Andenne : avant de tuer sa maman et d’être condamné à 30 ans de prison, Laurent Badot avait déjà harcelé et menacé son papa
Déjà condamné à trente ans de prison pour avoir tué sa maman, l’Andennais Laurent Badot revient devant la Justice pour des faits de harcèlement et de menaces à l’encontre de… son papa.
Publié le 20-02-2023 à 21h15 - Mis à jour le 20-02-2023 à 21h25
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Laurent Badot n’esquive aucune question. Il s’exprime avec un grand calme mêlé d’une pointe de timidité. Tout cela tranche terriblement avec la fureur qui a habité cet Andennais au printemps et au début de l’été 2020.
Le trentenaire fait face au tribunal correctionnel. Il a déjà été condamné le 28 octobre dernier par la cour d’assises de Namur à trente années de prison pour le meurtre de sa maman. Le parricide avait été commis dans la nuit du 7 au 8 juin 2020.
Mais cette scène d’une rare sauvagerie a été précédée d’autres épisodes déjà particulièrement dérangeants et inquiétants. On revient quelques mois en arrière, en février plus précisément.
Laurent Baudot n’a jamais connu un lien fort avec son papa mais le jeune homme n’hésite pas à revenir auprès de son père pour le tirer par la manche. "Il lui a déjà offert une voiture, payé son loyer…", insiste Me Lothe, l’avocat de la partie civile. Mais à ce moment-là, Laurent n’obtient visiblement pas ce qu’il veut. "Et il ne sait absolument pas résister à la frustration. C’est un enfant-roi à qui on n’a jamais dit non", souligne le conseil du papa.
Le jeune homme va alors envoyer des messages très agressifs à son père et sa compagne. "Je vais vous réveiller et vous casser les dents. J’espère que la petite sera là parce que vous allez hurler." C’est le contenu d’un des nombreux SMS menaçants. Baudot enverra également une photo d’une boîte qui fait évidemment penser à un cercueil. Il commente "tic-tac, tic-tac", comme pour faire comprendre que le passage à l’acte est imminent.
La paille ne s’enflamme pas
Un autre jour, alors qu’il veut faire réparer sa voiture et qu’il essaie une sorte de refus, Laurent Badot enjambe la barrière électrique du garage et monte sur le toit de l’habitation de son père. Il brisera le "velux" avant de rebrousser chemin.
Mais le 6 mars, il ira encore un pas plus loin. Cette fois encore, à Gembloux, il viendra solliciter son papa pour une réparation, une aide matérielle… Mais l’Andennais n’obtiendra pas ce qu’il désire et c’est à nouveau le même scénario qui s’écrit.
Quelques minutes après le refus, le jeune homme est surpris alors qu’il tente de mettre le feu à un box qui abrite les chevaux de son papa.
"Mais heureusement, la paille, ça ne brûle pas comme dans les films", ironise Me Pierre Lothe, l’avocat de la partie civile.
Le feu sera très vite éteint, les dégâts ne sont pas très importants mais la dangerosité du personnage commence à interpeller les autorités judiciaires. Laurent Badot sera même privé de liberté.
Malheureusement, quatre mois plus tard, l’Andennais commettra l’irréparable. Sa maman y perdra la vie.
Trois ans en plus
Pauline Derestiat, pour le procureur du roi, décrit le prévenu comme quelqu’un qui ne montre "aucune forme de tolérance à la frustration." La représentante du ministère public estime par ailleurs que Laurent Badot "est une menace grave pour la sécurité publique". C’est une peine de trois années de prison qui est requise et, pour le parquet, elle doit s’ajouter aux trente années de réclusion déjà infligées par la cour d’assises.
Avant de rendre son jugement, la présidente Chantal Bourgeois veut prendre connaissance du rapport de l’expertise psychologique et psychiatrique effectuée par un collège de trois spécialistes, dans le cadre du procès d’assises.
Le document sera remis au tribunal, lors de l’audience du 14 mars. Pour Laurent Badot, cette prolongation ne change pas grand-chose, lui qui purge déjà une peine de trente ans de prison.