Province de Namur: et si les zones de secours sauvaient l'institution?
Le député-président namurois propose que les Provinces financent encore davantage les zones de secours. Sous conditions. Une manière se sauver la vieille institution.
- Publié le 27-05-2023 à 13h40
- Mis à jour le 27-05-2023 à 14h51
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Vendredi, Jean-Marc Van Espen (MR), patron du gouvernement provincial (MR-Les Engagés-DéFI), par ailleurs en charge des Finances, a présenté le compte 2022 de l’institution en séance du conseil. Le compte 2022, c’est le bilan comptable de l’année passée.
Les finances provinciales se portent bien, très bien même. Au point de recevoir des bravos dans l’opposition, même dans les rangs d’Écolo. Les premières modifications budgétaires de l’année 2023 sont à l’avenant. La Province de Namur peut être considérée comme une institution riche. Dotée, pour rappel, d’un pouvoir taxatoire (contrairement, par exemple, à la pauvre Fédération Wallonie-Bruxelles).
Les riches Provinces, dont celles de Namur, sont sous pression, depuis la dernière déclaration de politique régionale, en 2019. On y parlait de son inutilité… jusqu’au moment où on lui en a trouvé une: participer (très activement) au financement des zones de secours. Dans le ressort namurois, il y en a 3: Nage, Dinaphi et Val de Sambre. Il a donc fallu cracher au bassinet, non sans restructurer les missions provinciales, et non sans râler ferme.
Mathieu Michel crache dans la soupe
Les tensions apaisées, le Namurois Van Espen considère que "sa" Province a démontré toute son utilité, dans le chapitre de la "supracommunalité", un concept ressassé en permanence à la Région. Où on imagine des rassemblements de Communes, quand ce n’est pas une organisation en "bassins", au gré de nouveaux bazars institutionnels. Alors que la Province, que les Provinces, sont le meilleur endroit où organiser les transversalités, un peu en marge des baronnies locales.
Telle est la réflexion du député-président. Pas très rassuré à propos de "son" niveau de pouvoir. Il nous montre une récente interview du secrétaire d’État Mathieu Michel (lui aussi MR), ce dernier appelant à la suppression des Provinces. Une manière de cracher dans une soupe à peine refroidie: avant d’être catapulté au fédéral, il faisait carrière politique à la Province du Brabant wallon.
Voilà qui indique que l’éradication est toujours dans l’air du temps. À un peu plus d’un an des élections provinciales, mais surtout à 12 mois des législatives, Jean-Marc Van Espen prend les devants. En expliquant que la circonscription provinciale, c’est le meilleur niveau de la supracommunalité. Le financement des zones de secours en est une illustration sonnante et trébuchante.
Il propose d’aller plus loin: que les Provinces apportent plus de moyens aux services de secours. À condition que le fédéral contribue davantage que le minimum actuel (c’est bien moins encore), et que la Région revoie quelque peu à la hausse le Fonds des Provinces. À condition surtout que dans ce scénario, le pouvoir provincial ait beaucoup plus à dire sur l’organisation des secours dans le ressort des 38 communes. Qui paie décide.
La prise de position présidentielle en étonnera plus d’un, même au sein de sa majorité. Mais Jean-Marc Van Espen se veut pragmatique. Il considère que la mise à mort des Provinces relève du dogmatisme, pas de l’efficacité. Il a au moins un soutien, celui de son collègue libéral au collège provincial Richard Fournaux. Lui souligne que la Province est déjà très impliquée dans la formation aux métiers de la sécurité ; qu’il y a une grande logique organisationnelle que l’on découvre au fur et à mesure.
Comme de toute façon, les pompiers vont coûter de plus en plus cher aux Provinces jusqu’en 2024 (c’est ce qui est prévu), autant aller jusqu’au bout du raisonnement. Voilà l’idée. En sauvant ses fesses à la Province ?