Des Namurois à l’origine d’un projet d’Assemblée citoyenne pour répondre aux maux de la démocratie
Une poignée de Namurois est à l’origine d’une pétition pour la création d’une Assemblée citoyenne au niveau wallon. Une solution au malaise démocratique ? Le collectif Cap Democratie organise un rassemblement citoyen ce samedi 3 juin.
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- Publié le 02-06-2023 à 09h33
- Mis à jour le 02-06-2023 à 09h34
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La défiance de nombreux citoyens vis-à-vis du monde politique n’est pas neuve. Mais il faut bien constater que la perte de confiance du peuple dans ses institutions et ses mandataires s’est accentuée ces dernières années. Les raisons sont multiples, à commencer par ce que l’opinion publique a coutume d’appeler "affaires" et autres "scandales"…
"Notre objectif, c’est d’améliorer la gouvernance en Wallonie, et il y a pas mal de choses à améliorer, défend Éric Jourdain, porte-parole du collectif Cap Démocratie, qui estime que la montée des extrêmes est un symptôme du mal qui gangrène la politique belge… Ce que nous prétendons, c’est qu’on peut le faire avec une idée toute simple: le tirage au sort."
Depuis plus d’un an, une poignée de Namurois a pris l’habitude de se réunir toutes les trois semaines pour panser les défaillances du système. Petit à petit, le mouvement lancé par le collectif a pris de l’ampleur. Dernièrement, ils étaient 3 000, à travers toute la Wallonie, à signer une pétition réclamant la mise en place d’une Assemblée citoyenne. L’envergure de la mobilisation a permis de mettre le point à l’agenda. D’ici la mi-juin, le Parlement wallon devrait se prononcer sur la mise en place d’une commission délibérative. "Ce serait une première en Wallonie", glisse Éric Jourdain. Constituée de citoyens et d’élus, cette commission devra évaluer l’opportunité d’instaurer au sein du Parlement une assemblée permanente de citoyens tirés au sort. Un moment démocratique charnière.
Inspiration germanophone
Si l’idée pour laquelle milite le collectif Cap Démocratie bouscule l’institution wallonne, elle n’est pas pour autant saugrenue. "Ce que nous voulons, c’est calquer le modèle du Bürgerdialog mis en place en 2019 par la Communauté germanophone… Depuis lors, il a fait l’objet de multiples améliorations. Unique au monde, il attire à Eupen des gens venus d’un peu partout", rappelle Éric Jourdain.
Dans les grandes lignes, le modèle repose sur deux organes. Le premier, le Conseil citoyen permanent, est chargé de choisir les thèmes de discussion, différents experts, et d’organiser le tirage au sort des membres de l’Assemblée citoyenne. Une fois composée, l’Assemblée citoyenne se saisit d’un des thèmes retenus et adresse une série de recommandations au Parlement.
Selon le collectif, les avantages d’un tel système sont nombreux: il permettrait une meilleure représentation des populations les plus démunies ou encore de rompre avec "la vision court-termiste" inhérente au système électoral. Celle-là même qui, estime le collectif, pousserait les élus à préférer des mesures qui portent rapidement leurs fruits au détriment de mesures fortes, utiles à l’intérêt général, mais impopulaires. Pour les citoyens, c’est l’occasion de se rapprocher des mandataires et mieux comprendre les limites de leur action. "Surtout, cela permettrait d’institutionnaliser la possibilité pour le peuple de s’exprimer en dehors des élections qui se déroulent tous les 5 ans au niveau régional."
Toujours pas décideurs
Reste que dans une Assemblée citoyenne, les participants n’endossent pas le costume de décideur. De quoi nourrir quelques frustrations ? "Bien sûr, et c’est un reproche que l’on entend régulièrement, admet Éric Jourdain. Mais il faut bien commencer quelque part. Et puis, en Communauté germanophone, lorsque le Parlement rejette une recommandation, il doit le justifier et tous les documents sont publics…"
Participation et transparence, deux piliers indissociables d’une démocratie qui inspire confiance.