Les commissaires de surveillance, ces anges gardiens qui veillent aux droits des détenus
Hommes et femmes de l’ombre, les commissaires de surveillance agissent pour le "bien-être" des détenus. Il en manque au sein des prisons. Témoignage de l’un d’eux, bénévole à celle d’Andenne depuis trois ans.
Publié le 22-05-2023 à 20h09 - Mis à jour le 22-05-2023 à 20h47
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"Depuis trois ans, les commissions de surveillance se sont élargies (nouvelles missions et public plus étendu). Il y a eu un appel à ce moment-là auquel j’ai postulé", explique Claude Allard, retraité de 77 ans.
Les missions de ces commissaires consistent entre autres à écouter les doléances des détenus, résoudre un problème et/ou intervenir auprès de la hiérarchie de la prison afin d’améliorer leur sort.
"On les aide surtout dans leur quotidien. Ils nous parlent de leurs conditions de détention, la nourriture qu’ils reçoivent, leurs relations avec les codétenus… On les aide par exemple à faire certaines démarches lorsqu’ils se sentent démunis ou ont un niveau d’éducation trop faible pour savoir ce qu’ils doivent faire par exemple, indique Claude Allard. À Andenne, il y a des personnes condamnées à de très lourdes peines. Nous sommes donc souvent confrontés à des problèmes psychologiques dus au fait qu’ils n’ont pas ou peu de perspectives d’avenir. Ils nous font part aussi de soucis de santé ou de violence. Nous sommes tenus au secret professionnel !" Une telle commission, c’est un œil attentif au traitement réservé aux détenus. Elle exerce ce contrôle de façon indépendante.
Appel aux candidats
Ce sont les détenus qui sollicitent une entrevue avec les commissaires de surveillance. "Dans certaines prisons, un local est prévu pour ça, mais elle peut aussi se dérouler ailleurs. Personnellement, je les rencontre dans leur cellule", poursuit-il. C’est d’ailleurs ce qui peut effrayer certains candidats à la fonction. "Il y a bien sûr des règles de sécurité à respecter, rassure Claude Allard. Le fait que c’est du volontariat rebute aussi pas mal de monde et puis, le milieu carcéral est inconnu du grand public."
C’est pourtant ce qui lui a plu: découvrir un monde qu’il ne connaissait pas, délaissé. "Il faut le reconnaître, les problèmes des prisons belges sont nombreux (surpopulation, soucis de sécurité, d’alimentation, etc). Mais même si on a des moyens limités, je me sens utile. Quand je vois à quel point on manque de commissaires, je me dis que j’ai pris la bonne décision."
Le nombre de commissaires de surveillance dépend de la taille de la prison. "À Andenne par exemple (près de 400 détenus) , on devrait être 18 mais nous sommes 9 . C’est accessible à un très large public. Il n’y a pas de critères spécifiques pour le devenir, relève-t-il. La candidature est soumise au Conseil central de surveillance pénitentiaire. À ce jour, je ne connais aucun candidat ayant essuyé un refus."
Avoir plus de bénévoles permettrait notamment une meilleure rotation au sein des équipes. "Outre les visites en prison, on a une réunion mensuelle avec l’ensemble des commissaires de la prison. On essaie de se répartir le travail du mieux qu’on peut, ajoute Claude Allard. Quand on est désigné commissaire du mois, on effectue environ quatre visites par mois. En voyant un détenu une seule fois, on n’a pas forcément une réponse dans l’immédiat. Il est donc nécessaire de retourner le voir. Ainsi, une certaine continuité s’opère."
Claude Allard s’épanouit dans ce bénévolat. "Ça m’a appris que derrière une personne condamnée, parfois lourdement, il y a un être humain. On se demande comment, à un moment de leur vie, il s’est passé telle ou telle chose. Les détenus eux-mêmes ne le savent pas toujours, observe-t-il. Mais ce sont des individus dotés de sentiments, qui aiment leurs parents, leurs enfants… Il faut en tenir compte."
Infos: ccsp.belgium.be.