La mobilité dans le piétonnier élargi, toujours un élément moteur des débats
Mardi soir, les élus ont longuement (ré)exprimé leurs positions sur l’accessibilité et le stationnement dans la ville du futur. Au détour d’une étude précédant l’actualisation du plan de mobilité… qui n’a pas convaincu l’opposition.
- Publié le 31-05-2023 à 20h00
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Namur est à un tournant de son histoire. Et ce virage ne se prendra pas à bord d’une voiture puisqu’il est question de diminuer drastiquement la pression automobile en ville au profit d’autres modes de transport plus doux. Au bout du chemin, il y a l’extension du piétonnier qui ira de pair, forcément, avec une diminution des places de parking en voiries, une refonte des itinéraires de bus qui ne circuleront plus dans la corbeille et un questionnement sur l’accessibilité des commerces, des habitations et des écoles.
Pour passer à la vitesse supérieure, il y a la nécessité d’actualiser le plan communal de mobilité (PCM). L’échevine de tutelle Stéphanie Scailquin (Les Engagés) ajoute que la démarche vise aussi à mieux coller aux importants bouleversements physiques qui ont émaillé la ville ces dernières années et ceux en devenir: bureaux, complexes immobiliers, etc. Le PCM révisé a fait l’objet d’une étude largement discutée lors du conseil communal de mardi soir. Avec moult critiques sur les bancs de l’opposition. Des divergences cristallisées au moment du vote: le PTB est contre, PS, DéFI et Françoise Kinet s’abstiennent.
Accessibilité et stationnement
Thierry Warmoes a tiré le premier en se basant sur un récent sondage effectué par Richard Dessart, un habitant du centre-ville, qui a pour vocation de démontrer le fait que les Namurois sont de plus en plus réfractaires à se rendre dans la corbeille. "953 personnes ont répondu. 44% ont déclaré venir moins souvent à Namur et 23% souhaitent ne plus venir du tout", indique le conseiller PTB. Dans ce sondage, les répondants font également état des changements nécessaires pour inverser la tendance à savoir plus de parking, avec des tarifs moins élevés, la fin des chantiers, une meilleure desserte des bus, etc. "Et vous, vous allez faire exactement le contraire", déplore Thierry Warmoes. Lequel estime que la majorité est dans le déni. Stéphanie Scailquin réfute: "J’ai lu l’étude. J’ai même tenté d’y répondre mais les propositions étaient souvent négatives, un peu dans le sens des conclusions de Monsieur Dessart. Il faut couper les ailes à un canard qui voudrait faire croire qu’on ne sait pas accéder à Namur, qu’il n’y a pas de parking, qu’il est plus cher ailleurs, etc." Et de renforcer son propos en rappelant certaines mesures qui ont été prises en la matière, comme la demi-heure gratuite systématisée dans toutes les zones à horodateurs.
Trente minutes, ce sera aussi la durée maximale du stationnement dans les rues adjacentes au futur piétonnier. Et ce, afin de favoriser le roulement des voitures, à des fins commerciales. "C’est trop peu pour faire ses courses", lâche Thierry Warmoes. "C’est pourtant une demande spécifique des commerçants", répond Stéphanie Scailquin. Pour de longues journées shopping, les automobilistes devront s’orienter vers des places en voiries plus éloignées ou plébisciter les P + R et les parkings en ouvrage.
Solliciter l’avis des usagers
De son côté, Françoise Kinet (indépendante) propose de récolter l’avis des personnes directement concernées par la question de la mobilité dans l’hyper-centre: habitants, commerçants, population scolaire. "On l’a bien fait pour la rue d’Erpent-Val", souligne-t-elle. Et d’ajouter: "Je suis embêtée de voter un PCM qui ne me concerne pas et qui ne concerne aucun conseiller puisque, à part Mme Deborsu depuis peu, nous habitons tous à l’extérieur de la corbeille. Les membres du collège disposent d’un emplacement et les conseillers ont une carte parking."
L’échevine rétorque que la réflexion sur la vie en centre-ville et l’extension du piétonnier a fait l’objet d’une coconstruction avec les acteurs concernés. Un comité de suivi est d’ailleurs toujours associé aux discussions.
Un plan bus préalable
Le PS rappelle qu’il est favorable aux velléités liées à la mobilité douce. Mais pour lui, actualiser le plan de mobilité à ce stade revient à mettre la charrue avant les bœufs. "On ne dispose pas de tous les outils pour que ce projet puisse se concrétiser. Comme un plan bus. On est pourtant dépendants d’éléments comme ceux-là", fait remarquer Fabian Martin. Il évoque les désagréments rencontrés par les navetteurs. Un phénomène qui risque de s’amplifier en concentrant les bus sur l’axe Rogier-Brabant.
Le tir sera corrigé, rassure Stéphanie Scailquin. L’échevine indique que l’offre sera adaptée et renforcée, notamment en soirée et le week-end. Elle évoque de nouvelles lignes comme à Wépion et une liaison plus directe entre Salzinnes et Jambes. Et d’ajouter la création d’importants points modaux sur le square Omalius, autour de la gare, à proximité du quartier des Casernes et à la Confluence. "Ils sont situés entre cinq et huit minutes de marche du cœur de ville", dit Stéphanie Scailquin. Pour les personnes ayant des difficultés à se déplacer, elle rappelle qu’une navette électrique gratuite continuera de circuler dans le piétonnier.
Livraisons
Autre point qui a suscité le débat mardi soir: l’organisation des livraisons dans le futur périmètre piéton. Elles seront régies de la même manière que ce qui se pratique actuellement, selon des tranches horaires bien définies. À cela s’ajouteront des places de stationnement réservées dans l’extrême pourtour du piétonnier ainsi que deux points d’acheminement où pourront converger les véhicules en dehors des heures imparties. Une démarche saluée par l’ancienne échevine Patricia Grandchamps (Écolo). Celle-ci émet cependant une réserve concernant l’emplacement de l’un de ces deux pôles, aux portes du quartier Saint-Nicolas, trop densément peuplé selon elle. "Ces deux espaces doivent être démystifiés, embraie Stéphanie Scailquin. Il ne s’agira pas de grands lieux avec des centaines de camions." L’élue engagée indique qu’il faut tenir compte des aspects logistiques et de la sécurité de la population. La Ville bénéficiera de l’appui du Feder pour concrétiser le dispositif.