Conseil communal d’Andenne: un plan de gestion qui reste en travers de la gorge
De qui se moque-t-on ? C’est en substance ce que s’est demandé le groupe de la minorité AD&N après la présentation du compte communal de l’année 2022 mardi soir au conseil communal d'Andenne.
- Publié le 31-05-2023 à 17h07
- Mis à jour le 31-05-2023 à 17h26
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"Le compte 2022 n’est pas si mauvais que cela", a d’emblée commenté Valérie Duchesne, la directrice financière, avant de détailler les exercices antérieurs et l’exercice propre, avec les recettes et les dépenses.
L’année 2022 a connu la crise énergétique, la guerre en Ukraine et cinq sauts d’index. Pourtant, le compte 2022 affiche un résultat global de 5 243 000 €. "À l’exercice propre, on a mali de près de 600 000 €. C’est mieux que ce que l’on escomptait en modification budgétaire et surtout, on ne puise pas dans les provisions", a-t-elle indiqué. Vu les provisions et les réserves, la situation est relativement confortable, selon elle.
Bas de laine, pour quoi ?
À l’issue de cette présentation, le conseiller AD&N, Hugues Doumont, a exprimé une satisfaction mitigée: "Le compte est bon. Alors qu’au départ, on prévoyait à l’exercice propre un déficit de 1,5 million€, on arrive à un “petit déficit” de 592 000€, constate-t-il. Outre le boni global, j’y ajoute toujours les réserves et les provisions. On arrive donc à 9 643 000 €."
Vu ce solide bas de laine, pourquoi avoir voté un plan de gestion l’an passé ? Le groupe AD&N s’interroge. "Soi-disant, la situation financière était catastrophique, il fallait faire des économies, relève Hugues Doumont. Il n’y a pas encore eu tous les effets des mesures reprises dans le plan de gestion mais quand il aura son plein effet, ça veut dire quoi ? Que la Ville aura un bas de laine de 11, 12 voire 13 millions€ ? Pour quoi faire ? On sait qu’Andenne a une politique d’expansion, de nouveaux quartiers et d’investissements immobiliers mais avec ce plan de gestion, on a racketté certains services jusqu’au dernier sou, fermé une école de promotion sociale pour 100 000 balles par an… On ne voit pas pourquoi on l’a voté ! Les indicateurs ne se sont pas détériorés en 2022 alors que c’était l’année la plus turbulente et que 2023 le sera moins."
Pour le mayeur, Claude Eerdekens (PSD@), heureusement qu’il existe des plans de gestion: "Tout le monde devrait en avoir un", considère-t-il. Pour lui, les bonis engrangés sont faits pour s’en servir et seront utilisés plus tôt qu’attendu, estimant que l’embellie est momentanée. "Le fédéral et la Région ont fait des efforts considérables pour compenser l’inflation, l’indexation des salaires et les dépenses récurrentes", signale-t-il. Pas d’euphorie cependant: "La volonté du gouvernement fédéral de transférer des charges sur les Communes reste bien réelle. Ça se voit notamment au niveau des zones de police." La hausse des taux d’intérêt est aussi inquiétante pour la dette.
"De la fumisterie !"
L’échevin de l’Enseignement, Benjamin Costantini (PSD@) a souhaité réagir à la pique sur l’École industrielle et commerciale, établissement d’enseignement de promotion sociale repris récemment par Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE). "D’abord, il ne s’agit pas exactement d’un montant de 100 000 €. Ensuite, en procédant à cette négociation avec WBE, on a sauvé l’enseignement de promotion sociale à Andenne, a-t-il précisé. On lui a confié pour un avenir meilleur."
Pour Hugues Doumont, seul Benjamin Costantini croit à ses propos. "Venir encore nous seriner que cette liquidation a été faite sur base d’un projet pédagogique, c’est de la fumisterie, a-t-il lancé. Le bourgmestre ne l’a pas caché au conseil communal de mars: cela a été fait pour des raisons financières !" Lors du vote, la minorité s’est ainsi abstenue sur ce point.
Non au «syndrome champignon», alerte l’opposition
L’opposition AD&N a interpellé le collège sur un projet immobilier de 88 appartements rue de la Justice à Seilles.
Si AD&N concède qu’un développement urbain est indispensable pour répondre à la croissance démographique, il regrette le syndrome «champignon» avec des immeubles qui pullulent, favorisant la bétonisation. «C’est dans un lieu qui est encore sujet à discussion qu’est projetée la construction d’un immeuble de 88 appartements sur six étageset de 132 emplacements de parking», déplore le conseiller Philippe Mattart, s’interrogeant sur le bien-fondé du projet.
N’est-il pas démesuré? Quels impacts sur la mobilité, la qualité de vie et la biodiversité dans un environnement périurbain? Il regrette aussi que la CCATM ne soit saisie que de dossiers qui doivent lui être soumis obligatoirement et que la Commission communale de développement territorial ne se réunit pas assez et se donne trop peu de temps pour être un vrai lieu de débat.
Claude Eerdekens a rappelé que la délivrance des permis d’urbanisme est une compétence du collège et non du conseil communal. «Dès lors, c’est le collège qui assumera ses responsabilités comme il l’a toujours fait», affirme-t-il.
"Pas de quoi fouetter un chat"
Le projet serait situé près de la gare d’Andenne. Ce qui répond, selon le mayeur, aux exigences du schéma de développement territorial que vient d’adopter le gouvernement wallon. «La création de logements près des gares est priorisée de façon à lutter contre l’étalement urbain et la prolifération de véhicules, indique-t-il. Un ménage qui a le bonheur d’habiter près d’une gare peut se contenter d’une seule voiture au lieu de deux s’il habite à la campagne.»
Thomas & Piron et la Région réfléchissent actuellement au futur de la gare pour l’aménager en écoquartier à long terme. Pour le bourgmestre, ce projet n’a pas une hauteur abyssale et donnera une vie meilleure à un terrain qui mérite un autre sort. «Il s’agit de trois blocs de bâtiments qui tendent vers la passivité énergétique, souligne-t-il. Quant à la mobilité, s’il doit y avoir du trafic additionnel, ça représente une moyenne d’un véhicule toutes les 5 minutes sur une tranche horaire de 6h30 du matin à 20h. Pas de quoi fouetter un chat!»
Le dossier est en cours d’examen. «Le collège se prononcera en toute indépendance», dit-il. AD&N n’est pas pleinement rassuré par les réponses données et compte garder à l’œil ce genre de projets «qui se multiplient».
Routes : 15 % rénovés d’ici 2024
Le conseiller AD&N Eddy Sartori a interrogé l’échevin des Travaux, Vincent Sampaoli (PSD@) sur l’état de certaines voiries communales, où les nids-de-poule sont légion. Un relevé a permis de classifier les routes selon leur état et le degré d’urgence des réparations à effectuer.
Sur les quelque 230 km de voiries qu’Andenne compte, 71 km sont en état neuf ou en «bon état», 76 km sont en «moyen état», et 87 km en «mauvais état».
«On va réaliser, dans le cadre de différents marchés, 27 km de rénovation de voiries au cours de 2023 et 2024, dit-il. Si on ajoute les fonds PIMACI (Plan d’investissement mobilité active communal et intermodalité), on atteint 36 km, soit plus de 15 % de notre réseau.»