Namur : un dépôt flambant neuf à 2 millions pour la banque alimentaire Namur-Luxembourg (vidéo)
La banque alimentaire de Namur-Luxembourg a inauguré, ce vendredi après-midi, son nouveau dépôt, dans le Parc ÉcoLys. En invité surprise, au milieu d’une foule d’acteurs de terrain en pointe contre la pauvreté, le prince Laurent.
Publié le 12-05-2023 à 18h58 - Mis à jour le 12-05-2023 à 22h58
Pour elle et lui qui ont faim. Qui doivent tendre la main et, à défaut, par pudeur, drastiquement compter pour s’offrir le minimum vital. Ce vendredi, ces gens-là, ces humbles qui vivent parfois en dessous des radars sociaux, car ils ont honte, occupent tous les esprits des invités à l’inauguration du nouveau dépôt de la Banque alimentaire Namur-Luxembourg.
Le bâtiment se dresse dans la partie du parc économique ÉcoLys étendue vers Rhisnes, au numéro 9 de la rue des Entrepreneurs.
Ils sont plus d’une centaine d’acteurs engagés dans la lutte contre la pauvreté, disséminés au milieu d’une palanquée d’élus, de présidents de ci et de là, et de directeurs, à se presser entre ces murs industriels du dernier cri. Pour les 45 bénévoles de cette Banque de la solidarité alimentaire, et leur président Alain Bulon, investir cette construction à deux millions d’euros tient de l’événement. D’ailleurs, même le JT de la RTBF y a décroché un direct pour ouvrir son "13 h".
Jusque-là, la Banque alimentaire occupait des locaux à Meux, depuis longtemps fâché avec les normes, et fondamentalement trop petit. Le personnel en était réduit à déplacer ses réunions de travail au Foyer Notre Dame, toujours à Meux.
Parmi les invités assis au premier rang, le prince Laurent a créé la surprise. Mais consigne avait été donnée par le palais de pas ébruiter la venue à Suarlée du frère du Roi.





5 % de pauvres
L’estrade réservée aux prises de parole est placée dans le décor brut de la grande salle de stockage, où sont empilées à hauteur de maison des tonnes de produits secs et en boîte.
Dans son allocution, le président Alain Bulon évoque elle et lui, ces démunis et accidentés de la vie, souvent pointés du doigt, jamais invités nulle part, et qui galèrent pour manger. La précarité alimentaire toucherait 5 % de la population belge. Un chiffre a priori fou, aux antipodes d’une société de consommation étincelante, exubérante et gaspilleuse, et d’un univers capitaliste générant de super – profits indécents mais ne les réservant qu’à un cercle d’initiés et de privilégiés.
"Pour soulager les besoins exprimés, ajoute le président, il faut d’abord les comprendre, et ce n’est pas facile".
Seconde intervenante, Karine Lalieux, la ministre fédérale en charge de la lutte contre la pauvreté. Qui applaudit les bénévoles et tous les acteurs de terrain dévoués, ces sentinelles vigilantes qui montent la garde et redistribuent les dons que la richissime industrie agroalimentaire veut bien leur donner. Le gouvernement fédéral n’est pas en reste. Les chocs successifs qui ont fait exploser les coûts de la vie l’ont amené à doubler le montant de l’aide accordée aux banques alimentaires: soit 25 millions. "Ça veut dire aussi que les besoins ont doublé, et que nous avons un problème. C’est une responsabilité que nous avons", conscientise la ministre. Mais, pour vivre dignement, avoir le ventre rempli ne suffit pas. Il faut aussi prendre soin de son corps, ce qui oblige à recourir aux produits d’hygiène, souvent bien trop chers eux aussi.
La ministre engage les bénévoles à envoyer des mails aux ministres, notamment à Vincent Van Peteghem, ministre des Finances, pour qu’il intervienne afin d’inciter l’industrie agroalimentaire à augmenter les dons, actuellement en baisse.
Enfin, on croit déceler dans les propos que la ministre doit se battre au sein de la Vivaldi pour faire entendre son oraison en faveur des plus mal lotis et ralentir le bulldozer libéral.
Le gouverneur de la Province, Denis Mathen, à propos du parc ÉcoLys, cette pépinière d’entreprises en extension où la Banque alimentaire a choisi de s’enraciner. Une très bonne idée car ce parc économique dit-il. c’est 91 entreprises réparties sur 129 ha, et 2300 emplois. "Avec l’arrivée de la banque alimentaire, s’ajoute une dimension citoyenne à un parc économique déjà dédicacé au développement durable et circuits courts."
