Les gardiens auraient dû garder leurs nerfs
Les gardiens andennais ont réagi de manière "disproportionnée" au crachat d’un visiteur qu’ils devaient maîtriser.
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Publié le 16-05-2023 à 06h00
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Le 14 avril 2020, un individu vient rendre visite à son frère incarcéré à la prison d’Andenne. On découvrira rapidement que le gaillard a fait rentrer 25 grammes de cannabis à l’intérieur de l’établissement pénitentiaire.
Son manège est repéré et il est interpellé alors qu’il se trouve dans la salle des visites. "Il nous jetait des regards méchants. Et il a craché en ma direction", témoignera un des gardiens qui réalise l’intervention. Le même agent explique que le crachat a abouti sur son pantalon. Il dira encore que pour éviter de se faire cracher une nouvelle fois dessus, il serait intervenu pour neutraliser le visiteur devenu suspect.
Deux autres agents sont également entrés dans la danse. Le deuxième a chargé l’individu pour l’immobiliser. Mais le troisième a toujours nié toute implication dans cette affaire.
Les trois gardiens ont pourtant été poursuivis devant le tribunal correctionnel pour coups et blessures.
La scène avait été filmée et lors de l’audience du 17 avril, les différentes parties ont visionné les images captées ce jour-là. Une séance qui aura visiblement eu un impact sur la décision finale de la juge Chantal Bourgeois.
Dans son prononcé, la présidente du tribunal constate en effet que le crachat était bien réel mais qu’il a été dirigé vers le sol et non en direction du gardien.
Le magistrat estime également que la réaction du premier agent était finalement disproportionnée. Le coup de poing n’était donc pas justifié. La juge ne conteste cependant pas que la profession de gardien de prison a aussi des aspects délicats et parfois pénibles. Face à des détenus qui ne vivent pas la même réalité sociale et qui n’ont pas, la plupart du temps, le même niveau d’éducation, il convient plus que jamais de pouvoir garder ses nerfs, est-il rappelé dans le jugement.
Aucun souci en 20 ans de carrière
Mais la présidente retient également que les gardiens incriminés n’ont jamais fait parler d’eux auprès de la Justice alors qu’ils ont déjà une longue expérience professionnelle, pour certains même de plus de vingt ans.
Finalement, le premier gardien est condamné à une peine de travail de 75 heures. Le deuxième agent bénéficie de la suspension du prononcé, une mesure de faveur qui permet aussi d’éviter toute trace sur le casier judiciaire et donc, éventuellement, la perte de son emploi. Pour le troisième prévenu, aucune charge n’était finalement retenue. Il a donc été logiquement acquitté.