruxelles et qu'ensuite c'est fini, c'est trop triste. On a tellement envie de partager ce spectacle, on ne veut pas que ça s'arrête!»
En immersion dans les homes
Six pieds sur terre est le troisième solo d'inspiration autobiographique de Jean-Luc Piraux, après Faut y aller! (2008) et En toute inquiétude (2012), tous deux applaudis par la critique et le public au gré de longues tournées. Cette fois, la tragicomédie met le vieillissement, la mort et la maladie au cœur des préoccupations. «Attention, on parle de choses difficiles, mais avec l'envie d'en sourire, avec un esprit clownesque, avec aussi une pointe de poésie, dit Jean-Luc Piraux. J'ai d'ailleurs l'impression que, parmi mes solos, c'est celui qui déclenche le plus de rires.»
Le spectacle a été nourri d'un long travail d'immersion et de terrain. «Avec Brigitte, nous sommes allés dans des homes et des services de soins palliatifs, explique Jean-Luc Piraux. Nous avons rencontré des pensionnaires, discuté avec le personnel soignant, suivi des colloques et des formations. Le spectacle ne rend pas compte de cela – ce n'est pas du théâtre documentaire – mais il a été enrichi par ces rencontres, dont beaucoup nous laissent des souvenirs très forts et très beaux.»
En évoquant la mort, même avec «l'humour pour pudeur» le Théâtre Pépite réveille un tabou. «Mais comme le public en rit, comme il partage des émotions, la parole se libère et le débat s'ouvre, au bar, après la représentation, constate Brigitte Piraux. C'est vraiment un spectacle qui est fait de rencontres, et qui débouche sur d'autres rencontres.» Avec l'accent français, bientôt.