Finale provinciale du concours de meilleur juge à Thynes (Dinant) : "Les Belges ne sont pas assez fiers du Blanc Bleu"
Dimanche, la ferme de la famille Romedenne à Thynes accueille la finale provinciale du concours de meilleur juge, organisée par les jeunes agriculteurs (FJA). Des centaines de personnes sont attendues.
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- Publié le 16-09-2023 à 06h12
- Mis à jour le 16-09-2023 à 07h34
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Dans le milieu de l’agriculture, le concours est bien connu. Le principe: estimer la valeur de bêtes via des critères notamment liés au poids, à la taille et à la beauté.
Dimanche, plus d’un millier de personnes visiteront les étables de la ferme de la famille Romedenne, spécialisée dans le Blanc Bleu Belge et les vaches laitières depuis plusieurs générations. Elle a accepté d’ouvrir ses portes à la section dinantaise de la Fédération des jeunes agriculteurs (FJA, ex JAP). D’abord pour un gigantesque festin, avant le fameux concours de meilleur juge et la finale provinciale de ce dernier.
"Mon filleul est vice-président de la FJA de Dinant. Alors on a accepté, explique Charles-Albert Romedenne, qui gère l’exploitation avec ses parents et son épouse. C’est l’occasion d’ouvrir les portes et de faire connaître notre métier. Car on a l’impression que les gens ne comprennent plus ce que nous faisons."
Il confie: "On est fort dénigré, on ne parle pas assez de notre métier en bien. Les gens pensent qu’on fait de l’agriculture pour l’argent et plus par passion. On nous prend plus pour des financiers que pour des éleveurs. Il est arrivé qu’on me demande: “Vous êtes encore en contact avec les animaux ?” Les gens oublient que le but derrière notre métier est de nourrir la population."
"Une race extraordinaire"
À table dimanche, lors du repas proposé avant la finale, on servira… du Blanc Bleu. Et tout le monde est le bienvenu. Tant les habitués du milieu agricole que les personnes extérieures. Pour Charles-Albert Romedenne, il faut être fier de cette race bovine. "En Belgique, le Blanc Bleu n’est pas reconnu à sa juste valeur, alors que c’est une race extraordinaire. On n’est pas comme les Français. On n’apprécie pas assez nos produits, on ne se vante pas assez. On n’a pas la fierté de ce qu’on a. On accepte aussi d’ouvrir les portes de la ferme pour redorer le blason."
Il raconte: "Mardi, on a des Vietnamiens qui viennent visiter notre centre d’insémination à Sovet (NDLR: lié à la ferme, où travaille l’épouse de Charles-Albert qui est vétérinaire). Pour eux, le Blanc Bleu, c’est le top. Car ces vaches mangent moins que les autres et produisent 30% de viande en plus. Le Blanc Bleu, c’est 70% de rendement à l’abattage."
Selon l’éleveur, cette race est décriée, dénigrée, alors qu’il s’agit d’un fleuron national qui s’exporte partout dans le monde. "C’est une race magnifique et super-précoce, grâce à la génétique, car on met en gros le meilleur taureau avec la meilleure vache. À 14 ou 15 mois, on peut déjà inséminer. C’est une race qu’il faut promouvoir et préserver . Si on devait en inventer une, on inventerait celle-là." D’après lui, par contre, c’est une bête qui nécessite plus de soins et d’attention.
Charles-Albert Romedenne est sidéré par certaines aberrations: "Récemment, je suis allé à une réception dans laquelle on nous a servi du bœuf… australien. C’est incroyable ! Qu’on mange quand même un peu belge ou européen ! Et après on vient dire que nous sommes des pollueurs ? C’est un peu frustrant."
"On est presque tous bio"
Il regrette la mauvaise image véhiculée sur l’agriculture conventionnelle. "On nous reproche de polluer, alors qu’aujourd’hui, nos machines sont très pointues, très calées. Nos bêtes sont en majeure partie nourries avec les aliments de la ferme (céréale, herbe, maïs, betterave fourragère, etc.). On n’est pas bio, mais on est presque tous bio. Ce qu’on fait comme agriculture aujourd’hui, c’est une agriculture raisonnée, fort propre d’un point de vue phyto, pulvérisation, vaccination, etc. S ’il n’y avait que des fermes bios, on ne saurait pas nourrir les gens."
Dimanche, la ferme familiale ouvre exceptionnellement ses portes. Le Blanc Bleu y sera à l’honneur, tant dans l’exploitation (une cinquantaine de bêtes seront exposées) que dans l’assiette. Les agriculteurs dinantais, bleus de cette race unique, tiennent à redonner à ces bovins leurs lettres de noblesse.