PHOTOS| Une pêche à la carpe «no kill» et inédite dans la carrière de Sclayn
Inédit chez Lhoist. Une partie de pêche à fond de carrière,pas bucolique pour un sou, pour que les carpes changent d’eau.
Publié le 23-06-2020 à 19h39
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Cette poignée de pêcheurs, on la rencontre à 1 km de la Nationale 90, dans le fond d’une cavité rocheuse en pente douce, au bord d’un plan d’eau (de pluie) sillonné par des escadrilles de carpes.
La pêche du jour n’est ni prédatrice ni miraculeuse, mais elle sort de l’ordinaire. Les lignes lancées ont en effet reçu l’inédite autorisation de la multinationale Lhoist (d’origine belge) de transférer le poisson de cette poche d’eau claire et peu profonde de carrière vers les étangs plus ruraux de la pêcherie d’Evelette et de Bonneville. Une opération de sauvetage des poissons menée en concertation avec la Division régionale de la Nature et des Forêts, qui n’y a vu que du bien.

Au niveau sécurité, la direction de l'usine de Sclayn avait préalablement dégagé la vase des abords du plan d'eau, pour parer à tout accident. «C'est vraiment une démarche volontaire, en lien avec la préservation de la biodiversité» insiste Laurence Indri, responsable des relations extérieures des usines belges du groupe carrier, qui va faire écho de cette grande première action écologique dans le bulletin d'information interne.
Ce mardi matin, le soleil cogne et rebondit violemment contre les parois de ce décor minéral abrupt et écrasant, dépourvu de coins d'ombre à sa base mais couronné de ramures. Infranchissable au moindre souffle de vent, il y fait chaud comme dans un four. Depuis six heures, abrités sous des parasols, ces «carpistes» ont prélevé deux spécimens de compétition, dont un de la famille (herbivore) des carpes amour, une variété originaire du fleuve d'Asie Amour, qui coule sur 4354 km. Les lignes jetées sont aussi professionnelles que passionnées. Équipées de détecteurs de touche, elles «bipent» à l'instant où le poisson, piégé par une «bouillette» d'amorce fruitée en forme de bille, se débat avec l'hameçon piqué dans sa lèvre. À l'instant où la canne se cabre et inaugure un bras de fer oscillant entre deux milieux, l'air et l'eau. Ce matin, il y a un peu de tout dans la mallette aux appâts, dont de la myrtille et de la fraise.
Une pêche «no kill»
Johann Van den Abbeele et Jérôme Frédéric sont tous deux contrôleurs bénévoles des étangs communaux de Bonneville. Ces deux-là, vous ne les verrez pêcher que de la carpe, mais pas pour sa chair. Le plaisir, qui ne tient qu’à un fil, est ailleurs, dans ce «combat» tendu entre le poisson qui se débat dans le fond pour se dégager et le pêcheur manœuvrant en surface pour le remonter.

Ces carpistes d’expérience peuvent être stratèges, ils n’aiment pas trop tirer sur la carpe, préférant attendre que l’animal se fatigue pour mieux se laisser pêcher. Les combats varient de 5 minutes à une heure selon la vivacité du poisson.
De toute façon, «la pêche à la carpe, elle est no-kill», disent-ils, une pratique de pêche, et une éthique, consistant à relâcher volontairement et systématiquement les poissons pêchés. Les hameçons, sans ardillon, ne font que piquer. Ils se décrochent facilement, sans blesser.
Pour ces épicuriens des bords tranquilles de l’eau, seuls importent l’aventure, l’adrénaline de la «prise» de poids, le contact privilégié avec la nature, dans l’intimité des rives.
Pourquoi déménager les carpes? Elles sont préventivement évacuées en raison de l’avancement de l’exploitation du site, qui le grignote tranche après tranche et qui finira par pomper l’eau pour s’attaquer à la roche immergée.
«En carrière, c'est plus facile, parce qu'il n'y a pas d'arbres, pas de souches, rien dans le chemin. Les lignes ne rencontrent aucun obstacle» souligne Johann Van Den Abeele.
Jérôme Frédéric, brigadier-jaugeur aux Dolomies de Marche-les-Dames, décrit la carpe comme un poisson de fond, aspirateur de nourriture, qui mord mieux la nuit.
À l'écart, Jean-Claude, l'aîné des pêcheurs, prend plus que ses camarades. Sa ligne se balade entre deux eaux, quand les autres touchent le fond avec moins de succès. La pêche, ce sain passe-temps que lui a transmis son grand-père. «Petit, je n'avais que ça pour sortir et me distraire: pêcher.» En fin d'après-midi, les pêcheurs plus sportifs attendaient encore la grosse prise du jour.