Namur: une marche contre le fascisme
Pour les 78 ans de la Libération, le collectif Coalition 8 mai s’est souvenu de ces citoyens qui ont payé le prix fort pour la liberté. La Coalition 8 mai a été fondée l’an dernier. Elle réunit des militants flamands et francophones.
Publié le 08-05-2023 à 21h40 - Mis à jour le 08-05-2023 à 22h14
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QPYUQF7325FJFCR5WQPIDEI7X4.jpg)
C’est ce 8 mai, date de la signature par l’Allemagne nazie de l’acte de capitulation mettant fin à la Deuxième guerre mondiale, que le Centre d’action laïque (CAL) de la province de Namur et ses partenaires du collectif Coalition 8 mai ont décidé de marcher sur les traces de quelques résistant·e·s. Ces figures ont marqué l’histoire par leur engagement contre le fascisme. Louise Marie d’Enhaive, le gouverneur Bovesse ou encore Léopold de Hulster: la marche a permis d’entendre, à nouveau, leur voix.
À l’occasion du 78e anniversaire de la Libération, les partenaires ont tenu à se mobiliser pour que cette date récupère le statut de jour férié qu’elle a perdu dans le courant des années 70. Comme l’estime le CAL, "la mémoire associée à ce jour important dans l’histoire de l’humanité s’est estompée".
Afin de rendre hommage aux femmes et aux hommes qui se sont engagés en résistance, il a donc été décidé d’organiser une marche "pédagogique et engagée".
Parmi les partenaires du CAL présents, on note (entre autres) l’antenne namuroise du Front anti-fasciste, Afico (ASBL d’éducation permanente et d’insertion socioprofessionnelle)ou encore Excepté Jeunes.
Était aussi présent Alain de Hulster, dont le grand-père, impliqué dans les luttes pour la défense de la classe ouvrière et échevin de l’instruction publique, a fait l’objet d’un hommage au pied de l’ancien hôtel de ville de Saint-Servais.
L’athénée engagé
La mémoire de Joseph Calozet a quant à elle été évoquée à l’athénée par l’un membre de l’organisation Excepté Jeunes. Joseph Calozet qui, malgré son diplôme de philosophie classique, a d’abord fait sa carrière comme maître d’étude. Dès la première guerre, "il prête main-forte à ses collègues de travail et de résistance en traduisant des journaux hollandais et allemands. 72 000 feuilles sortiront de l’athénée." Lors de la 2e guerre, en tant que préfet, il ne soumet pas davantage à l’ennemi. "Il créera même une 7e année scientifique pour éviter à ses élèves le travail obligatoire en Allemagne."
Dans le cadre de son métier, il aura l’occasion de croiser un rhétoricien du nom de François Bovesse. Un autre grand nom de la Résistance qui perdra la vie sous les balles des rexistes, devant son domicile namurois. Un endroit où le collectif a tenu aussi à s’arrêter pour saluer l’engagement de l’ancien gouverneur et entonner le Chant des partisans, comme cela a d’ailleurs été le cas à chaque étape de mémoire.
"Attention, je sens qu'ils reviennent"
À l’origine de cette coalition qui est née voici un an: Ellen de Soete, enfant de la résistance dont la maman a été torturée. Lors d’une interview donnée à la VRT, cette dame a expliqué que sa maman, alors en soins palliatifs, lui a demandé d’être attentive à ce retour selon elle de bruits de bottes de plus en plus audibles. "On sent que cela revient," aurait-t-elle confié. C’est dans ce contexte que la Coalition 8 mai a vu le jour.
"Dans ce mouvement, On retrouve des syndicats mais aussi des personnalité de la société civile, du monde culturel et académique, précise Baudouin Ferrant, un des représentants du collectif à Namur. Ce que nous souhaitons, c’est refaire de ce 8 mai, un jour férié afin de commémorer les personnes entrées en résistance. Chez nous, ce sont quelque 150 000 personnes dont 45 000 ont été enfermées et 15 000 sont mortes."
C’est dans cette optique que la Coalition 8 mai se mobilise: pour ne pas oublier ce pourquoi des civils ont payé cher leur lutte contre le nazisme. L’idée est donc de faire du 8 mai "un rituel bien plus important et un moment collectif pour notre liberté," comme l’a souligné l’écrivain néerlandophone Tom Lanoye, lors de la création du collectif à Breendonk en 2022.
Cette année, ils étaient 1 500 au même endroit. Namur, pour sa part, a contribué à sa manière à renforcer les troupes anti-racistes et anti-fascistes en rassemblant une bonne cinquantaine de personnes dans des lieux porteurs d’engagement.