Starmania arrive à Forest National : Ziggy, il s’appelle… Nicolas Dorian et il est Belge (vidéo)
Après des années de bons et loyaux services à l’IMEP, Nicolas Dorian a rejoint le casting de la nouvelle version de Starmania. Il sera sur la scène de Forest National, vendredi et samedi.
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Publié le 11-05-2023 à 17h00 - Mis à jour le 11-05-2023 à 20h14
Né à Uccle, aujourd’hui installé à Paris pour les besoins de son aventure inattendue – "u n beau cadeau de la vie" –, Nicolas Dorian a passé quelques belles années de sa vie à Namur, comme étudiant en chant classique à l’IMEP puis comme professeur, à la tête de la première section wallonne consacrée au chant pop, véritable pépinière de talents notamment vus à The Voice Belgique (émission dans laquelle Nicolas fut aussi coach vocal).
Cette carrière pédagogique, le trentenaire l’a mise entre parenthèses quand Starmania a frappé à sa porte.
Bonjour Nicolas, Starmania est un opéra rock qui a marqué plusieurs générations. Vous en faisiez partie ?
J’ai eu une superbe histoire d’amour avec Starmania. J’ai beaucoup entendu ces chansons à la maison, avec mes parents. Je me souviens du visage de Fabienne Thibeault sur la pochette du vinyle de ma grand-mère. Puis, adolescent, j’ai vu la captation vidéo de 1989, une version assez sombre que j’ai écoutée des années avant de délaisser cet univers pour m’orienter vers les comédies musicales à l’anglo-saxonne et le groupe a cappella Witloof Bay (qui a représenté la Belgique à l’Eurovision en 2011). Alors, quand le téléphone sonne, que c’est Starmania, c’est assez particulier. Une jolie surprise.
Comment êtes-vous arrivé dans cette superproduction ?
Le casting de cette nouvelle version s’est déroulé sur plusieurs années, au fil des remaniements et du Covid. Moi, j’ai embarqué très tard. On m’a contacté, en avril de l’année passée, pour être l’un des deux choristes. Ce fut mon point d’entrée. Mais il manquait la doublure de certains rôles. Dont Ziggy. J’étais au bon endroit au bon moment.
Ziggy, c’était un personnage que vous aviez dans vos cordes ?
Je ne m’y identifiais pas du tout. Avec ma sensibilité, je serais allé plus spontanément vers un Johnny Rockfort ( Quand on arrive en ville) ou le businessman Zéro Janvier. Ziggy, c’est un personnage très ambitieux, actuel, qui me fait penser à ces Instagrammeurs poursuivant des rêves de gloire.

Comment entrer dans sa peau ?
Il y a plein de manières et d’options, prises par les créatifs derrière le spectacle, pour incarner un même personnage. Quand on est interprète, soit on a déjà la personnalité vocale et physique convenant à un des héros, soit il faut une transformation. Ce fut mon cas: physiquement, je ne ressemblais pas du tout à Ziggy. Il y a eu tout un travail de coiffure, de maquillage. Puis, il fallait que je sois raccord avec le collègue, Adrien Fruit, dont j’assure la doublure. En fait, j’ai dû faire confiance à ma voix, pour travailler le côté très physique de ce rôle.
Et le soir de la première ?
On n’est pas dans le lâcher-prise total, le confort et l’aisance viennent petit à petit. Puis, avec le cast, c’est un workshop constant, on se nourrit les uns des autres pour continuer de faire grandir les personnages, leur donner maturité et profondeur.
Ziggy n’apparaît pas durant tout le spectacle.
Non, il a son marathon ! Après une mini-intervention pendant Monopolis, où tout le monde est présenté, j’arrive vraiment avec la chanson Un garçon pas comme les autres. À ce moment, je dévale “le grand escalier”, cette petite cabine toute noire dans laquelle on attend avant d’entrer en scène. Alors, je suis galvanisé de l’énergie de l’interprète de Zéro Janvier dans Le blues du Businessman, juste avant, et j’écoute Marie-Jeanne chanter Ziggy, il s’appelle Ziggy, tellement beau, dépouillé, qui raconte qui je suis.

Et là j’enchaîne La chanson de Ziggy, où il explique qui il est et d’où il vient, et Un enfant de la pollution, relative à ses rêves. Quinze minutes pour moi puis je redisparais. Je reviens dans le deuxième acte comme commentateur/observateur de l’actualité, faisant le lien avec le public.
Puis, Ziggy revient pour son ascension comme disc jockey dans sa tour dorée du Naziland.
Vous êtes doublure, mais avez déjà pu arpenter la scène quelques dizaines de fois.
En fait, nous jouons tous les jours. Chacun joue son rôle au moins une fois par semaine, pour le garder frais et à niveau. Mais le reste du temps, je suis dans l’ensemble, qui fait le chœur pour le reste de la troupe, ou je voyage entre les seconds rôles, étoile noire armée jusqu’aux dents, assistant du styliste, etc. À toute vitesse. En fait, je crois que c’est plus reposant d’être dans le rôle que dans l’ensemble (rire). Puis, il y a les remplacements pour quelques jours ou plusieurs semaines. Et ça arrive à tout le monde, nous traversons tous l’hiver, les allergies, les bobos. Sur presque 200 dates, j’ai dû interpréter Ziggy une quarantaine de fois.
Et Forest National ?
Je suis très fier de pouvoir jouer dans ma ville. C’est une chouette manière de quasiment clôturer cette première tournée. Après un retour à Paris, une deuxième sera lancée jusqu’en 2024.
Couronnée par deux Molières (Spectacle musical et Création visuelle et sonore), cette nouvelle mouture a trouvé son public ?
Il l’a même retrouvé et redécouvert. Les salles sont combles et, dedans, un nouveau public aussi. Il y a une multitude de profils, des plus âgés qui avaient vu l’œuvre originale aux plus jeunes qui s’approprient les chansons dans des petites vidéos. C’est assez chouette. La version du metteur en scène Thomas Jolly est une relecture la plus claire possible et honore les racines de l’œuvre de Michel Berger, visionnaire et prophétique. 40 ans plus tard, elle s’est avérée exacte. Cela fait écho à plein d’événements actuels.
Vous êtes le seul Belge de l’aventure ?
C’était vrai jusqu’il y a peu. Un nouveau danseur nous a rejoints, il est liégeois. Pour le reste, nous venons tous d’un peu partout en francophonie: Québec, France, Belgique, Maroc.
Starmania vous laisse peu de temps pour autre chose ?
C’est vrai que c’est très prenant. Je continue de faire un peu de coaching privé, pour rendre service à des amis. Et je continue à me former dans le doublage. Après avoir doublé pas mal d’animées (comme Ultimate Spiderman, Princesse Sofia, My Little Pony le film, Pokemon Go), notamment pour les chansons, je continue de me former en doublage parlé (il a participé à la série Netflix Lidia fait sa loi). Je garde le cœur et les oreilles ouverts pour la suite.