Haute-Meuse: projet éolien dans un contexte paysager "sensible"
L’enquête publique sur un projet d’implantation de trois éoliennes est terminée. Le contexte paysager est si sensible qu’elle a été organisée dans 5 communes.
Publié le 13-05-2023 à 06h00
:focal(545x314.5:555x304.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TPJWJA5LDNC37OHI6P65R6H6BM.jpg)
Initialement, la société Aspiravi projetait d’installer 5 éoliennes sur le plateau de Sommière. On est certes sur le territoire d’Onhaye, mais non loin des crêtes de Meuse. Dans la zone agricole située à l’arrière des ruines du château médiéval de Crèvecœur (Bouvignes-Dinant), en s’avançant dans les campagnes en direction de Grange (Anhée). C’est ce projet initial qui a été présenté à la population, lors d’une réunion d’information. C’était en 2020. Mais ensuite, une étude de pré-implantation a poussé le promoteur à revoir ses ambitions à la baisse, vu les "sensibilités paysagères associées à la vallée de la Meuse".
L’enquête publique qui vient de se terminer portait donc sur trois engins de 150 mètres de hauteur. Elle a été menée non seulement à Onhaye, mais aussi dans les autres communes de la Haute-Meuse: Anhée, Dinant, Yvoir et même la plus lointaine Hastière. Car les éoliennes en question, finalement, c’est à Onhaye qu’elles auront le moins d’impact visuel. Christophe Bastin (Les Engagés), le bourgmestre walhérois, le confirme sans détour: "C’est par exemple depuis la citadelle de Dinant qu’on prendra tout dans les yeux". Le collège communal d’Onhaye se penchera sur le dossier d’ici quelques jours. Sachant qu’en plus d’être mayeur, Christophe Bastin est aussi député wallon, et que tout une sous-région est concernée.
Ce projet, même revu à la baisse, est délicat, du point de vue paysager. Cela ne concerne pas uniquement Dinant. On verra par exemple les pâles depuis le château de Poilvache (Yvoir), autre patrimoine majeur de la vallée.
Défenseurs des sites et vallées mobilisés
Parmi les réactions négatives compilées lors de l’enquête publique, celle de l’ Association pour la défense des sites et vallées du Namurois. Une ASBL qui regrette, globalement et en dehors de ce projet, "qu’une cartographie positive n’ait pas été élaborée par le SPW en vue d’exclure définitivement le développement de parcs éoliens sur des territoires présentant un haut degré de sensibilité paysagère tel qu’on les rencontre en Haute-Meuse namuroise". L’Anhétois Juan de Hemptinne, son président, signale qu’aucun projet d’éoliennes ne s’est jamais autant rapproché des crêtes de la Meuse. Extrait de son courrier aux autorités communales, au nom de l’association: "Ce projet se développerait très près de la ligne des crêtes de la vallée (250 m). Voir en comparaison le parc Mesnil Saint-Blaise où l’éolienne N°7 la plus proche est située à 1 400 mètres". Un peu plus près, et cela aurait très problématique: à vol d’oiseau, on est tout près du château de Freyr.
Patrimoine exceptionnel de Wallonie
Au sein de l’association de défense des paysages mosans, on souligne que le promoteur lui-même s’est rendu compte du caractère "sensible" de sa demande, en revoyant son projet à la baisse. Juan de Hemptinne cite un passage de l’étude d’incidences qui cadre bien la problématique: "Au niveau patrimonial, les incidences paysagères du projet sont jugées importantes sur la vallée de la Meuse entre Bouvignes et Houx, reprise au patrimoine exceptionnel de Wallonie principalement en raison des situations de concurrence visuelle entre les éoliennes et les éléments patrimoniaux de la vallée (ruines du château de Crèvecœur, Poilvache, Dinant)". L’association pour la défense des sites et vallées du Namurois ne plaide rien d’autre.