L’art namurois en bombe à Québec (vidéo)
Choisis par les Villes de Namur et Québec, trois artistes street art ont pu exprimer leur style graphique sur les piliers du pont autoroutier du quartier de la basse ville de Québec.
- Publié le 25-08-2023 à 19h28
- Mis à jour le 28-08-2023 à 19h03
Sorte de no man’s land où les Québecois parquent leur voiture, la plaine grisailleuse en dessous du viaduc Dufferin-Montmorency reliant le quartier Saint-Roch au quartier du vieux port s’est métamorphosée. Entre le 7 et le 14 août, une quinzaine de street artistes des quatre coins du globe (Argentine, France, etc.) et du Canada sont venus pshiter les larges piliers du pont autoroutier.
Parmi eux, trois bombeurs Namurois dont la réputation n’est plus à faire: Sam*, alias Samuel Laloux, – lequel a peint le Centre culturel Quai 22 de l’Unamur -, Demos – lequel a manigié le mur de la Villa Bala – et Estefan . "Ils ont été triés sur le volet pour la qualité de leur travail et la diversité de leurs propositions artistiques, explique Vincent Roy, co-directeur général et directeur artistique d’Ex-Muro Art public à Québec. Demos a son style bien à lui, Estefan est plus graphique et Sam Laloux plutôt pop art. On a voulu montrer la richesse de la scène street art namuroise pour resserrer les liens avec notre ville jumelle."
Coller à la réalité de terrain
Le projet s’inscrit dans le cadre de la 10e édition de Passages insolites, événement d’arts publics invitant chaque été les promeneurs à élargir leurs perspectives en arpentant la ville de Québec. Passage mural est une branche de ce programme estival. La première fois qu’il est réalisé aussi. "Ici, on leur a donné carte blanche. On ne voulait pas les contraindre par une thématique afin qu’ils soient fidèles à leur technique, leur esthétique propre", raconte le directeur artistique.
"Moi j’aime tout ce qui est architecture. Je suis influencé par ce que je vois dans la ville, partage Estefan par téléphone de l’autre côté de l’Atlantique. "Quand on regarde les piliers de pont il y de nombreuses lignes de fuite desquelles je me suis inspiré. J’ai travaillé comme je le fais toujours, avec des bandes de masquage (NDLR: il est peintre en bâtiment) permettant des lignes bien nettes. Ma personnalité est comme ça. L’art abstrait fonctionne beaucoup avec des ronds, des carrés mais personnellement je préfère le triangle."

De son côté, Demos a misé sur une œuvre plus proche de la réalité sociale du lieu. Son œuvre montre des sacs à dos, des valises, des cartes visas amochées pour refléter le parcours cabossé et ardu des personnes en itinérance. À quelque 500 m de là se trouve le centre d’accueil et de logement de Lauberivière pour personnes sans-abris. Le passage insolite est aussi un passage obligé pour eux. "Il y avait un va-et-vient constant", se rappelle Estefan.
Dans l’optique de renforcer les collaborations intercontinentales, Ex-Muro souhaite envoyer des muralistes québécois à Namur l’an prochain. "L’art est un bon moyen pour se faire rencontrer les gens, que ce soit entre artistes ou sur l’espace public", boucle Vincent Roy.
Objectif : professionnaliser l’art de rue
L’art adoucit les mœurs. L’impact de l’art public sur la qualité de vie des lieux est bien réel.
Dans le quartier Saint-Roch, le gris a laissé place aux couleurs primaires, pastels ou flashy. La Ville de Québec voudrait poursuivre en ce sens. "Pour l’instant, ce sont souvent des appropriations à l’arrache. La Ville a donc initié un programme de murs légaux. On travaille avec eux pour la professionnalisation et la reconnaissance des street artistes. On veut qu’ils soient rémunérés pour leur travail, qu’ils aient le matériel nécessaire", explique Vincent Roy.
Pour travailler, les Namurois ont pu bénéficier d’échafaudages et de chariots élévateurs qu’il s’agissait de se prêter avec les douze autres artistes.
Vers un parcours de "murales"
Catherine Vallières-Roland est mairesse suppléante à la Ville de Québec, en charge de la Culture:
"Nous n’avons pas encore de parcours touristique de murales (NDLR: appelées fresques chez nous) dans la ville mais celles-ci sont de plus en plus nombreuses. Passage mural s’inscrit dans un projet de redynamisation du quartier St-Roch. En 2024, des personnes dans l’itinérance participeront d’ailleurs à la création de nouvelles murales via un processus de consultation citoyenne. Des street-artistes animeront des ateliers afin de produire un concept qui reflète leur réalité."