Namur en mai : père et fils sur scène pour un spectacle sur le monde d'après
Namur en mai, le festival des arts forains, c'est du 18 au 20 mais dans les rues du centre-ville. "Métaphore clownesque d’un futur probable", le spectacle "Et après ?" nourrit la réflexion d’une part de réalité qui est la nôtre.
Publié le 15-05-2023 à 11h57 - Mis à jour le 17-05-2023 à 10h51
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Planté pendant un mois au Centre culturel de Namur, le "chapiDôme" de CirK’idylliQue réserve ses gradins à Namur en Mai avec son spectacle Et après ?. Une décentralisation du Festival des arts forains au cœur de Bomel. L’occasion aussi de lever le rideau sur une compagnie familiale implantée à Ohey, en phase avec l’environnement et l’humain. Un univers sans fatalisme où la poésie n’est jamais loin.
Dans Et après ?, on retrouve Kévin Troussart, artiste circassien, dans la peau d’un clown perdu dans un monde post-apocalyptique. "S’en suit une série d’utilisations scénographiques de la manipulation d’objets. Il chique un pneu, filtre son urine pour fabriquer son eau. Pour en arriver la question: devrons-nous un jour en arriver là ?", confie Kévin.
En famille
La suite ? Un enfant (interprété par Charlie, le fils de Kévin) arrive avec une plante et bouscule la routine de cet homme devenu solitaire. Au premier abord, l’enfant lui fait peur. "Mais, peu à peu l’homme s’ouvre à lui et se réhumanise."
Cette rencontre sera aussi l’occasion pour le duo de se retrouver autour de cette plante, et de l’exposer à un soleil qui avait disparu. "Mais on ne voulait pas terminer par un happy end, commente l’artiste. On se retrouve avec cette question: Et après ? Qu’est-ce que le personnage central va faire ? On ne donne pas de réponse."
C’est Charlie lui-même qui a voulu intégrer le spectacle. Une envie inspirée par les multiples installations créées pour le décor. "Il me voyait tester des choses, commente le papa. Je parlais d’arbres, de créer des équilibres entre les branches, de jouer avec des gouttes dans les conserves. Et cela lui parlait. On en a discuté pendant deux, trois mois."
La démarche se voulait réfléchie. "Quand l’idée a démarré, il avait un peu plus de 7 ans. Sa participation induisait que lorsqu’on s’engageait à jouer, on jouait. C’est un spectacle professionnel pour lequel on était engagés. En matinée ou le soir, fatigué ou pas, on y va." Des notions importantes à intégrer qui n’ont pas altéré la motivation de Charlie.
Et puis, le spectacle est payant mais "en liberté et conscience". Avec toujours cette possibilité pour une personne n’ayant pas les moyens de s’offrir une place de participer grâce à cette solidarité d’accès à la culture pour tous. Le spectacle se jouera donc à la recette, durant trois matinées.
Cela aussi peut faire partie du monde d’après. Pas tout rose mais simplement humain.
CirK’idylliQue: du spectacle en circuit court et en autonomie
Dans la démarche de la CirK’idylliQue family, rien n’est le fruit du hasard. Sa tournée Elément-terre, qui entame sa deuxième saison, est organisée dans l’esprit du circuit court. La tournée est partie de Cerfontaine. Elle s’est ensuite installée dans une ferme à Surice. Et si le spectacle est susceptible d’aller à Liège, la famille songe d’abord à créer un maillage. Histoire de rester dans la ligne d’une empreinte carbone raisonnée.
Le camion est loué. Il ne part d’ailleurs jamais pour une seule date. Le "chapiDôme" a été acheté d’occasion. Quant au décor, il est entièrement constitué d’éléments réutilisés, "à part les vis pour fixer les choses, tout est de la récup’", indique Kevin Troussart. Les nombreuses boîtes de conserve ont été trouvées chez un pizzaïolo. Quant aux gradins, ils font l’objet d’un prêt à long terme.
Depuis deux saisons maintenant, toute la petite famille participe au projet, y compris le chien qui trouve un peu moins ses marques en ville qu’à la campagne. Charlie et Léanne, les enfants, viennent aux stages qui grandissent avec eux. "Ils sont visiblement sociables puisqu’ils se font toujours les meilleurs potes du monde", souligne Marine, la maman, par ailleurs animatrice d’un atelier autour de la thématique de l’eau. "Le spectacle, quant à lui, a été pensé pour être léger, électriquement parlant, précise Kévin. Au final, notre volonté est d’être autonome. On n’a pas encore un panneau solaire sur la caravane, on n’a pas de petite éolienne, mais on y réfléchit". À Bomel comme ailleurs, le spectacle est sans système son et les lumières se résument à six ampoules et un projecteur led. Logique.
Spectacle avec parents, à partir de 6 ans, sous chapiDôme au Centre culturel de Namur. Jeudi et samedi 11 h, vendredi 13 h.