Liernu : Marc Deladrière, tractoriste et fan de Zetor
Dimanche à Meux. Ce lundi 29 mai de Pentecôte à Aische-en-Refail dans le cadre de la kermesse. Marc Deladrière fait prendre l’air à ses Zetor, trois increvables ancêtres agricoles tchécoslovaques. Portrait d’un ingénieur passionné de mécanique.
Publié le 26-05-2023 à 23h00 - Mis à jour le 27-05-2023 à 12h34
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Dans le jargon des concentrateurs de vieux tracteurs, Marc Deladrière, de Liernu, est un tractoriste. Une fois l’an, il déconfine ses trois Zetor, des tracteurs qui, dans les années 60, ont cravaché par tous les temps, arc-boutés dans la terre, et ont vaincu la rudesse des labours gras. Cet ingénieur touche-à-tout les ressuscite au retour du printemps, et en regarde tourner les moteurs comme un enfant ébaudi un matin de Saint-Nicolas. "Cette mécanique de base, très peu sensible, résiste à tout, au gel à pierre fendre comme au mauvais carburant", cadre-t-il, à la veille de la refaire claquer sur les routes bucoliques de Meux avec une régularité de métronome.
De ses Zetor, il en a regonflé les vieilles gommes, reboosté les batteries, vérifier les niveaux d’huile et d’eau, les circuits de refroidissement et les durites, ces tuyaux acheminant les fluides vitaux au bon fonctionnement de l’ensemble. Enfin, il a puisé dans son mazout de chauffage pour les ravitailler au bidon.
Ça saute aux yeux, ces trois Zetor retraités des immenses champs de l’Est ont pris cher avec le temps. "Je préfère les laisser dans leur jus, – avec cette pellicule de rouille sur l’échine carrossée, – que leur refaire une peinture bleue comme à l’origine. L’objectif, et le plaisir, n’est pas de les bichonner mais de les entendre tourner comme une horloge", complète le tractoriste. Le flacon de dégrippant n’est d’ailleurs jamais loin du volant pour libérer les pièces de leur hibernation sous hangar, et dérouiller leur faculté à donner de la voix et à vibrer dans ce grand orchestre de mécanique pure, avec pistons, bielles et bougies s’épanouissant dans la viscosité d’un chœur de graisse et d’huile.









Un souvenir d’enfance
Sans être un fils de ferme, Marc Deladrière est dans son élément parmi ces machines de force d’un autre âge. Les engins à moteur l’ont toujours fasciné, une passion qui perdure pour s’être enracinée dans l’enfance. Gamin, il allait ramasser les ballots de paille, "un intense moment de joie", et regardait son papa, Ludwig, entretenir sa Coccinelle. "Sous le capot, les pièces étaient disposées à la façon d’un tableau didactique. D’un coup d’œil, on comprenait le moteur", comme à une leçon de mécanique. Pour voir palpiter cette machine rudimentaire, c’est encore plus facile autour d’un capot relevé de tracteur, à hauteur d’homme. "Tout est accessible sans efforts, avec des outils de base, et tu passes facilement en dessous." Pas besoin d’être Superman.
Dans le milieu des vieux tracteurs, on n’a pas la grosse tête. "En tracteur, c’est bon enfant. On ne se toise pas", dit Marc Deladrière. Le propriétaire d’un antique et réputé John Deere, la Rools des tracteurs, ne se la pète pas comme un Porschiste du milieu plus élitiste de l’automobile. Le Liernusien le sait: il participe à des rallyes dans son humble Citroën Dyane.
L’univers des tractoristes baigne, lui, dans la simplicité: on s’installe au volant de sa mécanique herculéenne en sarrau bleu. "Nous sommes des gens habités par la passion de la mécanique, complète Marc Deladrière, admirateur du génie humain dépassant sans cesse les limites: "Toutes les pièces qui tournent participent à un ensemble harmonieux. On croit que cela va de soi. Or, un cerveau humain a pensé à tout et l’a mis au point pour que ça fonctionne". Et cela, ça l’émerveille.
À Aische-en-Refail dans le cadre de la kermesse ce lundi 29 mai à 10 et 14 h.