Namur en mai: les échasseurs togolais sont les plus perchés (vidéo)
La 26e édition du festival des arts forains s’est ouverte ce jeudi… Perché sur ses échasses, le trio de la compagnie Afuma a mis la barre très haut.
Publié le 18-05-2023 à 21h30 - Mis à jour le 18-05-2023 à 22h48
À Namur, lorsque l’on sort deux bokèts de bwès, les exigences sont hautes. Les échasseurs togolais de la compagnie Afuma, ou échassiers comme on dit au-delà de la Méditerranée, étaient donc attendus au tournant à Namur en mai, dans la capitale mondiale de la discipline. Et ils ont ravi le public, nombreux, en cette journée d’ouverture du festival des arts forains. Une prestation bluffante qui comporte des similitudes, forcément, avec les joutes namuroises reconnues patrimoine immatériel de l’Unesco. En costume jaune et noir saillant, les jeunes perchés africains auraient-ils le cœur qui chavire pour les Mélans ? Malheureusement pour ces derniers, la tenue n’est en rien liée au folklore namurois que les jeunes gens ne connaissent pas… ou depuis peu. "On nous en a beaucoup parlé depuis notre arrivée mais on n’était pas au courant", explique Kass, 25 ans, doyen du trio. Dommage pour les échasseurs jaune et noir qui auraient certainement apprécié compter sur de tels renforts dans leur équipe, vu les déceptions rencontrées lors des plus récentes joutes des Fêtes de Wallonie. D’autant que la compagnie Afuma n’est pas là pour se battre. "Chez nous, les échasses font partie de la tradition. Et c’est un grand plaisir pour nous de faire voyager ça", raconte Makinzi, 20 ans. Avec ses acolytes, il a déjà visité la Pologne, l’Italie, la Suisse, le Brésil… et désormais Namur, pour la première fois.
Pas de danse endiablés, figures acrobatiques et un sourire qui réchauffe, les échassiers ont fait forte impression auprès d’un public pourtant habitué à regarder vers le ciel. C’est que la discipline s’apprend dès le plus jeune âge au Togo. "C’est un héritage de nos aïeux. Cela existe depuis des siècles", dit Kass. Et Makinzi de renchérir: "On commence vers 9 ans et puis on s’entraîne tous les jours." Afuma est en fait une école de cirque à la formation exigeante qui propose notamment un entraînement quotidien alternant pratique de l’échasse et séances de musculation. Pour un résultat effectué avec une apparente facilité… presque à la portée de tous. Trompeur.
Outre leurs capacités physiques hors normes, les trois lascars se distinguent également par leur attachement à leur culture. Les échasses au Togo ne sont pas que du folklore. "C’est notre métier", précise Honokssi, 23 ans.
Là-bas, on monte sur les bois à l’occasion de célébrations marquantes comme l’Odon-tsu (la fête de l’igname, une racine à la base de nombreux mets en Afrique et en Asie), le décès d’une personne âgée ou l’intronisation d’un nouveau chef.

Jusqu’à cinq mètres
Si la triplette revendique pleinement ses racines, elle s’en démarque aussi, à sa manière, pour assurer le show. "Normalement, on doit porter des masques. Ici, on les remplace par du maquillage. Cela nous permet de mieux voir et d’être plus en contact avec le public", précisent les athlètes. Ceux-ci ont également l’obligation de porter un casque ainsi que des protections aux genoux et aux coudes. Les pieds liés et sans jamais s’aider des mains, le trio tutoie les nuages. Alors que la hauteur des échasses namuroises avoisine le double mètre (avec un pose-pieds situé à 80 cm du sol), le matériel des artistes togolais culmine quant à lui à 3,22 m. "On peut même aller jusqu’à 5 m", situe le cadet de la troupe.
La compagnie Afuma voit donc Namur de haut en ce week-end festif de l’ascension… qui n’a jamais aussi bien porté son nom.
À voir ces vendredi (12 h 15 et 17 h 30) et samedi (11 h 45 et 18 h 15) sur la place d’Armes. Gratuit.



