Andenne : se former aux "métiers uniformisés" à l’ESPA
Se préparer aux "métiers uniformisés", c’est ce que propose l’école secondaire provinciale d’Andenne (ESPA) dans sa filière de formation en sécurité et prévention qui s’est élargie aux élèves de 4e.
- Publié le 29-05-2023 à 19h33
- Mis à jour le 29-05-2023 à 19h38
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Se préparer aux métiers de la défense et de la sécurité ainsi qu’aux examens d’entrée à la police, c’est ce que les élèves apprennent dès 15 ans à l’ESPA.
"Depuis sept ans, on propose la septième AMPS (assistant aux métiers de la prévention et de la sécurité), qui a son petit succès. Puis, la Fédération Wallonie-Bruxelles a offert la possibilité à différentes écoles d’ouvrir une quatrième AMDPS (avec le D de défense). C’est le cas depuis septembre 2022, explique Philippe Buschen, directeur de l’institut provincial d’enseignement secondaire. La différence, c’est que l’aspect défense est beaucoup plus présent. Les élèves sont plus encadrés par l’armée que ne le sont nos septièmes. Ils apprennent certains éléments comme le drill, l’aspect tactique, l’esprit de corps, le sens de la discipline, le respect de la hiérarchie, etc. Au fur et à mesure, en 5e et en 6e, d’autres formateurs s’investissent. Ce sont notamment des professionnels qui ne sont pas issus de l’enseignement comme des policiers, des pompiers, etc. Jusqu’à la sixième, les élèves ont un tel panel de ces métiers qu’ils ont déjà acquis de nombreuses compétences recherchées dans ces fonctions."
Ils pourront aussi devenir agent de sécurité, pénitentiaire ou de protection civile, surveillant en IPPJ, assistant à la sécurité de l’État, garde particulier… Un vaste éventail de professions à la clé.
Emploi garanti
Pour Raymond Drisket, ancien directeur de l’académie de police et formateur à l’ESPA, ces étudiants ont clairement une longueur d’avance. Chiffres à l’appui, il affirme qu’en passant par cette septième, 44% de jeunes rentrent à l’académie de police alors que ce chiffre est de 12% sans cette formation. "La particularité de cette école, c’est que deux jours par semaine, ils sont sur le campus provincial à l’académie de police de Namur. Ils ont déjà des cours avec des professeurs en techniques d’esquive, gestion de crise, gestion de conflits, communication, etc", relate-t-il.
Ils sont actuellement 105 élèves en septième et 22 en quatrième et leur avenir professionnel semble assuré. "Parmi les lauréats qui sortiront de la septième année, on estime que 90% d’entre eux ont un emploi pour le 1er juillet. Soit avec un statut d’étudiant, soit directement avec un statut d’employé ou d’ouvrier en temps plein, avec un contrat à durée déterminée ou indéterminée, indique Raymond Drisket. Une douzaine rentrera dans les académies de police à la prochaine rentrée. D’autres se dirigeront vers la sécurité privée comme agent de gardiennage. Plusieurs iront à l’armée et d’autres encore vont reprendre des études complémentaires. Quatre de nos étudiants vont d’ailleurs rejoindre en septembre le bachelier en gestion de crise (un cursus unique en Belgique, voir L’Avenir du 31/03/23) ."
Les élèves qui intègrent ces études ont une sensibilité particulière à ces métiers, parfois dès leur plus jeune âge. "On ne sait pas si ça leur vient de leurs parents ou pas. Certains parents sont même parfois surpris du choix de leur enfant, confie Philippe Buschen. On sent aussi que certains élèves font ces études parce qu’ils ont besoin d’un cadre."
Mercredi dernier, ils n’étaient pas peu fiers de recevoir la visite du vice-premier ministre, David Clarinval, et de la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden. "C’est une plus-value, un honneur tant pour nos élèves que pour tout le corps professoral qui s’investit énormément. Ça représente un soutien et une belle reconnaissance pour l’école", conclut le directeur.
«On doit servir d’exemple pour la population et les générations futures»
Fierté de porter l’uniforme, transmission de valeurs fortes… les motivations des jeunes de l’ESPA sont nombreuses.
Mirko, 18 ans, est en quatrième. Florian, 19 ans, en quant à lui en septième. La façon dont ils parlent de leur formation traduit leur enthousiasme. Tous deux se destinent à la profession de policier. Pour Mirko, ce choix répond à une profonde volonté de servir son pays. «Avec tout ce qu’il se passe actuellement, il faut mettre des effectifs en nombre sur le terrain pour être encore plus efficaces. Nous allons remplir ce rôle», estime-t-il. «Dans le contexte géopolitique actuel, ces métiers sont importants pour redonner confiance aux citoyens», ajoute Florian.
Cette formation fait écho a des valeurs qui leur tenaient déjà à cœur. «On nous apprend des choses fondamentales comme le respect, la discipline, la communication verbale et non-verbale, et le fait de rassurer les gens aussi», expose Mirko.

L’importance de l’acculturation
Florian évoque quant à lui l’apprentissage de la serviabilité, l’intégrité, l’honnêteté et la loyauté. «On doit aussi servir d’exemple pour la population et les générations futures, confie-t-il. Il y a aussi la fierté de porter l’uniforme. L’avantage de l’uniforme, c’est qu’on est tous sur un pied d’égalité. Il n’y a pas de différence en termes de classe sociale, d’orientation sexuelle, etc. Ainsi, pas de discrimination!»
D’après le directeur, Philippe Buschen, un aspect assez unique de cette formation, c’est ce qu’ils appellent l’acculturation. «L’élève acquiert la culture, les valeurs et l’esprit attendus dans les différents métiers. Il y a par exemple des heures de cours dédiées à la déontologie, à l’éthique professionnelle, ou à l’éducation physique. Ce dernier domaine est pointu car on les prépare à passer tous les parcours d’obstacles», dit-il.
En fin de sixième, les élèves sont donc capables d’effectuer toutes les épreuves physiques requises chez les pompiers, à la police ou à l’armée. Le cursus insiste aussi sur les langues : ils apprennent le vocabulaire néerlandais et anglais en rapport avec ces métiers, ainsi que sur toute l’approche historique et géographique (monarchie constitutionnelle, cartographie, etc.) sans oublier la psychologie appliquée. Une formation riche donc pour les futurs visages qui assureront notre sécurité.