Assises de Namur : 12 ans de prison requis à l’encontre de Mathieu Wattier

L’avocat général estime que Wattier ne se remet pas en question, mais demande aux jurés de lui concéder des circonstances atténuantes.

JVE
General lawyer Virginie Kerkhofs is pictured during the jury composition of the assizes trial of Laurent Badot, before the Assize Court of the Namur province in Namur, Wednesday 19 October 2022. Badot is accused of the murder of his mother in Andenne in June 2020. BELGA PHOTO JOHN THYS
General lawyer Virginie Kerkhofs is pictured during the jury composition of the assizes trial of Laurent Badot, before the Assize Court of the Namur province in Namur, Wednesday 19 October 2022. Badot is accused of the murder of his mother in Andenne in June 2020. BELGA PHOTO JOHN THYS

L’avocat général Kerkhofs a requis vendredi 12 années de prison à l’encontre de Mathieu Wattier, reconnu coupable plus tôt dans la journée de tentative de meurtre et de meurtre sur son grand-père, Mathieu Deneyer.

L’accusé est gravement malade mais a commis des faits très graves dans un contexte particulier”, précisait d’emblée l’avocat général. “Mon opinion au sujet de cette affaire a évolué de jour en jour depuis le début du procès. Je ne veux pas absolument la tête de Mathieu Wattier. Je ne réclamerai pas la perpétuité. Il a le droit de bénéficier de circonstances atténuantes.

Et de poursuivre : “Je ne pense pas qu’il ait pris conscience de la gravité de son acte : il réclamait hier son acquittement sur base de la contrainte irrésistible, il estimait donc que les faits n’étaient pas de sa faute. Ce n’est pas l’attitude de quelqu’un qui veut assumer ce qu’il a fait. Je suis convaincue qu’il pense avoir eu raison de tuer son grand-père, que c‘était justifié. Il n’y a pas de remise en question. Il n’a pas exprimé de regrets lorsqu’il a eu la parole en dernier. Il considérait à tort son grand-père comme le responsable de tous ses problèmes.

L’avocat général concède le fait que la mucoviscidose a considérablement assombri la vie de l’accusé. “Mathieu Deneyer, la victime, n’était pas un papy-gateau, soyons clairs, il était autoritaire et jouait le rôle de patriarche. Mais il n’était pas un tyran, un monstre qui prenait plaisir à nuire à son petit-fils et à sa fille. Après que son petit-fils a essayé de le tuer, il ne l’a pas pour autant mis à la porte. Il l’aimait, à sa façon. L’assistante sociale qui s’est penchée sur la famille ne l’a pas reconnu sénile ou dangereux pour son entourage.

L’avocat général n’est par ailleurs pas convaincu que Mathieu Wattier ne représente plus aucun danger pour la société. “Il n’a pas de remise en question, de prise de conscience de la gravité de ses actes. Il est en colère contre le monde en général, précisaient les psychologues. Il pourrait projeter un jour sa haine sur quelqu’un d’autre.

Virgine Kerkhofs va plus loin et l’accusé, se met à pleurer : “Sa maladie est incurable, ce problème demeurera. Les problèmes financiers que lui et sa mère rencontrent sont toujours présents. Pourquoi ne recommencerait-il pas à reporter sa haine sur autrui ? Il se maintient dans le duo mortifère qu’il forme avec sa maman, qui n’a jamais su lui donner un cadre, gérer sa violence. Ils forment une bulle toxique.

L’avocat général demande aux jurés d’admettre les circonstances atténuantes suivantes : sa grave maladie, “qui a joué dans la construction de sa personnalité et dans son rapport au monde”. Mais aussi “le fait de s’être retrouvé dans le cocon toxique formé avec sa maman. Il faut qu’il apprenne à construire sa personnalité en dehors de sa mère. Il faut l’y contraindre.

La cour d’assises de Namur avait entamé lundi le procès de Mathieu Wattier, 22 ans, accusé de tentative de meurtre et du meurtre de son grand-père, Mathieu Deneyer, âgé de 78 ans au moment des faits. Le meurtre a eu lieu à Brûly-de-Pesche, dans la maison où l’accusé vivait avec sa mère et la victime, le 9 mai 2020.

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