Troisième round énergique pour Suzane aux Solidarités
Militante, pétillante et dynamique, l’artiste originaire d’Avignon a insufflé sa french pop samedi dès 17h00, sur la Place des Arts. Elle est montée sur scène telle une guerrière sur un ring de boxe pour aller chercher le public et lui transmettre son énergie débordante.
- Publié le 26-08-2023 à 13h37
- Mis à jour le 27-08-2023 à 15h44
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Depuis cinq ans, Suzane est une étoile montante de la pop française. Révélée avec son premier album Toï Toï et son morceau SLT, qui lui a valu une Victoire de la musique en 2020 dans la catégorie "Révélation Scène", elle en est à son deuxième opus (sorti fin 2022) baptisé Caméo.
Déjà venue aux Solidarités en 2019 et en 2021, elle a réalisé son troisième round ce samedi devant une foule hyper réceptive en commençant par Génération désenchantée. Un peu déroutant au début de la voir sur scène sans musicien mais avec sa présence scénique incomparable, c’est une attraction à elle toute seule.
Enchantée d'être là (elle l'a dit à plusieurs reprises !), Suzane a poursuivi avec ses tubes : Rêve, L'Insatisfait, Pendant 24 heures (en duo virtuel avec Grand Corps Malade), Belladonna, Il est où le SAV ?, Pura Vida (qui invite à profiter de l'instant présent) ou encore À la casa (une ode à la famille).
Elle a terminé par le très pêchu Danse et s'est même offert un bain de foule, plus heureuse que jamais de profiter pleinement d'un de ses derniers concerts avant une phase un peu plus calme et un retour en studio (voir ci-dessous).

Osmose naturelle avec le public belge
Suzane est reconnaissante envers les organisateurs des Solidarités car ils ont été parmi les premiers à être curieux de son projet. "Ils étaient présents au début, sont toujours là pour la suite et j’en suis vraiment honorée !"
Aller voir Suzane, c’est en prendre plein les oreilles et les yeux. Taillée pour la scène, la jeune femme de 32 ans éveille les consciences et donne l’envie au public de danser grâce à ses mots forts, ses mélodies entraînantes et son énergie communicative. "J’aime accompagner mes paroles et mes émotions de mouvements dans une sorte de tableau afin que les gens puissent voyager visuellement, dit-elle. Tout dépend aussi de ce que le public me donne parce que je ne suis pas seule à partager de l’énergie et des vibrations. En Belgique, ça fonctionne souvent assez bien. J’ai l’impression d’avoir une osmose assez naturelle avec le public belge."

Des questions sociétales
Dans ses différents titres, Suzane évoque la vie tout simplement, des sujets qui la chamboulent et sur lesquels elle ne peut rester indifférente. "Ma chance, c’est d’avoir trouvé dans la musique un outil pour m’ôter cette anxiété générée par des choses de tous les jours", confie-t-elle.
On dit d’elle qu’elle est engagée mais qu’est-ce que ça signifie au juste ? "Je ne sais pas si c’est de l’engagement d’écrire des chansons qui parlent du monde mais l’homophobie, le changement climatique, la condition des femmes, le harcèlement sexuel, la violence, etc, ce sont des thématiques que je n’invente pas, souligne-t-elle. Ces sujets me font extrêmement peur et me provoquent des angoisses. C’est donc impossible pour moi de ne pas les exprimer !"
Quand elle était gamine, Suzane (de son vrai nom Océane Colom), a été marquée par les morceaux de Daniel Balavoine qui passaient en boucle à la radio. "Ma mère disait souvent que ses chansons étaient essentielles, presque d’utilité publique, parce qu’il faisait passer de vrais messages, se souvient-elle. Ça changeait de toutes les chansons d’amour qu’on entendait sur les ondes (même si j’adore les chansons d’amour !) mais je pense qu’il faut aussi des chansons sociétales. Ce n’est pas facile d’endosser ce costume parce que les gens n’ont pas toujours envie d’entendre parler de choses graves qu’on évoque déjà beaucoup et qui les rendent anxieux. Ils ont besoin de se libérer ! Quand j’écris mes paroles, je me libère et je suis ravie si ça leur fait le même effet quand ils les écoutent."
En trouvant le subtil équilibre entre ses mélodies et ses textes plus sombres, elle veut apporter une lucarne, une lumière d’espoir.

En route vers le troisième album
Depuis 2019, Suzane a enchaîné les grosses tournées : près de 500 dates pour faire connaître sa musique et son univers.
Après les festivals d’été, elle aspire tout doucement à se remettre de tout ce qu’elle a reçu et donné sur scène pendant cinq saisons et à reprendre le chemin des studios. "J’ai besoin de me retrouver et d’aller chercher de la matière pour créer, explique-t-elle. Il me faut ce moment d’introspection qui est très compliqué à avoir quand on est constamment en tournée."
En route pour son troisième album, Suzane souhaite que le chemin soit doux, sans pression. Inutile de se fixer des deadlines ou un cadre trop défini car c’est le meilleur moyen de se casser la figure, selon elle. "Je ne veux pas faire pour faire ou me presser pour me presser, lâche-t-elle. J’ai envie d’aller en studio et d’écouter plein de sons, d’être dans la recherche profonde de ce qui me fait vibrer et de ne pas tout dévoiler tout de suite." Se laisser porter au gré de ses envies et de ses rencontres en y mettant toute son âme et ses tripes, ce sera peut-être cela la clé des prochains succès qui pourraient marquer son troisième album.
En attendant, elle a bien profité des Solidarités et s'est laissée bercer par les rencontres. Elle était curieuse de voir d'autres artistes et d'autres styles qui se nourrissent entre eux. "Il arrive souvent qu’on se croise entre artistes et c’est d’ailleurs comme ça qu’est née la chanson “Pendant 24 heures”, avec Grand Corps Malade. Nous nous sommes vus aux Francofolies de la Réunion il y a quelques années. Alors, rencontrer d’autres artistes en festival ou les voir sur scène, ça peut être très inspirant !"
