Namur en mai : un safari urbain au cœur de nos paradoxes
Namur en mai, le festival des arts forains, c'est du 18 au 20 mais dans les rues du centre-ville. Deux spécialistes de l’anthropocène convient à partir sur les traces des "naturels" et de leur mode de vie en 2023. La jungle.
Publié le 15-05-2023 à 11h37 - Mis à jour le 17-05-2023 à 10h53
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La terre n’en est pas un bouleversement près. Personne ne s’étonnera donc d’apprendre que sa destinée a connu quelques contrariétés. Néanmoins, grâce à "L’Institute of Applied Anthropology" et à ses deux éminentes spécialistes Martha Singer Delamotte et Betty Von G., nous sommes désormais à même de mieux comprendre ce qu’était la vie au XXIe siècle. Elles convient, en toute discrétion, sur le terrain, à la découverte de ces "naturels" dont le mode de vie ne manque pas de paradoxes...
Pour participer à The Visit, expérience immersive, pas de casque colonial mais plutôt un casque audio qui permet notamment de profiter des précieuses explications des guides. Ces deux sommités, membres de la Compagnie la Pigeonnière, sont d’ailleurs particulièrement bien documentées sur cette période de l’humanité, marquée par une grande spiritualité.
C’est ainsi qu’au fil de la visite, la cinquantaine de personnes conviées à ce safari urbain peuvent constater de visu des objets en aluminium ou en plastique, offerts à la nature en guise d’offrande, ou des lieux sacrés souvent dissimulés dans des souterrains. Sans oublier ce culte porté à "le chien", relié au "naturel" par une sorte de cordon ombilical.
Perpétuelle adaptation
Inutile de préciser que tant Martha que Betty sont bien souvent "à côté de la plaque" lorsqu’il s’agit de fournir une explication rationnelle sur tel ou tel comportement. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de les suivre avec bonheur, dans cette joyeuse expédition, grâce au "matériel de chronoportation sécurisé et contact permanent" et à ce duo qui ne manque pas d’audace. Une prouesse sonore que l’on doit à Edith Herregods.
C’est drôle, impertinent, léger et terriblement incisif. Le scénario se veut aussi précis qu’une encyclopédie d’anthropologie. À chaque visite, sa dramaturgie adaptée aux lieux. "C’est comme une armoire remplie de scénarios, commente Blanche (Betty) Tirtiaux. Nous ne suivons pas pour autant notre ordre préféré. Tout cela dépend de l’environnement auquel nous nous adaptons."
Deux jours de repérage sont donc nécessaires pour permettre à ce duo de spécialistes de l’anthropocène (Blanche Tirtiaux et Mbalou Arnould) de peaufiner une immersion en adéquation avec Namur dont le cœur a su se préserver.
Ajoutez à cela le déroulement d’un festival des arts forains aux quatre coins de la ville. Autant d’éléments que La Pigeonnière doit prendre en compte pour ne pas trop parasiter cette rencontre avec ces êtres d’une autre époque qu’on nomme donc les "naturels".
À ce stade, The Visit a déjà connu une cinquantaine de représentations en "conglomération urbaine. À Namur, on se réjouit d’ores et déjà de ce safari dont la ville sera le terrain de jeux.
Pour des spectacles et des spectateurs hors les murs
L’histoire de La Pigeonnière, c’est la rencontre entre la Belge Blanche Tirtiaux et la Française Mbalou Arnould. C’était il y a six ans. Une volonté les unit: "Un théâtre affranchi des salles, des spectateurs en mouvement, des narrations qui ne soient pas (que) du texte." Elles sont aussi demanderesses de projets qui leur permettent de concrétiser des rencontres.
À deux ou accompagnées, elles font appel, quelle que soit la forme que revêt le spectacle, "à la force poétique et narrative des espaces, afin d’en faire profiter le spectateur au travers de dispositifs immersifs." Pour The Visit, les commentaires des deux anthropologues, devenues confidentes, mêlés aux sons de la ville, offrent une réalité altérée de cette exploration urbaine.
Toutes deux metteuses en scène, comédiennes et musiciennes, Mbalou Arnould et Blanche Tirtiaux font de La Pigeonnière un merveilleux laboratoire où le théâtre hors les murs s’ouvrent à une variété d’expériences. Outre les spectacles en duo, elles sont aussi à la base de Pigeons Project, théâtre participatif "qui vise la rencontre de différents publics par le spectacle vivant". Chaque année, des artistes professionnels et des amateurs travaillent ensemble afin de présenter, au final, une performance commune par le biais des différents outils liés à la création scénique.
Pour ce qui est de The Visit, le rendez-vous proposé par la compagnie à Namur en Mai, est une de ces pépites qui contribue à la particularité du rendez-vous namurois.
Samedi (16h et 18h30). Départ au jardin du Musée des Arts Anciens du Namurois. Prix: 4 NEM (adulte) et 2 NEM (enfant à partir de 10 ans).