Fêtes de Wallonie à Namur : aux Arsouilles, il y a le curé des calotins et des calottés
Ultime guindaille… Les fêtards se sont donné rendez-vous lundi soir dans le quartier des Arsouilles pour l’enterrement des Fêtes. La veuve, un curé des Boscailles, a eu raison du dernier des derniers.
- Publié le 18-09-2023 à 16h01
- Mis à jour le 19-09-2023 à 11h13
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/4URVS3KJX5H2FOA7MJSYNO2K4Y.jpg)
Qui enterre qui ? Les funérailles de l’Arsouille sont programmées de longue date dans le programme des Fièsses. Mais cette année, c’est peut-être le vieil Arsouille qui a enterré les fêtards du lundi, un brin éméchés, et non l’inverse. Le cortège est symbolique. Il est question de chasser les Nazis. À quelque mois des élections, d’aucuns se diront que le message a encore une portée supplémentaire: botter au plus loin les pensées extrémistes.
Certes, ceux qui suivent le cortège ont parfois une petite mine, voire un œil fermé, mais malgré tout il reste à tous un soupçon d’énergie. C’est le cas d’Alain Goffinet, bon pied bon œil au moment de battre le pavé une énième fois. L’homme, Boscaillis depuis peu, est le curé des forains. Forcément, aux Arsouilles, ça parle un peu quand même. Même si on est en septembre et pas en juillet, le mois de l’année où les attractions sont légion en centre-ville durant la foire.
Depuis 2015, il joue le rôle de la veuve de l’Arsouille: personnage féminin qui empoisonne notre camarade, le dernier soçon des fêtes. "Tout est une question de second degré. C’est la particularité de la Belgique. L’important, c’est de savoir se moquer de soi-même. Je dois embrasser tous les hommes et les marquer d’un rouge à lèvre traçant", dit-il.
La transformation prend un peu de temps. Environ une heure de maquillage et de grimage. Le reste ? C’est un rôle de composition. "J’ai un côté saltimbanque. Si je n’avais pas été curé, je me serais bien vu dans un cirque", confie Alain Goffinet, sur un ton espiègle. Artiste dans l’âme, l’abbé est aussi peintre, acteur et musicien. Au sax au sein de la formation d’Yves Dulieu et ses Bières qui roulent. Bien que mu par la religion, il a toujours pris plaisir à s’amuser sans jamais déborder. "Mon mot d’ordre, c’est le respect", assure-t-il.
Alain Goffinet est un paradoxe sympathique comme il y en a tellement sur les fêtes. Le curé a été baptisé à 56 ans… La cérémonie était festive, pas religieuse. "Et c’était à l’ULB", dit-il. Le Hesbignon revendique l’étiquette de curé des "calotins et des calottés". C’était déjà le cas dans les années 80, aux prémices de sa formation. "Monseigneur Vancottem (NDLR pas encore évêque) m’avait dit: toi, on peut t’envoyer là où on n’enverrait pas les autres."
Comme aux 24 Heures vélo à Louvain-la-Neuve par exemple. "Une personne allait se marier. Il savait que j’étais curé et il a voulu se confesser comme ça, sur le moment. On s’est mis un peu à l’écart", se remémore notre interlocuteur.
Un joli moment pour l’ecclésiastique qui a toujours eu à cœur de mettre le curseur là où il faut… entre ouverture, tranche de rigolade et rigueur philosophique. Non sans porter un regard critique sur certains confrères: "On a jeté l’opprobre sur la profession de prêtre. Tout ça à cause de quelques-uns qui ont eu, c’est vrai, des comportements innommables."
Au final, l’Arsouille est mwârt. On s’est bien plu. Et on se plaira encore bien l’an prochain.