Andenne va réaliser une carte des risques d’inondations sur son territoire
Pas convaincue par la cartographie wallonne des zones inondables, la Ville d’Andenne va lancer une étude hydrologique afin d’établir sa propre carte communale des aléas d’inondation.
- Publié le 21-06-2022 à 17h52
- Mis à jour le 21-06-2022 à 17h58
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Le conseil communal d’Andenne a voté à l’unanimité le lancement d’un marché de service pour la réalisation d’une "cartographie des aléas et risques naturels" sur le territoire communal. "Nous serons la première commune wallonne à nous doter d’un tel outilpréventif" , commente le bourgmestre Claude Eerdekens (PSD@).
Les puissantes et dévastatrices inondations du 15 juillet 2021 et du 5 juin dernier, mais aussi le peu de crédit accordé à la carte des zones inondables de la Région wallonne, ont suscité cette initiative. "La carte des zones inondables produite par la Région wallonne, je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle est fantaisiste, mais elle n’est en tout cas pas fiable , commente le bourgmestre. Par exemple, la rue de Gramptinne, sur Gesves et sur Andenne, a connu des inondations abominables en 2021 mais elle n’est pas reprise en zone inondable excepté sur les 100m avant la Meuse. À l’inverse, une zone inondable est identifiée à la rue des Roseurs cependant qu’il n’y a jamais eu là d’inondations."
Des permis refusés
Cette cartographie régionale a été querellée par la Ville d’Andenne devant le Conseil d’état, qui l’a annulée pour le territoire andennais. "La Région a reproduit la même carte, nous l’attaquons une nouvelle fois" , annonce Claude Eerdekens.
"L’étude raisonnée du bassin hydrologique que nous allons réaliser sur les 8000 hectares de la Ville permettra à notre service l’urbanisme d’accorder ou non les permis en toute connaissance de cause , détaille le bourgmestre. Je peux vous dire que cela va aboutir à beaucoup de refus de permis. L’intérêt collectif doit primer." ClaudeEerdekens illustre d’un exemple: "Si on construit encore sur Bonneville, cela aura des conséquences sur le ry de Pontine. Les écoulements d’eau et de boue se reporteront sur le bas de Sclayn. Or les habitants de Sclayn n’ont pas à payer le prix d’une urbanisation excessive sur les hauteurs."
L’étude tiendra compte de l’impact de l’urbanisation mais aussi des dangers des pratiques culturales inappropriées. "On a encore des cultivateurs qui tracent leurs sillons en les dirigeant vers les habitations en contrebas , regrette Claude Eerdekens. Avec les forts orages causés par le réchauffement climatique, des coulées de boues envahissent les maisons… Malheureusement, la jurisprudence actuelle ne permet pas de contraindre les agriculteurs, le Conseil d’état considérant qu’il est normal que l’eau aille de haut en bas. Cette jurisprudence doit être adaptée vu le contexte des inondations à répétition."
En l’an de grâce 2724
Les agriculteurs ne sont pas les seuls à devoir être sensibilisés. Il y a aussi la Province de Namur, qui ne s’acquitte guère selon Claude Eerdekens de l’entretien de "ses" cours d’eau (le ruisseau dit de Velaine, le ry de Pontine, le ry d’Andennelle). "Sur Andennelle, la Province nous dit qu’elle va faire des travaux mais sans dire quand. Ce sera peut-être en l’an de grâce 2724! Je ne crois pas à la bonne volonté, je reste persuadé que c’est l’action judiciaire qui peut faire bouger les lignes et contraindre la Province, sous peine d’astreinte, à entretenir ses ruisseaux. Quand le gouvernement des hommes est à ce point insuffisant, il faut en appeler au gouvernement des juges."